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Lifestyle - Hotte d’or

Moustafa sur Tinder

Je venais de finir de faire l'amour pour la onzième fois en trois jours avec Moustafa, 21 ans, 2m03, 98 kilos, joueur star de l'équipe de basket-ball égyptienne el-Zamalek, en vacances à Beyrouth et sur lequel je suis tombée par inadvertance sur Tinder. Ce n'est pas la peine de pousser des cris d'orfraies hypocrites : c'est mignon Tinder, cela permet parfois de savoureuses rencontres, et les célibataires devraient toutes et tous l'essayer. Il m'a fait un gigantesque sourire, de la taille d'une baleine bleue, et m'a dit qu'il crevait de faim, qu'il mangerait sur-le-champ une famille de sangliers. Mon Obélix. J'ai frissonné gentiment, trempé mes lèvres dans ma coupe de Veuve Clicquot et sonné Louisa. Moustafa a commandé un kilo de tagliatelles, huit entrecôtes, un quintal ou presque de tabboulé et cinq knéfés. C'était à mon tour de sourire. Mon beau, si beau pachyderme.

En attendant sa soupe, il a pris le Closer jeté aux pieds du lit. Moustafa parle cinq langues. Son père était diplomate. Sauf qu'il déteste lire, m'a-t-il avoué, et les pages les plus intellectuelles qu'il ait jamais compulsées ont été, un jour de tempête, celles d'un Paris Match avec David Douillet en couverture. Même les bandes dessinées l'ennuyaient. Il collectionnait par contre les revues spécialisées dans le basket-ball. À la bonne heure. Il tournait lentement les pages pendant que je méditais sur l'anatomie masculine avant 25 ans. Elle est waouh, Julia Roberts, à 47 ans, elle n'a jamais fait de chirurgie esthétique, tu vois, tu devrais essayer de passer un an sans rien faire. Quel ânon. Je lui ai expliqué que, d'abord, je ne mettrai aucunement un terme à mes relations follement platoniques avec mes quatre plasticiens (Beyrouth, Rio, Paris et Taipei) et qu'ensuite, cette Mlle Roberts a l'âge de ma petite fille. Elle est waouh, Véronique Sanson, elle a réussi à battre son addiction pour l'alcool, je ne comprends pas pourquoi tu continues à gâcher ta vie avec ta Veuve machin à deux balles, tu te brosses même les dents avec.

C'est fou ce que le bon Dieu, lorsqu'il est généreux avec l'entrejambe d'un homme, oublie totalement de le doter d'un cerveau. Je lui ai expliqué que je n'en ai strictement rien à cirer de Véronique Sanson, qui ne chante pas mais bêle, et que le champagne n'est pas un alcool, mais une philosophie de vie. Il m'a alors regardée avec ces yeux noirs qui auraient fait fondre toute une banquise arctique, en avalant son 142e cajou cru et en me sortant un ntebhi ma tégui bi rassik ya faylassoufi enti avec un sourire et un accent égyptien à mourir de plaisirs. Je lui ai pardonné, pantelante de désir, pendant deux minutes et onze secondes exactement.

Jusqu'à ce qu'il brandisse Closer comme un taliban surexcité en ricanant : Mais quel pédé, ce Mika, regarde, sa fiancée est un mec, qui s'appelle Andy. J'ai beuglé comme une folle, en le traitant de tous les noms, en lui expliquant que les homophobes étaient interdits dans ma maison, dans mon lit et surtout dans mes muqueuses, je l'ai même frappé à plusieurs reprises avec une édition rarissime de Kritik der reinen Vernunf, La Critique de la Raison Pure du délicieux Emmanuel Kant dont je lis toujours un chapitre après chaque orgasme olympique, quel que soit le lieu ou l'heure. Il riait aux éclats, cet imbécile heureux : Bon ok, ok, mais moi je ne comprendrai jamais qu'un homme ne soit pas attiré par les femmes, surtout celles qui te ressemblent, ya rohi. Et voilà !

Ce rat. Il m'a eue de nouveau, rien qu'avec quelques mots. Je me suis levée, me suis drapée dans un semblant de dignité, en réalité une espèce de kimono Comme des Garçons en satin rose et noir, ravalé une lampée de champagne, quand il a dit : Tiens, ils parlent de la bande annonce de Fifty Shades Of Grey. Moi : C'est nullissime, le livre, et sûrement le film. Lui, une énorme entrecôte à la main : Pas si on rejoue les scènes toi et moi. Moi, vaincue, Phèdre ruisselante du troisième millénaire : miam-miam.

 

La précédente Hotte d'or 

Je venais de finir de faire l'amour pour la onzième fois en trois jours avec Moustafa, 21 ans, 2m03, 98 kilos, joueur star de l'équipe de basket-ball égyptienne el-Zamalek, en vacances à Beyrouth et sur lequel je suis tombée par inadvertance sur Tinder. Ce n'est pas la peine de pousser des cris d'orfraies hypocrites : c'est mignon Tinder, cela permet parfois de savoureuses...

commentaires (4)

Trrrrrrrrrrrrrrrrrres sympa! Bravo!!!

Michele Aoun

14 h 55, le 04 février 2015

Tous les commentaires

Commentaires (4)

  • Trrrrrrrrrrrrrrrrrres sympa! Bravo!!!

    Michele Aoun

    14 h 55, le 04 février 2015

  • Oui, DELICIEUX...

    Massabki Alice

    11 h 42, le 04 février 2015

  • E x c e l l e n t.... et "clâââsse" ! Tchin, tchin !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    07 h 47, le 04 février 2015

  • DE LA BOURDE !

    LA LIBRE EXPRESSION

    05 h 16, le 04 février 2015

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