Dix ans après sa disparition, l'appel lancé par Samir Kassir pour une « Intifada dans l'intifada » – titre de l'article qu'il a publié le 1er avril 2005 – est plus que jamais d'actualité.
Cet homme qui avait été l'un des principaux initiateurs du « printemps de Beyrouth » a été parmi les premiers à pressentir le retour de ce « triste hiver de Beyrouth » dont parle son compagnon de route, l'écrivain Élias Khoury.
L'extraordinaire élan d'empathie qui avait conduit plus du tiers des Libanais à se rassembler place des Martyrs a été vidé de son contenu par des hommes et des partis qui n'ont saisi ni l'ampleur du mouvement ni sa radicalité et qui, après avoir tiré tout le profit politique de ce printemps, ont réintégré leurs ghettos communautaires, plus faciles à gérer que cette opinion publique qui a émergé avec le 14 mars 2005 et qui a tenté d'introduire une dimension nouvelle et moderne dans la vie politique jusque-là limitée au jeu des alliances, des rivalités et des conflits entre « chefs » communautaires et notables locaux.
Cette intifada dans l'intifada à laquelle avait appelé Samir Kassir est aujourd'hui plus que jamais nécessaire pour freiner cette nouvelle descente aux enfers qu'annonce le déchaînement de violence que connaît la région, car elle seule peut ouvrir la voie à une remobilisation de la société civile mise à l'écart après 2005 et à laquelle, depuis un long moment déjà, il n'est plus demandé que d'entériner des choix à la définition desquels elle n'est même pas autorisée à participer.
Cette intifada est également nécessaire pour permettre aux Libanais de participer à la bataille en cours pour un nouveau monde arabe démocratique et pluraliste, une bataille que Samir Kassir avait initiée en établissant, très tôt, un lien entre ceux qui en Syrie réclamaient la démocratie et ceux qui au Liban œuvraient pour l'indépendance.
10 ans après, Samir Kassir est plus que jamais présent parmi nous. Son sourire, sa modestie et son intelligence devraient nous aider à sortir de notre torpeur pour reprendre en main notre destin.
INTIFADA... DANS L'INTIFADA... BIEN SÛR ! OU : LA CATHARSIS TANT ATTENDUE !!!
11 h 28, le 02 juin 2015