Rechercher
Rechercher

Moyen Orient et Monde - France / Terrorisme

Réouverture de l’Hypercacher : « La vie continue »

Bernard Cazeneuve, le ministre français de l'Intérieur, a tenu à être le premier client du magasin rénové.

L'Hypercacher de l'est de Paris a rouvert ses portes hier. Kenzo Tribouillard/AFP

Deux mois après une prise d'otages qui a tétanisé la France et coûté la vie à quatre juifs, le magasin Hypercacher de l'est de Paris a rouvert ses portes hier, une façon de montrer que « la vie continue ». « C'est très important d'être là pour montrer qu'on ne baisse pas les bras. C'est un symbole, il faut que la vie continue, même si c'est très dur pour nous », dit Éric Cohen, père du jeune Yohan, 20 ans, une des victimes tombées sous les balles du jihadiste Amédy Coulibaly. Le 9 janvier, Coulibaly, kalachnikov au bras, faisait irruption dans le supermarché. Le jeune jihadiste français s'y retranchait en prenant en otage clients et membres du personnel pendant plusieurs heures. Il avait été tué dans l'assaut donné quelques heures plus tard par les forces de l'ordre.
Aujourd'hui, l'Hypercacher est toujours là, sa façade noire repeinte en blanc, une banderole provisoire attendant d'être remplacée par l'enseigne définitive. « Abasourdis » par le drame, les responsables n'ont toutefois « jamais remis en cause la réouverture » du magasin, refusant de faire du lieu « un musée », assure avec émotion Laurent Mimoun, l'un des dirigeants de la chaîne.

« Ça fait mal... »
Plus d'une heure avant l'ouverture, une trentaine de personnes, cabas au bras, attendaient patiemment dans le froid de pouvoir faire leurs emplettes, tenues à l'écart par des barrières de sécurité. « Je venais faire mes courses. J'y retourne, glisse Véronique Azria, 55 ans, une liste de course longue comme le bras. On continue notre vie. Ils ne nous mettront jamais à genoux. »
Mais le premier « client » du magasin rénové, c'est Bernard Cazeneuve, le ministre français de l'Intérieur, qui achète deux bouteilles de vin. Un geste symbolique « pour envoyer le signal que la vie est plus forte » et assurer aux Français qu'ils sont « protégés du risque terroriste ». Juste après lui, un homme qui n'avait jamais franchi la porte du magasin en sort, tenant dans un sac plastique des galettes pour Pessah, la Pâque juive, et du vin, sa fille à ses côtés.
Pour la communauté juive, dont plusieurs représentants ont fait le déplacement, comme le président du Consistoire central Joël Mergui, être présent en ce premier jour est une marque de solidarité. « La meilleure réponse face à la tentative de faire pression sur les juifs, c'est qu'il y ait encore plus de monde qui vienne dans ce magasin », affirme Sacha Reingewirtz, président de l'Union des étudiants juifs de France (UEJF). Certains clients ont du mal à cacher leur émotion, comme ce jeune homme qui fait la queue, en pleurs. À côté de lui, une habituée confie : « Ça fait mal, très mal. » D'autres sont venus de loin, comme Izak Rozin, qui arpente les rayons, carrure imposante. Cet Américain dit être arrivé exprès du Michigan pour « soutenir la communauté juive ». « Chez nous, c'était partout dans les actualités, Fox News, CNN... Je me rappelle de ce héros qui venait d'Afrique et qui avait caché des gens dans la cave. » Lassana Bathily, malien naturalisé français, qui avait caché des clients dans les chambres froides, ne fait pas partie de la nouvelle équipe, en arrêt maladie longue durée comme ses collègues. Tous volontaires, les nouveaux employés confient une certaine appréhension, malgré la présence policière et les nombreuses caméras de surveillance. « Un peu de stress, un peu d'angoisse », pour Céline, mais « on est vraiment très contents d'être là ».
À quelques mètres du magasin, des dizaines de bouquets de fleurs ont fané, et une multitude de bougies constellent le trottoir, reliquat des hommages laissés par les badauds...
Pauline FROISSART / AFP

Deux mois après une prise d'otages qui a tétanisé la France et coûté la vie à quatre juifs, le magasin Hypercacher de l'est de Paris a rouvert ses portes hier, une façon de montrer que « la vie continue ». « C'est très important d'être là pour montrer qu'on ne baisse pas les bras. C'est un symbole, il faut que la vie continue, même si c'est très dur pour nous », dit...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut