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À La Une - diplomatie

Nucléaire iranien : Kerry et Zarif ont un mois pour sceller un accord historique

La question des inspections internationales des sites nucléaires iraniens est l'un des points les plus épineux.

Les chefs de la diplomatie américaine et iranienne, John Kerry et Mohammad Javad Zarif, qui pilotent les pourparlers depuis des mois, se sont retrouvés samedi dans un grand hôtel de Genève, dans une ambiance visiblement détendue, pour une journée de discussions. AFP PHOTO/POOL/SUSAN WALSH

Les chefs de la diplomatie américaine et iranienne sont engagés samedi à Genève dans d'"intenses" tractations en vue d'un un accord historique sur le programme nucléaire de Téhéran, avec un premier obstacle, le refus par l'Iran d'inspections de ses sites militaires.

L'Iran refuse que l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) mène des "inspections de ses sites militaires" et interroge ses scientifiques dans le cadre de cet accord, a déclaré avant même le début des discussions entre John Kerry et Mohammad Javad Zarif, l'adjoint de ce dernier, Abbas Araghchi, selon la télévision d'Etat iranienne. Il a repris la position exprimée par le guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, le 20 mai dernier.
Toutefois, M. Araghchi avait fait il y a quelques jours la distinction entre inspections dans le cadre de l'accord à conclure et accès aux sites militaires dans le cadre du Protocole additionnel au Traité de non prolifération nucléaire (TNP), dont l'application a été acceptée par Téhéran dans le cadre d'un accord sur le nucléaire.

Le programme nucléaire controversé de la République islamique empoisonne la communauté internationale depuis 2003 et les grandes puissances du groupe 5+1 (Etats-Unis, Russie, Chine, France, Royaume-Uni et Allemagne) négocient depuis l'automne 2013 avec l'Iran, sous l'égide de l'Union européenne, pour trouver un moyen de contrôler les ambitions atomiques de Téhéran en échange d'une levée de sanctions.
Après un accord provisoire en novembre 2013 et un accord de principe le 2 avril, les parties ont jusqu'au 30 juin pour graver dans le marbre un texte complet et définitif.

MM. Kerry et Zarif, qui pilotent les pourparlers depuis des mois, se sont retrouvés dans un grand hôtel de Genève, dans une ambiance visiblement détendue, pour une journée de discussions. Elles pourraient se prolonger jusqu'à dimanche. Des négociateurs du 5+1 et de l'Iran étaient à Vienne cette semaine et, côté américain, le ministre de l'Energie Ernest Moniz et la directrice politique du département d'Etat Wendy Sherman sont venus épauler John Kerry dans la ville suisse.

"Il nous reste un mois. Je pense que vous allez voir une escalade" en juin qui "va être un mois très intense", a commenté un cadre du département d'Etat, réaffirmant que Washington tenait à "la date du 30 juin" et "n'envisageait pas à l'heure actuelle de prolongation" des discussions.
Car à un mois de l'échéance, l'Iran et les pays européens ont évoqué cette semaine la possibilité que les pourparlers débordent sur le début de juillet.

Selon une source diplomatique occidentale, le face-à-face Kerry-Zarif "vise à faire le point, les Iraniens pourront dire ce qu'ils peuvent et ne peuvent pas faire, les Américains ce qui ne va pas".

(Lire aussi : Nucléaire: l'Iran prêt à continuer après le 30 juin, pas Washington)

 

"Le tabouret tombe"
Sur le fond, la question des inspections internationales des sites nucléaires, visant à garantir le caractère pacifique et civil du programme iranien, est l'un des points les plus épineux.
Téhéran, qui a toujours nié vouloir se doter de la bombe atomique, exclut toute inspection de ses sites militaires au nom de la protection de ses intérêts nationaux. Il accepterait toutefois un "accès réglementé" pour des experts étrangers dans le cadre du protocole additionnel au Traité de non prolifération nucléaire.
"Kerry va souligner devant Zarif l'importance pour les Six de l'accès et des inspections", pense le diplomate occidental. "C'est un des pieds du tabouret. Ce n'est pas le seul pied, mais s'il n'y est pas, le tabouret tombe", décrypte-t-il.

Yukiya Amano, directeur de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), qui mettra en œuvre un éventuel accord, a souligné la nécessité pour l'agence onusienne d'avoir accès à tous les sites, y compris militaires. Le chef de la diplomatie française Laurent Fabius lui a emboîté le pas, prévenant que Paris "n'accepterait pas" d'accord s'il n'y pas de "vérification" de "toutes les installations iraniennes, y compris les sites militaires".
La France affiche la position la plus dure au sein du 5+1, redoutant que les Etats-Unis ne fassent trop de concessions pour signer un règlement historique.

L'administration démocrate Obama est sous pression d'un Congrès républicain, majoritairement hostile à l'Iran et qui a imposé son droit de regard, cet été, sur un texte final.
Un règlement avec l'Iran alarme aussi Israël et les monarchies du Golfe.
De fait, et même s'ils s'en défendent officiellement, Téhéran et Washington sont en plein rapprochement après 35 ans sans relations diplomatiques. Mais, relèvent des experts, les deux adversaires sont encore loin de pouvoir normaliser leurs relations et se borneront à poursuivre leurs discrètes discussions sur les conflits régionaux, comme la lutte contre le groupe ultraradical sunnite Etat islamique en Syrie et en Irak.

 

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