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Culture

Et la lumière fut sur Ève

Elle fait exister, animer les couleurs par la lumière. Comme le faisaient les maîtres verriers du temps des cathédrales gothiques. Mais qui est-elle ?

Judith Schaechter, une maître verrière du XXI siècle.

Elle, c'est Judith Schaechter. Depuis trois décennies, elle se passionne pour l'art des vitraux. La Renwick Gallery (musée Smithsonian) vient d'acquérir l'une de ses œuvres intitulée La Naissance d'Ève. Mesurant 150 centimètres de long et 80 centimètres de large, cette composition est constituée de cinq couches de morceaux de verres de couleurs différentes, placés de manière à diffuser des teintes subtiles.

Démarche
Le vitrail relève d'une technique très ancienne et très minutieuse. L'artiste américaine vivant en Philadelphie a entamé sa Naissance d'Ève par le bas et élaboré, en premier, le jardin paradisiaque. Durant ce travail de longue haleine, l'idée lui est venue de faire flotter Ève au-dessus du jardin, au lieu de la laisser ... sur terre. Afin de « mieux équilibrer l'étincelante profusion florale de l'éden avec l'espace supérieur dénudé d'où chute une Ève au visage délicat et à l'expression pensive », a-t-elle jugé.
Nora Atkinson, curatrice de la Renwick Gallery, précise que « Judith Schaechter utilise une technique ayant déjà existé, en y ajoutant son accent personnel. Pour une certaine dédramatisation du genre ».
L'artiste aborde ainsi la naissance d'Ève non comme thème religieux, mais comme « l'interprétation mythique de la création dans l'absolu ». Et Adam ? À ceux qui lui posent cette question, elle rétorque, invariablement : « J'ai failli intituler ce vitrail, Regardez bien, Ève n'a pas de côte ! » Une façon d'oblitérer les hommes ?
« Pas nécessairement, mais la vedette reste, ici, la femme dans son statut originel ».

Entre modernité et médiévalisme
Schaechter a donc poussé l'art du vitrail au-delà de ses frontières, en alliant la manière de faire traditionnelle à ses propres innovations. Notamment en répétant l'opération dite « cuisson des couleurs ». Le résultat est étincelant d'énergie et de spontanéité.
Ses sources d'inspiration sont multiples et variées : les tendances « undergroud », les blocs d'impression japonais, la sous-culture punk, les tapisseries médiévales, entre autres. Sa créativité s'est trouvée ainsi soumise à une tension entre ses visions indissociables de l'actualité, de son background et de la tradition historique du vitrail. Les tonalités sombres de son imagerie, à dominante gothique, se détachent sur fond de luminosité de son matériau actuel. Et, placés en parallèle entre modernité et médiévalisme, ses vitraux n'échappent pas aux peurs et aux anxiétés contemporaines, transcendées en filigrane par une méditation hors du temps.
Comment devient-on maître verrière au XXIe siècle ?
« J'ai été attirée par la beauté du matériau brut, indique l'artiste. Les feuilles de verre non taillées sont extraordinaires. Et la tentation est grande d'y faire des découpes. Je n'ai pas résisté non plus à l'attrait, si spirituel, de faire passer la lumière. »
La lumière, cette constante, qui a souvent le dernier mot. Malraux disait bien : « Le matin animera le vitrail et l'effacera le soir. » Pour l'écrivain français, « le XXIe siècle sera religieux ou ne sera pas ». Judith Schaechter ne l'est pas, mais elle a incontestablement puisé dans un art sacré.

Elle, c'est Judith Schaechter. Depuis trois décennies, elle se passionne pour l'art des vitraux. La Renwick Gallery (musée Smithsonian) vient d'acquérir l'une de ses œuvres intitulée La Naissance d'Ève. Mesurant 150 centimètres de long et 80 centimètres de large, cette composition est constituée de cinq couches de morceaux de verres de couleurs différentes, placés de manière à...

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