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Moyen Orient et Monde - Témoignage

Le régime islamique iranien est culturellement mort, estime l’écrivaine Sahar Delijani

Sahar Delijani, auteure du succès d’édition « Les enfants du Jacaranda », à Bogota. Eitan Abramovich/AFP

Pour l'écrivaine Sahar Delijani, auteure du succès d'édition Les enfants du Jacaranda, paru en 2014, la révolution islamique en Iran a échoué du point de vue social et culturel, et l'ouverture progressive du pays au monde pourrait également déboucher sur un changement politique.
« Le régime islamique est terminé, il a pris fin du point de vue culturel et social. Il n'y a plus qu'à parvenir au même point politiquement », explique en espagnol l'auteure irano-américaine de 32 ans dans un entretien à l'AFP réalisé en Colombie à l'occasion de la Foire internationale du livre de Bogota. Pour la jeune femme aux cheveux de jais et au regarde pénétrant, « la forte propagande » de « principes islamiques et moralistes » imposée dans les écoles iraniennes a échoué dans sa mission. « Les jeunes Iraniens sont exactement le contraire de ce que voudrait le régime. » Elle les décrit comme instruits, cultivés et dynamiques. « Avec cette jeunesse, il est quasiment impossible que les choses ne changent pas », pronostique-t-elle.
Sahar Delijani a vu le jour en 1983 à Téhéran dans la prison d'Evin, où ses parents étaient détenus, peu après la révolution islamique de 1979 qui a renversé le chah. « Evin a toujours tenu une part importante dans le lexique de ma famille. C'était comme dire maison ou école, c'était toujours présent. Pour moi, Evin – c'est à la fois ironique et triste – a presque un côté intime. » La vie de ses parents « est l'histoire des révolutionnaires qui deviennent des persécutés ». D'opposants au chah, ils sont devenus opposants au régime islamique de l'ayatollah Khomeyni. « Le fait qu'ils aient été arrêtés, que mon oncle ait été exécuté en 1988 a changé pour toujours la vie de ma famille », raconte-t-elle. Inspiré de sa vie, Les enfants du Jacaranda relate l'impact de la révolution iranienne et les répercussions humaines pour ceux qui ont lutté durant les premiers pas, plus répressif, du régime islamique, dans les années 80. Phénomène de librairie, le livre a été traduit dans 28 langues et distribué dans 70 pays. Mais pas en Iran. « Aujourd'hui, on parle beaucoup plus, au moins hors d'Iran, des années 80. Mais j'ai l'impression que les gens ne veulent pas encore réellement parler, car c'est un sujet difficile. Et aussi parce que nous avons toujours le même régime », poursuit-elle.

Inspirations sud-américaines
La rédaction de ce livre lui a également permis de mieux se connaître. « Je ne savais pas que j'étais tellement en colère contre le régime, je pensais avoir dépassé cette fureur. Peut-être qu'en écrivant, je mûris », s'interroge l'auteure. Les avancées vers un accord entre Téhéran et les grandes puissances sur le programme nucléaire iranien constituent, pour elle, un exemple de l'ouverture et de l'optimisme qui règnent dans le pays et lui font espérer la fin de 30 ans d'isolement.
Bien qu'il existe une « frustration » face à la lenteur des changements, « personne en Iran ne veut une autre révolution », soutient-elle. « Les Iraniens veulent réformer le régime, et une réforme, par définition, est plus lente. »
Pour elle, l'avenir du pays passe par la reconnaissance de ce qui s'est passé : « Il est important de connaître les noms des personnes assassinées. Savoir qui est derrière tout ça. » Mme Delijani parle six langues, a étudié aux États-Unis avec sa famille et vit en Italie avec son époux. Si elle écrit en anglais, elle explique garder le contact avec sa culture iranienne par la lecture, la musique et l'écriture. « Tout ce que je sais, c'est que lorsque je commence à raconter des histoires, elles parlent toujours de l'Iran. Peut-être mon côté iranien est celui qui souhaite raconter des histoires. » Elle confie également que le cinéma et la littérature sud-américains l'ont inspirée, comme le Nobel colombien Gabriel Garcia Marquez. « En Amérique du Sud, il y a de nombreuses similitudes avec l'Iran. C'est pour cela que je crois qu'en Iran, les auteurs sud-américains et espagnols sont très appréciés, presque comme s'ils étaient iraniens. » Son second roman est en cours de rédaction. Elle souhaite désormais narrer le processus de reconstruction à partir de zéro d'un prisonnier politique après sa libération.

Roser TOLL/AFP

Pour l'écrivaine Sahar Delijani, auteure du succès d'édition Les enfants du Jacaranda, paru en 2014, la révolution islamique en Iran a échoué du point de vue social et culturel, et l'ouverture progressive du pays au monde pourrait également déboucher sur un changement politique.« Le régime islamique est terminé, il a pris fin du point de vue culturel et social. Il n'y a...

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