Près de 67% des sympathisants du Front National (FN), le parti d'extrême droite en France, se disent favorables au départ de Jean-Marie Le Pen du parti tandis que 74% d'entre eux estiment que sa présence médiatique est plutôt un handicap pour le parti, selon un sondage Ifop pour Dimanche Ouest-France.
"Après les propos de Jean-Marie Le Pen dans l'émission de Jean-Jacques Bourdin sur RMC Info et sur BFM TV, puis son interview dans l'hebdomadaire Rivarol, le Front National se trouve une nouvelle fois plongé dans la crise", estime l'Ifop. Adepte des provocations, Jean-Marie Le Pen a réitéré la semaine dernière des propos sur les chambres à gaz, "détail" de l'histoire de la Seconde guerre mondiale, qui lui ont déjà valu une condamnation en justice. Puis il a pris ces derniers jours la défense du maréchal Philippe Pétain, artisan de la collaboration avec l'Allemagne nazie, dans un entretien fleuve à l'hebdomadaire d'extrême droite Rivarol.
Selon le sondage, 62% des Français (et 74% parmi les sympathisants FN) estiment que le statut de président d'honneur de Jean-Marie Le Pen et sa capacité à s'exprimer régulièrement dans les médias constituent un handicap pour le parti. Seulement 6% (8% parmi les sympathisants) y voient un avantage.
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"Dans ce contexte marqué par une succession de sorties médiatiques provocatrices de Jean-Marie Le Pen, 38% des Français seraient favorables à ce qu'il quitte le Front National", note l'institut, contre 6% qui s'y disent opposés et 56% d'indifférents. Les sympathisants FN sont beaucoup plus sévères et ils sont 67% à souhaiter son départ, contre 7% qui s'y disent opposés et 26% qui se disent indifférents, "ce qui masque sans doute le trouble suscité par le fait que si ses prises de positions ne sont pas partagées et sont même condamnées, il demeure à leurs yeux le leader historique du mouvement", estime l'Ifop.
Ce départ "pourrait permettre au parti d'élargir son audience dans la mesure où 17% des 80% de Français n'ayant pas voté pour le Front National, ni à la présidentielle, ni aux européennes, pourraient être incités à voter pour un Front National dont Jean-Marie Le Pen ne ferait plus partie", relève l'institut. Ainsi "5% de ces 80% se diraient même tout à fait incités, ce qui, ramené à l'ensemble du corps électoral représente 4%, soit une marge de progression non négligeable", note l'Ifop.
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Le fondateur du Front national a défié vendredi sa fille, l'actuelle présidente du parti d'extrême droite qui veut le pousser vers la sortie après des déclarations provocatrices du vieux tribun, alors que la justice s'intéresse de près aux finances du FN. "J'irai me défendre, évidemment et probablement attaquer", a lancé Jean-Marie Le Pen après l'annonce par Marine Le Pen de "l'ouverture d'une procédure disciplinaire" contre son père, qu'elle a appelé à "faire preuve de sagesse" et à "arrêter ses responsabilités politiques".
Le président d'honneur du FN, âgé de 86 ans, devrait être convoqué devant le bureau exécutif du parti - dont il est membre - en formation disciplinaire d'ici la fin avril. Une guerre ouverte oppose depuis quelques jours M. Le Pen à sa fille après de récents propos du fondateur qualifiés de "provocations" et de "suicide politique" par cette dernière. Engagée dans une entreprise de "dédiabolisation" du FN, Marine Le Pen a très mal accueilli les récentes déclarations de son père, hostile à ce choix politique.
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commentaires (4)
En France en 1940, on a fait appel au Maréchal Pétain, 84 ans, il a collaboré avec l'occupant nazi... Jean-Marie Le Pen, 86 ans, rien que des bafouillages... Au Liban, on bloque depuis dix mois l'élection d'un Président de la République à cause d'un vrai/faux candidat de 82 ans... Marcel Aymé (1902-1967) avait dit : "Le joueur sérieux ne joue pas le tocard."
Un Libanais
13 h 13, le 11 avril 2015