L'offensive de Benjamin Netanyahu pour réparer les dégâts avec les États-Unis a commencé, mais la réaction des Américains suggère qu'ils attendent davantage du vainqueur des élections israéliennes pour oublier ses volte-face sur la création d'un État palestinien.
L'intention déclarée par l'administration de Barack Obama de revoir l'appui apporté à Israël à l'Onu pourrait être, dans un premier temps, un moyen de peser sur la coalition que formera M. Netanyahu, selon des experts, le Premier ministre sortant étant en effet assuré d'être désigné pour former le prochain gouvernement après le scrutin de mardi. Mais la relation entre les deux grands alliés américain et israélien ne devrait pas être profondément affectée, au-delà des désaccords importants du moment et de l'inimitié patente entre MM. Obama et Netanyahu, ajoutent-ils. Et ce, même si l'administration américaine permettait, contre la volonté israélienne, l'adoption par le Conseil de sécurité de l'Onu d'une résolution sur le conflit israélo-palestinien et la création d'un État palestinien indépendant.
Passé l'heure du triomphe à domicile, M. Netanyahu est donc confronté aux retombées à l'étranger de la surenchère à laquelle il s'est livré pendant la campagne. Le secrétaire général de l'Onu Ban Ki-moon a ainsi demandé hier de confirmer son engagement en faveur d'un État palestinien. Pour sa part, le président français François Hollande, qui a appelé M. Netanyahu pour le « féliciter », a insisté sur la nécessité d'une « solution à deux États » et rappelé la proposition française de « servir d'intermédiaire ».
« Je n'ai pas changé »
Hier encore, Benjamin Netanyahu a de nouveau assuré qu'il n'avait pas changé de position sur la création d'un État palestinien, jugeant toutefois que les conditions n'étaient pas encore réunies, dans une interview diffusée hier sur une radio américaine. « Je ne veux pas d'un seul État. Et lorsque je parle de deux États, cela implique un État palestinien démilitarisé qui reconnaît l'État juif, et je m'y tiens. Je n'ai pas changé de position », a affirmé M. Netanyahu à l'antenne de la radio publique NPR. Mais il a martelé que ses déclarations se rapportaient aux « circonstances actuelles » qui empêchent, selon lui, qu'un État palestinien voie le jour. Et d'énumérer ces obstacles : « La décision des dirigeants de l'Autorité palestinienne de signer un pacte avec le Hamas l'an dernier (...) et, deuxièmement, les changements radicaux survenus ces dernières années dans la région qui ont vu l'avènement d'un islam militant dans les territoires qui sont abandonnés ». Et le Premier ministre a dit ne pas voir dans les colonies installées en Cisjordanie occupée un obstacle majeur à la résolution du conflit, à l'inverse de l'allié américain d'Israël et des Palestiniens eux-mêmes.
Toutefois, les États-Unis ont clairement signifié qu'ils n'y croyaient pas. « Il y a quatre jours (lundi), il était Premier ministre, nous ne pouvons certainement pas oublier ses propos », a dit le département d'État. Et ce n'est que jeudi soir que M. Obama a appelé M. Netanyahu pour le féliciter.
Plusieurs experts incitaient cependant à la prudence quant à la gravité du moment. Même si l'administration américaine permettait le passage d'une résolution à l'Onu, elle veillerait de très près à son contenu. « Avant de tirer des conclusions hâtives sur le sentiment de la Maison- Blanche », le diplomate Dennis Ross préfère attendre de voir la coalition de gouvernement que réunira M. Netanyahu. « Nous savons qui va être Premier ministre. La question, c'est à quoi ressemblera son gouvernement et quelles seront ses lignes de conduite », a dit M. Ross, qui fut l'un des principaux conseillers du président américain Barack Obama pour le Proche-Orient.
(Source : AFP)
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CE TYPE VA PROVOQUER PLUS DE DÉGÂTS...
LA LIBRE EXPRESSION
14 h 20, le 21 mars 2015