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Liban - L’éclairage

Le Hezbollah prépare « sa » bataille dans le Qalamoun

Les nouvelles nominations en Arabie saoudite au lendemain de l'opération Tempête de la fermeté marquent le début d'une nouvelle étape dans les pays arabes. Un « nouveau Moyen-Orient » est en train d'apparaître, et il devrait faire l'objet des discussions au sommet de Camp David. Le président américain Barack Obama avait convoqué les pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG), à commencer par Riyad, à cette réunion, prévue le 13 mai. Le roi Salmane a décidé de placer la nouvelle génération au pouvoir. C'est ainsi la première fois que le prince héritier, connu pour sa fermeté face au terrorisme et à l'extrémisme, prend les commandes du ministère de l'Intérieur, tandis que le vice-prince héritier, qui a mené ces dernières semaines les opérations au Yémen, se retrouve au ministère de la Défense pour assurer l'après-offensive contre les houthis.


La démarche saoudienne intervient à la veille de la réunion des leaders du CCG avec le président français François Hollande en Arabie pour préparer le sommet de Camp David. Elle précède également la réunion sur le Yémen à Riyad en présence des différentes composantes yéménites, dont les houthis. Elle anticipe aussi sur les efforts de Staffan de Mistura d'organiser un Genève 3 pour résoudre la crise syrienne, avec la participation du régime et des diverses factions de l'opposition syrienne, surtout après le progrès notoire enregistré ces derniers jours sur le terrain par les milices hostiles au régime dans le Nord de la Syrie. Enfin, la transition en Arabie intervient à la veille de l'accord final sur le nucléaire iranien, après l'avancée dans les pourparlers à Vienne la semaine dernière. Des informations ont ainsi fait état d'un progrès dans les négociations et d'un consensus sur la levée des sanctions concomitante à la signature de l'accord final. Cela aurait facilité le passage à l'étude du dossier régional, lors d'une réunion à New York entre le secrétaire d'État américain, John Kerry, et le chef de la diplomatie iranienne, Mohammad Javad Zarif. Il convient de signaler que l'accord entre Riyad, Ankara et Doha concernant la Syrie a permis à l'opposition de remporter des victoires importantes sous le label de l'Armée de conquête, au Nord comme au Sud, ainsi que dans la région du Qalamoun, à la frontière avec le Liban.


Cette gamme de mutations a contraint Téhéran à revoir sa politique, surtout après l'échec du coup d'État des houthis à Sanaa et la volte-face que la milice chiite a dû opérer en acceptant de participer à la conférence de Riyad sur le Yémen. L'Iran est actuellement incapable de faire preuve d'aventurisme et de ruer dans les brancards, dans la mesure où il a besoin de l'accord sur le nucléaire, qui constitue pour lui la priorité absolue. Dans le cas où la signature n'a pas lieu fin juin, comme prévu, le président Hassan Rohani et son équipe se retrouveraient face à une impasse réelle au plan interne, puisque l'embargo international se maintiendrait et que les sanctions ne seraient pas levées. Téhéran ne peut plus manœuvrer en faisant de la surenchère, dans l'espoir que les négociations reprendraient ultérieurement au point zéro. Aussi est-il contraint de faire preuve de bonne conduite et de changer de politique, en mettant fin à ses ingérences dans les pays de la région. Selon un diplomate, ces grands titres ont été au menu d'une rencontre entre John Kerry et Mohammad Javad Zarif à New York au début de la semaine. Le responsable américain aurait ainsi insisté sur la nécessité d'ouvrir tous les dossiers de la région pour mettre fin à l'ingérence de Téhéran dans les affaires arabes à travers ses « instruments ».

 

(Lire aussi : Faute d’importance stratégique, le Qalamoun sert d’abcès de fixation au régime syrien pour déstabiliser le Liban)


Téhéran sent donc que sa marge de manœuvre diminue et qu'il est désormais incapable d'exercer des pressions. L'Iran s'est aperçu que la Tempête de la fermeté n'était pas un simple saut d'humeur de la part de l'Arabie saoudite et du monde arabe, et que la dynamique initiée au sommet de Charm el-Cheikh allait se poursuivre sous une autre forme, en l'occurrence une force arabe commune, à la lumière de l'entente entre Riyad, Le Caire, Doha, Amman et Ankara. Une telle alliance permettra aussi de mater le groupe État islamique et ses cousins et de faire face, de manière générale, à l'extrémisme et au terrorisme dans la région. De plus, la position de Moscou dans la région semble avoir changé, notamment après l'adoption par le Conseil de sécurité de la résolution 2216 sur le Yémen sans veto russe. Selon des sources diplomatiques, les dernières nominations en Arabie traduiraient une « décision » de faire face au terrorisme et à l'extrémisme, ainsi qu'aux groupuscules qui tentent de déstabiliser certains régimes de la région, comme les houthis au Yémen.
À l'heure où certaine sources diplomatiques bien informées reconnaissent l'existence de signaux positifs en perspective à la veille de la signature de l'accord final entre le G 5+1 et Téhéran, des observateurs s'intéressent aux rumeurs colportées dans les milieux du Hezbollah selon lesquelles le parti chiite préparerait un raid militaire sur le Qalamoun pour éloigner les extrémistes de la frontière libanaise. Selon ces observateurs, l'objectif de cette future bataille serait, pour le Hezbollah, de consolider sa présence dans certaines régions et sa position à la veille des négociations. Par ailleurs, des sources diplomatiques expriment leur étonnement face à la tentative d'ouvrir le front du Golan en suscitant une tension sur le plan sécuritaire, afin de sanctuariser le régime syrien dans le cadre d'une nouvelle confrontation avec Israël. La bataille du Qalamoun a ses objectifs politiques et pourrait permettre de trancher le conflit dans cette zone. C'est en tout cas ce qu'espère l'axe de la « moumanaa » après l'échec cuisant enregistré au Yémen – d'autant que le Hezbollah avait été chargé lui-même par les pasdarans d'entraîner et d'équiper les houthis, dans l'espoir que les rebelles yéménites puissent copier ultérieurement le modèle du parti chiite libanais et investir le pouvoir à Sanaa de la même façon.


Le Hezbollah pourra-t-il obtenir la victoire militaire qu'il souhaite dans le Qalamoun pour compenser la gifle yéménite ? Selon des milieux politiques du 8 Mars, l'EI et les autres formations jihadistes prépareraient, depuis deux mois au moins, une guerre à la frontière libano-syrienne dans le cadre d'un complot visant à parvenir à la côte tripolitaine et à joindre le Qalamoun à la Méditerranée.
Pour le 14 Mars, il est désormais clair que ces rumeurs du 8 Mars, qui perdurent depuis plus de deux mois, sont un signe que c'est le Hezbollah qui prépare depuis un certain temps un choc militaire dans le Qalamoun et qu'il a mobilisé à cette fin ses miliciens, y compris les fonctionnaires au sein de l'administration publique, qui ont demandé congé pour le 1er Mai.

 

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