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Culture - Performance

Zahi Haddad, la mémoire (projetée) au corps

Après le livre, le film. Partiellement projeté sur le corps de l'auteur, en l'occurrence Zahi Haddad, qui joue les écrans humains pour un court-métrage librement inspiré de son premier roman « Au bonheur de Yaya ».

Zahi Haddad, écran humain pour une exploration poético-trinumérique des souvenirs, des émotions et des mots... Photos Sami Ayyad

Dans Au bonheur de Yaya, paru l'année dernière aux éditions Tamyras, Zahi Haddad remontait le cours de son histoire personnelle jusqu'à celle de ses aïeux ballottés de villes en pays, au gré des remous du Proche-Orient.
Une biographie familiale, aux accents universels, dégageant une émotion et une poésie qui se prêtaient bien à une mise en images et en extraits audio. Ce qui a donné l'idée à l'agence de communication digitale Cre8mania de se lancer un défi : réaliser une double projection en 3D simultanément sur le corps de Zahi Haddad et sur un grand écran, à l'arrière-plan. Assis sur une chaise, le visage grimé en blanc, comme un mime, vêtu d'un tee-shirt immaculé, l'ex-journaliste et collaborateur à L'Orient-Le Jour se transforme en écran humain l'espace des 6mn déroulant des extraits audio de son texte sur de très belles images – de Beyrouth, Jbeil ou encore la montagne libanaise – librement inspirées de son livre. Le film réalisé par Kabalan Samaha, sur un scénario de Carole Abi-Saad, est un bel équilibre entre poésie, technologie et performance. Car, derrière la maitrise technique, la réussite de l'entreprise tient au moindre battement de cil de l'auteur et narrateur d'Au bonheur de Yaya.
Un film expérimental présenté dans le cadre du Mois de la francophonie au cours d'une soirée qui s'est tenue à l'auditorium du Campus de l'innovation et du sport de l'USJ sur le thème de « La francophonie au Proche-Orient à l'heure du numérique ». Et qui offre un voyage sensoriel, mnémonique et futuriste à la fois.

En mode anatomique
Il y a fort à parier que ce Libano-Suisse quarantenaire ne se doutait pas que son récit d'exil, de quête d'identité, de liens familiaux et de souvenirs d'enfance dans les années 70 et 80 allait le mener à expérimenter, de manière troublante et tridimensionnelle, la sensation de faire corps avec son œuvre. Approfondissement en mode anatomique.
Dans la tête de Zahi : « Celle qui me l'a fait tourner. Et qui est une grande source d'inspiration. »
Dans ses yeux : « Le miel doré des yeux de ma mère qui m'accompagnent à chaque instant. »
Dans son nez : « Le parfum du thym et des montagnes libanaises. »
Dans sa bouche : « Les saveurs de la cuisine libanaise. Épices et douceurs mêlées. »
Sur les épaules de Zahi : « Moins de poids depuis la réconciliation avec mon histoire, mes origines et ma famille. Comprendre d'où l'on vient permet de comprendre où on est et où on va. »
Dans ses bras : « Les bras de mon père, sa présence ressentie de manière quasi palpable durant la projection. Moment d'émotion intense mêlant joie, tristesse et manque. »
Dans le cœur de Zahi : une femme, la sienne. « L'amour de ma vie. Et beaucoup plus de calme et de sérénité. Le bonheur des souvenirs d'enfance. »
Dans ses tripes : « Un profond besoin d'écrire et de me libérer. »
Sur sa poitrine : « Imprimée à jamais, l'expérience du film Au bonheur de Yaya ».
Et enfin dans ses jambes : « Des kilomètres de rues de Beyrouth. »

 

Pour mémoire
Retour aux sources, « Au bonheur de Yaya », pour Zahi Haddad

Dans Au bonheur de Yaya, paru l'année dernière aux éditions Tamyras, Zahi Haddad remontait le cours de son histoire personnelle jusqu'à celle de ses aïeux ballottés de villes en pays, au gré des remous du Proche-Orient.Une biographie familiale, aux accents universels, dégageant une émotion et une poésie qui se prêtaient bien à une mise en images et en extraits audio. Ce qui a donné...

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