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Cinema-

« An-Nabi » expliqué à ma fille

Chère Touti,
Aujourd'hui, The Prophet sort en salle. Férue de cinéma, tu voudras sûrement faire une movie night et traîner tes ami(e)s dans une des salles obscures de Beyrouth pour, entre deux poignées de popcorn sucré-salé, visionner ce film aux fausses allures de Disney. Mais voilà, mon ange, bien que présenté sous format dessin animé, The Prophet n'est pas The Minions, encore moins Toy Story. À l'aube de tes onze ans, il est bien temps que l'on t'explique, noir sur blanc, l'essence du livre dont s'inspire cette œuvre cinématographique.
The Prophet est, à l'origine, une œuvre géniale de Gibran Khalil Gibran. Oui, c'est bien le même auteur dont vous parle la maîtresse d'arabe, avec beaucoup de passion, me disais-tu. Né à Bécharré, dans le nord du Liban, il y a 132 ans, il est mort à New York en 1931. Outre ses livres et ses poèmes, écrits tout d'abord en arabe puis directement en anglais, il a été un peintre réputé aux États-Unis, sa patrie d'exil, et un éditorialiste reconnu de la presse arabe au Moyen-Orient. Il faut que tu saches que Gibran a construit un pont entre l'Orient et l'Occident, un pont dont notre région a aujourd'hui le plus grand besoin, en ces temps de conflits et fanatisme tous azimuts. Et justement, en parlant de religion, toi à qui on enseigne, en cours de religions, toutes les croyances monothéistes, tu devrais savoir que ce prophète-là diffuse une belle, une très belle conception de la religion, qui est en réalité une conception de la vie. Ce n'est pas pour rien que cet ouvrage, publié en 1923 et composé de 26 textes poétiques, serait le livre le plus lu après la Bible. Il aurait également été imprimé à plus de 100 millions de copies et traduit dans plus de 90 langues.
En une centaine de pages, que ce soit dans ses chapitres sur la liberté, les enfants, le mariage, le travail, la boisson et la nourriture, l'amour, le bien et le mal ou la mort, Gibran Khalil Gibran condense le christianisme, l'islam, le soufisme (le concept d'union avec Dieu et l'unicité de l'existence), les grandes religions de l'Inde et la théosophie... C'est justement pour le rendre accessible à la jeunesse que Salma Hayek (la belle brune dont les photos ont inondé ton journal préféré) a choisi de le produire sous format de film d'animation. Ma Touti, on ira voir The Prophet et tu comprendras alors ce que l'homme a de plus divin en lui : l'émerveillement qu'il a face à la vie. Ce même émerveillement qui caractérise l'enfance, que tu es sur le point de quitter et que je te supplie de garder en toi, dans tes grands yeux fureteurs, en posant ton regard sur l'Autre. Écoute bien Moustapha, comme al-Mitra dans le film, et que cet élu soit ton guide sur le chemin de la vie.
An-Nabi, prophète de tous les temps. Et de tous les âges ?

Chère Touti,Aujourd'hui, The Prophet sort en salle. Férue de cinéma, tu voudras sûrement faire une movie night et traîner tes ami(e)s dans une des salles obscures de Beyrouth pour, entre deux poignées de popcorn sucré-salé, visionner ce film aux fausses allures de Disney. Mais voilà, mon ange, bien que présenté sous format dessin animé, The Prophet n'est pas The Minions, encore moins...

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