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À La Une - Turquie

Les meneurs présumés de la fronde anti-Erdogan de 2013 acquittés

Des milliers de policiers ont été mobilisés pour empêcher les syndicats de fêter le 1er mai, laissant augurer de nouvelles violences.

Manifestation de soutien aux manifestations de Taksim à Istanbul, en Turquie, le 12 juin 2014, dont les organisateurs ont été acquittés mercredi. AFP Photo/Ozan Kose

Un tribunal d'Istanbul a spectaculairement acquitté mercredi les meneurs présumés du collectif à l'origine des manifestations sans précédent qui ont fait vaciller en juin 2013 le régime islamo-conservateur de l'homme fort de Turquie, Recep Tayyip Erdogan.

Au terme de la septième audience d'un dossier que les ONG de défense des droits de l'Homme ont qualifié de "procès de la honte", le président de la cour a annoncé l'abandon, faute de preuves suffisantes, des charges retenues contre les 26 ingénieurs, architectes, médecins ou avocats présents dans le box des accusés. "Nous évaluons votre situation au regard de la liberté d'opinion et d'expression", leur a lancé le juge Onur Özsaraç, cité par l'agence de presse Dogan. "Mais à une condition: faites attention à ce qu'il n'y ait pas de violence", les a-t-il toutefois avertis.

A l'ouverture du procès en juin 2014, le procureur avait requis des peines allant jusqu'à treize ans de réclusion contre les membres du collectif Taksim Solidarité, notamment pour "participation à une organisation criminelle". "Nous avons tous été acquittés", s'est immédiatement réjouie à l'AFP Mücella Yapici, la secrétaire générale du collectif. "C'était un procès absurde qui avait pour seul objectif de faire de Taksim Solidarité une organisation criminelle". Juste avant le verdict du tribunal, les accusés ont une nouvelle fois vigoureusement dénoncé les accusations qui pesaient contre eux. "C'est un honneur pour moi d'être un des responsables de cette organisation à ce procès", a déclaré à la barre une des membres du collectif, Beyza Metin. "Il n'y aucune violence dans les activités de Taksim Solidarité".


(Lire aussi: Le procès pour "insulte", nouvelle arme d'Erdogan)


Répression
Sans précédent depuis l'arrivée du gouvernement islamo-conservateur au pouvoir en 2002, le mouvement initié par le collectif a débuté fin mai 2013 par la mobilisation d'une poignée de militants écologistes opposés à la destruction du désormais fameux parc Gezi, en lisière de l'emblématique place Taksim d'Istanbul. Après une violente intervention des forces de l'ordre le 31 mai, ce combat s'est mué en une vague de contestation politique sans précédent contre la dérive jugée autoritaire et islamiste du Premier ministre Recep Tayyip Erdogan, aujourd'hui président.

Pendant trois semaines, plus de 3,5 millions de Turcs ont défilé dans une centaine de villes du pays aux cris de "Erdogan, démission". La violente répression alors ordonnée par le chef du gouvernement contre ceux qu'il avait qualifiés de "terroristes" s'est soldée par au moins 8 morts, plus de 8.000 blessés et des milliers d'arrestations et a sérieusement écorné son image. Dans la foulée de ces manifestations, le pouvoir a engagé des poursuites judiciaires contre des centaines de manifestants et, fort de sa légitimité électorale, s'est appliqué à étouffer dans l’œuf toute velléité de contestation. Responsable de l'ONG Human Rights Watch (HRW) en Turquie, Emma Sinclair-Webb a jugé mercredi l'acquittement de mercredi "sans importance" pour les autorités. "Contraindre leurs critiques à se défendre devant un tribunal est un moyen (pour elles) de les discréditer et de les harceler", a-t-elle estimé sur son compte Twitter.


(Lire aussi: Le pouvoir dévastateur des mots en Turquie)


Symbole de la contestation, la place Taksim d'Istanbul est ainsi depuis 2013 systématiquement interdite aux rassemblements publics. Des milliers de policiers ont ainsi été mobilisés pour empêcher les syndicats d'y fêter ce vendredi le 1er mai, fête du travail, laissant augurer de nouvelles violences. L'an dernier, les affrontements entre manifestants et forces de l'ordre s'étaient soldés par 90 blessés et 142 interpellations, selon le bilan officiel des autorités locales.

Ce 1er mai sera le premier depuis l'adoption par le Parlement turc d'une nouvelle loi très controversée dite de "sécurité intérieure", qui a considérablement renforcé les pouvoirs de la police contre les manifestants.
Sitôt acquittée, Mücella Yapici a défié le gouvernement en appelant les syndicats à manifester sur la place Taksim. "Le 1er mai, nous serons à Taksim", a-t-elle lancé.


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