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Liban - Patrimoine

Un film documentaire pour... entendre siffler le train !

Comme une scène d’un vieux film : le gardien d’une gare abandonnée attend un train qui n’arrivera jamais. Photos Fouad Ikbal

Assekki ya train ! Le nom à lui seul est tout un programme, évocateur de temps heureux et d'une période où les Libanais avaient des gares et un train qui reliait les quatre coins du pays et allait même au-delà, transportant individus et marchandises au rythme de la locomotive un peu poussive. C'est d'ailleurs à cause de cette nostalgie devinée, d'une époque qu'elle n'a pas connue, que Zeina G. Haddad a décidé de tourner un documentaire sur les chemins de fer au Liban.

Originaire de Zahlé, elle a découvert, au hasard de ses pérégrinations (car elle est un peu casse-cou), un étrange réservoir, devenu seul témoin d'une époque ancienne. Elle a immédiatement voulu s'informer et a appris que cette « construction » est ce qui reste de la gare dans cette ville. La gare de Maallaqa (Zahlé) était pourtant la quatrième plus importante du pays.
C'est ainsi qu'elle a décidé d'en savoir plus sur le sujet. Au fil de ses recherches, Zeina Haddad a découvert qu'il existe un syndicat des fonctionnaires des chemins de fer et un Office des transports publics, dont les chemins de fer, au ministère des Travaux publics et des Transports. Une fois les autorisations nécessaires obtenues, car l'absence du train n'allège pas la bureaucratie, elle est partie en quête des anciennes gares. Avec les photos, elle a réalisé un calendrier qu'elle a distribué à ses amis, puis elle a écrit un article dans la revue de la MEA. Mais elle était convaincue qu'il fallait plus que cela pour sensibiliser les Libanais à ce secteur vital, dans l'espoir qu'un jour le train recommencera à siffler, et desservir et relier les quatre coins du pays.
Zeina est convaincue que les chemins de fer sont les artères d'un pays. C'est à travers eux que les différentes régions se retrouvent, ainsi que leurs habitants, dans toute leur diversité, le tout dans un climat convivial. Sans parler du fait que le rétablissement du train allégerait la congestion des routes et des autoroutes, et pourrait régler en partie le problème du trafic et des embouteillages.

Forte de ces convictions, Zeina Haddad a tourné son documentaire, traquant les survivants de cette époque, ainsi que les documents et les photos qui en témoignent. Pendant quatre ans, elle a sillonné les routes et multiplié les rencontres, fouillé les différentes archives, en quête d'un bout de film, d'une séquence ou d'un témoignage. Elle a été jusqu'à contacter les Australiens qui avaient contribué à la construction d'une partie du chemin de fer entre Nahr el-Kalb et Tripoli (elle a même acheté quelques minutes de leurs propres archives remontant à cette époque), ainsi que le producteur du film de Feyrouz Safar Barlik. Elle a aussi consulté les archives de Télé-Liban, la Direction des antiquités et bien sûr l'Office des transports en commun et des chemins de fer au ministère des Transports.
Avec peu de moyens mais beaucoup de détermination, et après avoir sollicité l'aide d'amis et de connaissances, dont l'ONG Train-Train, qui se consacre à développer le secteur des transports en coopération avec le secteur public, Zeina Haddad a pu achever son film de 50 minutes, qui raconte d'une manière originale l'histoire des chemins de fer au Liban. Celui-ci a survécu pendant près d'un siècle, avant d'être abandonné à cause de la guerre et de la séparation des régions.

La première ligne qui reliait les différentes localités du Mont-Liban remonte à 1895. Quant à la ligne côtière, elle allait au début jusqu'à Haïfa. C'est pourquoi l'histoire des chemins de fer au Liban se confond avec celle du pays et de la région. Zeina en parle d'ailleurs avec une émotion contagieuse. Son message est le suivant : il faut préserver ce patrimoine et tenter de relancer ce moyen de transport. Son film est donc à la fois un hommage au train du Liban mais aussi un message d'espoir pour l'avenir. Il sera diffusé pour la première fois le 11 mai à l'Unesco, sous le parrainage du ministre des Transports, Ghazi Zeaïter.
Pour tous ceux qui souhaitent en savoir plus sur ce sujet qui fait partie de l'histoire du Liban... et peut-être de son avenir.

 

 

 

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Assekki ya train ! Le nom à lui seul est tout un programme, évocateur de temps heureux et d'une période où les Libanais avaient des gares et un train qui reliait les quatre coins du pays et allait même au-delà, transportant individus et marchandises au rythme de la locomotive un peu poussive. C'est d'ailleurs à cause de cette nostalgie devinée, d'une époque qu'elle n'a pas connue, que...

commentaires (3)

Nostalgie quand tu nous tiens! Les souvenirs des excursions en train l'ete, de Aley-Bhamdoun jusqu'a Maalaka a Zahle.... et la Micheline qui allait depuis le port de Beyrouth jusq'a Tripoli.... C etait le bon vieux temps, le temps ou le Liban etait en Paix et pas entre les mains de voyous....

IMB a SPO

15 h 26, le 06 mai 2015

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Commentaires (3)

  • Nostalgie quand tu nous tiens! Les souvenirs des excursions en train l'ete, de Aley-Bhamdoun jusqu'a Maalaka a Zahle.... et la Micheline qui allait depuis le port de Beyrouth jusq'a Tripoli.... C etait le bon vieux temps, le temps ou le Liban etait en Paix et pas entre les mains de voyous....

    IMB a SPO

    15 h 26, le 06 mai 2015

  • Le train DHP (suite). Une anecdote : Le chemin de fer Beyrouth-Rayak comportait une partie à crémaillère sur le tronçon Aley-Bhamdoun. Le train n'était pas un TGV. Lorsqu'il traversait le vignoble de Bhamdoun, certains jeunes passagers du premier wagon descendaient du train cueillaient quelques grappes de raisin puis remontaient au dernier wagon.

    Un Libanais

    14 h 39, le 06 mai 2015

  • Je crois pouvoir dire à Zeina G. Haddad, qu'entre Maameltein, point de départ du train DHP vers Beyrouth jusqu'à 1941 et Nahr-el-Kalb, il ne reste qu'une seule gare transformée en maison. Elle se trouve à Sarba. Celle de Kaslik a disparu ainsi que celle de Zouk. Les deux dernières n'étaient que des abris-train. Concernant les Australiens qui avaient construit le tronçon NBT à écartement international entre Nahr-el-Kalb et Tripoli en 1941-42, il existe une stèle australienne à Dbayé/Nahr-el-Kalb sur l'ancienne route Jounieh-Beyrouth.

    Un Libanais

    13 h 16, le 06 mai 2015

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