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Liban

Les incinérateurs au centre du débat sur les déchets ménagers

De gauche à droite, Naji Kodeih, Bassam Sabbagh, Fifi Kallab et Paul Abi Rached. Photo IndyAct

Le plan national de gestion des déchets récemment adopté par le Conseil des ministres prévoit en principe la création de décharges dans les six régions définies par le plan. Il n'en demeure pas moins que le mot « incinération » y est glissé comme une option, probablement une option future.
Or, une grande partie de la société civile, qui est déjà hostile au plan national adopté (report de la fermeture de la décharge de Naamé, prolongation du système de privatisation de la collecte et du traitement, pas de rôle alloué aux municipalités, etc.), s'inscrit dans le refus du principe même de l'incinération. Lors d'un débat organisé jeudi soir par IndyAct au siège de l'exposition sur le plastique organisée par l'association à La Quarantaine, des écologistes expliquent les raisons de leur refus de l'incinération tout comme ils dénoncent le manque de sérieux des politiques officielles dans ce domaine.
Fifi Kallab, experte en socio-économie de l'environnement, a récapitulé ce qu'elle a considéré comme des ratages passés de gouvernements successifs dans la gestion des déchets ménagers, estimant qu'aucun plan proposé n'a réellemment été fondé sur des efforts sérieux de réduction des déchets et de recyclage. Elle a déploré la légèreté avec laquelle les responsables ont abordé la dernière crise en date, lançant le débat autour du nouveau plan deux semaines avant l'expiration du contrat avec la compagnie chargée de la plus grande partie du pays, et avant la date de la fermeture présumée de la décharge de Naamé. Elle a évoqué la surprise de voir que l'option des incinérateurs – ou décomposition thermique pour extraire de l'énergie des déchets – refait surface, soulignant que ce procédé produit des résidus hautement toxiques et ne laisse aucune place au tri.
Naji Kodeih, expert écologiste, s'est plus spécifiquement étalé sur les différents termes utilisés – décomposition thermique, récupération d'énergie... –, notant que les responsables évitaient généralement le mot « incinération ». Il a précisé que la récupération d'énergie dépend beaucoup du potentiel énergétique du déchet lui-même, sachant que la composition des déchets au Liban, à majorité organique, rendrait cette opération injustifiable, selon lui. Il a révélé que l'incinération est en déclin dans le monde, citant des études épidémiologiques qui établissent une corrélation entre la proximité d'incinérateurs et l'apparition de maladies. Il s'est résolument positionné contre l'incinération.
Reflétant un autre point de vue, Bassam Sabbagh, chef du département d'environnement urbain au ministère de l'Environnement, a souligné que l'incinération n'est pas une option envisagée dans l'immédiat. Mais il a fait remarquer aux écologistes présents que les alternatives qu'ils privilégient, tels le tri à la source, la réduction de déchets, le recyclage, sont très difficilement applicables à la réalité libanaise. Tout en déclarant ne pas vouloir engager un débat sur le pour et le contre de l'incinération dans l'acception moderne du terme, il a quand même rappelé que dans 400 des 700 dépotoirs sauvages sur le territoire libanais, les déchets sont brûlés tous les jours à l'air libre, ce qui signifie une pollution sans aucune retenue.
Enfin, Paul Abi Rached, président de Terre-Liban, a stigmatisé la politique de privatisation qui se poursuit, estimant que le pays sera bientôt confié à trois compagnies, ce qui ne correspond pas à la décentralisation prônée par le ministre de l'Environnement. Il a déploré l'opacité des politiques gouvernementales en la matière, estimant que les budgets des municipalités seront de nouveau réservés presque exclusivement au traitement des déchets à un coût exorbitant (encore plus si l'incinération est adoptée, selon lui), sans qu'ils n'aient la moindre prérogative dans ce domaine.

S. B.

Le plan national de gestion des déchets récemment adopté par le Conseil des ministres prévoit en principe la création de décharges dans les six régions définies par le plan. Il n'en demeure pas moins que le mot « incinération » y est glissé comme une option, probablement une option future.Or, une grande partie de la société civile, qui est déjà hostile au plan...

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