Yémen: les Houthis blessent 6 personnes lors d'une manifestation

Les miliciens chiites yéménites, dits Houthis, qui contrôlent la capitale, ont tiré à balles réelles samedi pour disperser une manifestation de protestation à Ibb (centre) contre leur coup de force, blessant au moins six personnes selon des témoins.

"Houthis, Iran, le Yémen n'est pas le Liban" scandaient, selon plusieurs témoins, les manifestants avant d'être violemment dispersés par la milice chiite, accusée d'être soutenue par l'Iran chiite, qui a blessé au moins 6 personnes.

"Houthis, Russie, le Yémen n'est pas la Syrie" fusait également dans le cortège, alors que des diplomates de l'ONU ont récemment fait part de leurs inquiétudes concernant la Russie - qui avait bloqué à plusieurs reprises l'action de l'ONU contre le régime syrien - et qui pourrait être réticente à prendre position contre les Houthis.
Une autre manifestation a eu lieu à Sannaa, la capitale, sans faire de blessés.

Les Houthis sont régulièrement accusés d'attaquer et d'arrêter arbitrairement des manifestants hostiles à leur prise de pouvoir, ou des journalistes couvrant les évènements. Ainsi la famille d'un manifestant arrêté par les Houthis mercredi pendant une manifestation à Sanaa a affirmé samedi qu'il avait été torturé et avait succombé à ses blessures.

"Saleh Awadh al-Bashiri est mort à minuit, quelques heures après avoir été libéré par les Houthis avec deux de ses compagnons qui ont été enlevés par la milice au cour de la manifestation de mercredi," a déclaré à l'AFP un membre de la famille, sous couvert d'anonymat. Les familles des deux autres manifestants, qui ont été hospitalisés, ont posté sur les réseaux sociaux des photographies montrant leurs blessures.

Les Houthis ont dissous le gouvernement et le parlement du Yémen le 6 Février après avoir saisi le palais présidentiel et des bâtiments gouvernementaux, suscitant des inquiétudes croissantes pour la stabilité de ce pays, fief de d'el-Qaëda dans la péninsule arabique (Aqpa).
L'insécurité grandissante a poussé cette semaine de nombreux pays à suspendre les activités de leurs ambassades. L'Espagne et les Emirats arabes ont annoncé samedi avoir pris des mesures similaires.
"Nous assistons à l'effondrement du Yémen", avait averti jeudi le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon en lançant devant le Conseil de sécurité un appel à agir pour éviter que la situation dans le pays ne s'aggrave.