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À La Une - Afghanistan

Ovationné par le Congrès US, le président afghan remercie l'Amérique

Ashraf Ghani, a appelé le reste du monde à prendre la mesure de la menace posée par l'EI autour de l'Afghanistan.

 

Le président Ashraf Ghani a remercié mercredi les États-Unis pour leur engagement en Afghanistan, dans un discours au Congrès symbolique du nouveau chapitre des relations entre les deux alliés, après le départ de Hamid Karzaï. Photo AFP

Le président Ashraf Ghani a remercié mercredi les États-Unis pour leur engagement en Afghanistan, dans un discours au Congrès symbolique du nouveau chapitre des relations entre les deux alliés, après le départ de Hamid Karzaï.

Du haut de la tribune de la Chambre des représentants, pendant près d'une heure, Ashraf Ghani a de façon appuyée rendu hommage aux sacrifices financiers et humains des Américains dans le conflit afghan, depuis l'invasion ayant suivi les attentats du 11 septembre 2001. "Notre gratitude pour la profondeur de la contribution américaine envers notre peuple ne peut être mesurée seulement en paroles", a dit le président afghan, ovationné à plusieurs reprises comme c'est la coutume dans ces discours solennels réservés aux pays amis. "Mais elle peut l'être quasi littéralement dans le nombre d'Afghans dont l'avenir a changé grâce à l'Amérique et ses alliés".

Conscient du coût de la présence américaine dans son pays, plus longue que toutes les autres guerres de l'histoire américaine, Ashraf Ghani a promis que son objectif ultime était l'autonomie. "Nous ne voulons pas de votre charité", a-t-il dit aux élus. "Nous ne sommes pas plus intéressés par une dépendance puérile que vous ne l'êtes par un parent pauvre qui n'a pas l'énergie ni l'envie de sortir pour chercher du travail".

L'annonce principale de sa visite, commencée ce week-end, a concerné le calendrier du retrait militaire américain. Les opérations de combat ont pris fin en décembre et il reste environ 10 000 soldats américains dans le pays, dans un rôle d'appui antiterroriste, de soutien logistique et de formation. Barack Obama a confirmé mardi leur départ quasi-complet d'ici la fin de 2016 ou le début de 2017, à l'exception d'un millier de soldats pour protéger le personnel diplomatique. Mais au lieu de réduire leur présence à 5 500 à la fin de 2015, leur nombre restera à 9 800 jusqu'à cette date, à la demande d'Ashraf Ghani.

 

(Lire aussi : "C'est un crime contre une famille, un crime contre une soeur et un crime contre l'humanité")

 

L'EI aux portes de l'Afghanistan
C'était la deuxième fois qu'un président afghan s'adressait au Congrès, après Hamid Karzaï en juin 2004.
Depuis, les rapports avec le président Karzaï s'étaient envenimés. Washington a dû attendre l'investiture d'Ashraf Ghani, en septembre, pour que Kaboul signe enfin l'accord bilatéral de sécurité entre les deux nations. Quand Barack Obama avait fait une visite surprise sur la base américaine de Bagram, en mai 2014, Hamid Karzaï avait refusé de l'y rencontrer.

Le maintien des effectifs militaires américains souligne une évidence : la situation est loin d'être stabilisée face aux talibans, avec qui Kaboul tente difficilement d'ouvrir des négociations. Quelques heures avant le discours d'Ashraf Ghani à Washington, un attentat suicide non revendiqué a fait au moins sept morts dans le centre de Kaboul, non loin du palais présidentiel.

Ashraf Ghani a appelé mercredi les talibans à ne pas faire le choix d'el-Qaëda. Leur retour dans la société afghane sera possible, a-t-il dit, à condition qu'ils respectent l’État de droit et la Constitution. Son discours, parsemé de clins d’œil qui ont fait rire les élus, visait à démontrer les progrès de son pays. Il a longuement parlé des droits des femmes, vanté la présence de quatre femmes au cabinet afghan, et promis d'éliminer le "cancer" de la corruption.

 

(Pour mémoire : Washington dément des contacts prochains entre talibans afghans et Américains)

 

Il a aussi engagé l'Afghanistan aux côtés des États-Unis dans le combat contre "la menace croissante du terrorisme", soulignant les risques posés par le groupe État islamique en Asie centrale, et jusqu'aux frontières sud et ouest de l'Afghanistan. Mais les talibans ont répondu par le défi à l'annonce que près de 10 000 Américains resteraient jusqu'à la fin de l'année, promettant de continuer le combat et assurant que le processus de paix en serait compromis. "A l'ouest, Daech (acronyme arabe de l'EI) envoie déjà des gardes avancées dans le sud et l'ouest de l'Afghanistan pour mettre à l'épreuve nos vulnérabilités. Au sud, les opérations pakistanaises, dans lesquelles plus de 40 000 personnes sont déjà mortes, repoussent les talibans du Waziristan du Sud vers les régions frontalières de l'Afghanistan", a déclaré Ashraf Ghani.

Aux États-Unis, les adversaires républicains de Barack Obama se sont félicités du ralentissement du retrait américain, mais ils enjoignaient en même temps le président américain à revoir sa promesse de quitter définitivement l'Afghanistan à la fin de son mandat. Beaucoup font le parallèle avec l'Irak, où selon eux la dégradation de la situation sécuritaire, et la montée en puissance des jihadistes, sont la conséquence du vide créé par le retrait de décembre 2011.
"Nous devons rester vigilants pour préserver les succès obtenus par le sang et le sacrifice", a commenté le président de la Chambre, le républicain John Boehner.

 

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