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Liban - sécurité

Encore une mutinerie avec prise d’otages à Roumieh

Le bâtiment « D » de la prison de Roumieh a été la scène hier dans l'après-midi de plusieurs émeutes au cours desquelles des agents des Forces de sécurité intérieure (FSI) de service dans la prison ainsi que deux médecins ont été pris en otage dans le deuxième étage du bâtiment. Tard dans la nuit, les opérations d'intervention des FSI n'avaient pas encore pris fin, mais une source proche du ministre de l'Intérieur assurait à « L'Orient-Le Jour » que les forces de l'ordre contrôlaient à présent la situation.

Le bâtiment « D » de la prison de Roumieh a été la scène hier dans l’après-midi de plusieurs émeutes au cours desquelles des agents des Forces de sécurité intérieure de service dans la prison et deux médecins ont été pris en otage. Photo Marwan Assaf

Une mutinerie menée par des détenus islamistes a éclaté hier après-midi dans le bâtiment « D » de la prison de Roumieh. Des membres des Forces de sécurité intérieure et deux médecins ont été pris en otage. À l'heure d'aller sous presse, la situation demeurait inchangée et des informations faisaient état de négociations pour la libération des otages. Cette mutinerie intervient trois mois après le transfert des détenus dans le bâtiment « D » à partir du bâtiment « B » afin de rénover ce dernier, transformé par les jihadistes en une « principauté » islamiste devenue légendaire. En effet, avant le mois de janvier, date de l'opération « coup de poing » effectuée par les forces spéciales des FSI et supervisée par le ministre de l'Intérieur, certains islamistes commanditaient des opérations terroristes de l'intérieur de leurs cellules transformées en chambre d'opération.

Les forces d'intervention spéciale des FSI, accompagnées de la force de frappe des services de renseignements des FSI, ont pu encercler hier soir le bâtiment « D » et s'introduire à l'intérieur de celui-ci. Cependant, leur mission est ralentie par la fumée des incendies déclenchés par les détenus qui ont mis le feu à leurs matelas et détruit les caméras de surveillance ainsi que les lampes. Le ministre de l'Intérieur, Nouhad Machnouk, n'a pas tardé à réagir en assurant sur son compte Twitter que la situation était sous contrôle et que « la prison de Roumieh ne renouera plus jamais avec sa situation chaotique passée ».


(Lire aussi : Déclarations incendiaires et dialogue tranquille : encore des exercices de corde raide)


Cette mutinerie s'inscrit dans le cadre des plaintes répétées formulées, depuis janvier dernier, par les détenus islamistes qui protestent contre les mesures de sécurité draconiennes qui sont prises à leur encontre et contre le « traitement inhumain » qui leur est réservé. Ils se seraient plaints également du changement du protocole des visites familiales.
Dans ce cadre, le père Hady Aya, président de l'Association justice et miséricorde (Ajem), qui accompagne spirituellement les prisonniers, a précisé à L'OLJ que les détenus n'avaient plus droit comme auparavant à des visites libres, qui duraient parfois une journée entière. Ils n'avaient plus également le droit à des « cadeaux » apportés par leur famille ni à leurs téléphones. En effet, avant leur transfert au bâtiment « D », ils pouvaient communiquer librement avec le monde extérieur grâce à leurs téléphones portables et aux visites privées de leurs proches, explique le prêtre. « C'étaient eux qui faisaient la loi, en l'absence d'une intervention efficace des autorités, et non pas les militaires ; Ils détenaient des armes blanches et avaient mis en place une chambre de torture dans l'ancien bâtiment pour les récalcitrants, relève le père Aya. Tout est passé au peigne fin actuellement, ils n'ont plus droit à leurs téléphones portables, ont rarement un contact avec le monde extérieur et sont souvent cloisonnés durant plusieurs jours, privés de leurs rares minutes de lumière et d'air libre, pour les plus dangereux d'entre eux. »
Selon le prêtre, cette façon de procéder avec des détenus, qui attendent depuis sept ans leur procès dans une prison surpeuplée, ne fait qu'empirer la situation et les pousser encore davantage à des actes de violence. Il a par la suite dénoncé l'étroitesse du bâtiment « D » qui ne peut contenir que 500 à 600 personnes au grand maximum, mais qui en accueille 1 200, rendant le quotidien de tous les détenus, islamistes ou non, infernal. Les conditions de travail des agents de l'ordre responsables de la sécurité de la prison ne seraient pas meilleures, selon le dignitaire religieux qui a justifié ainsi leur agressivité accrue face aux détenus. « Il est primordial de séparer les islamistes et les suspects d'actes terroristes des autres prisonniers et de créer une autre alternative à la prison de Roumieh », a-t-il conclu.

 

(Pour mémoire : "Les autorités ne pouvaient ni entrer, ni contrôler ce qui se passait dans le bâtiment B de Roumieh")


Une source proche du ministre de l'Intérieur avait assuré en soirée à L'OLJ qu'aussitôt que le bâtiment « B » sera prêt à accueillir les prisonniers à nouveau, donc dans 15 jours en principe, une décongestion du bâtiment « D » amènera une solution provisoire au surpeuplement des cellules et à l'accroissement de la tension au sein de la prison.
De leur côté, les parents des détenus, en visite aujourd'hui chez l'ancien député Misbah el-Ahdab à Tripoli, ont déploré les conditions désastreuses de détention, selon eux, de leurs fils dans le bâtiment « D » ainsi que l'absence de soins. Les mamans, les femmes et les sœurs des détenus ont organisé par ailleurs un sit-in en fin d'après-midi, hier, devant la mosquée « al-Nassiri », à Bab el-Tebbané, à Tripoli.

Ce dossier épineux ne verra pas une fin de sitôt, d'autant que des sources judiciaires ont déclaré que depuis les affrontements entre les jihadistes et l'armée à Ersal, en août 2014, et la prise d'otages qui a suivi, les inculpés ont commencé à refuser de se rendre aux audiences de la Cour de justice, qui se tiennent tous les vendredis, dans l'espoir que leur libération sera négociée par le gouvernement. Le ministre de la Justice, Achraf Rifi, avait déclaré en janvier dernier devant une délégation des parents des détenus islamistes que « les jugements seront prononcés d'ici à deux mois ».

 

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commentaires (1)

On dirait que malheuresement nous vivons dans un asile de fous . Nos responsables sont absents .

Sabbagha Antoine

23 h 22, le 18 avril 2015

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Commentaires (1)

  • On dirait que malheuresement nous vivons dans un asile de fous . Nos responsables sont absents .

    Sabbagha Antoine

    23 h 22, le 18 avril 2015

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