« L'Orient-Le Jour » : Le mot d'ordre de la classe politique est devenu la lutte contre la corruption. N'est-il pas quelque peu paradoxal cependant de s'y attaquer en pleine perversion du système politique et constitutionnel ?
Boutros Harb : Il est peut-être devenu nécessaire de revenir à certaines définitions. La corruption, est-ce uniquement de toucher de l'argent en contrepartie de rendre certains services en violation de la loi ? Il y a plusieurs sortes de corruption : clientélisme, népotisme, corruption à l'échelle partisane ou communautaire, volonté d'étendre son influence au service de certaines personnes à des fins électorales, etc. Or ce qui se produit aujourd'hui est une consécration organisée de la corruption au Liban à tous les niveaux. Il est facile de faire face à la corruption individuelle, mais lorsque la corruption devient partie intégrante du système politique et social, et qu'elle en est donc légitimée... C'est comme si nous étions face à un effondrement des concepts et des valeurs sociales et morales. Il s'agit du danger le plus grave auquel le Liban fait face. Le Hezbollah possède des armes en dehors de la légalité et se bat en Syrie, entraînant le pays dans une situation malsaine, c'est vrai. Le pays est divisé sur le plan confessionnel, d'accord. Nous n'avons pas de président de la République, les institutions sont presque paralysées, c'est aussi vrai. Au niveau du pouvoir exécutif, nous avons institué un régime hybride qui est insensé, à savoir qu'il faut qu'il y ait une unanimité entre tous les ministres pour chaque décision. Chaque ministre dispose aujourd'hui de prérogatives plus grandes que celles du président de la République, dont il assure les fonctions par intérim. Mais tout cela peut être résolu. Par contre, si les valeurs sur lesquelles reposent le régime démocratique et la société disparaissent, nous nous rendrons compte à quel point l'avenir du Liban est en danger...
Quelle est la raison de cet effondrement ?
La perte des valeurs morales et la baisse du niveau politique au sein de la classe politique, même s'il reste des gens très valables. Il ne faut surtout pas généraliser. Le climat ambiant semble supposer que tout est permis, que chacun doit garantir ses propres intérêts aux dépens de l'intérêt public. Il y a une dérive qui voudrait qu'en assurant son intérêt privé, l'on soit en train de garantir l'intérêt public. Or c'est exactement le contraire qui devrait être. C'est justement ce genre de dérive qui provoque l'effondrement du système. Nous faisons face au danger de la chute de la société libanaise, qui repose sur plusieurs valeurs : d'abord, accepter l'autre et son opinion différente, trouver les moyens de vivre avec lui, ainsi que des modes démocratiques de résolution de conflits qui pourraient émerger, loin de la violence, du meurtre, des liquidations, de la terreur. Ensuite, la justice, la loi, le droit. C'est le principe de la prévalence du droit qui préserve les sociétés, les libertés publiques et les droits privés. Il met fin à la loi de la jungle et à la logique des abadaye, comme ce qui s'est produit à Kfardebian. Or la corruption n'est pas limitée à une seule frange de la société. Elle s'est généralisée. Lorsque le prestige de l'État s'effondre, ce sont les parasites qui en sortent renforcés, c'est-à-dire les caïds de quartiers, ainsi que ceux parmi les zaïms politiques qui utilisent ce genre de procédés pour consacrer leur zaamat. Si nous ne rebâtissons pas cette culture de l'appartenance sociale et de la prééminence de l'intérêt public comme voie permettant d'assurer le confort, la sérénité et les droits des citoyens, ainsi que la culture de la distinction entre ce qui est bien et ce qui est mauvais, ce qui est juste et ce qui est faux, quoi que nous fassions sur le plan politique, nous sommes perdus. Et ce n'est pas un cours de philosophie que je suis en train de donner, mais une lecture pratique, parce qu'une telle redéfinition de ces repères est de nature à toucher la classe politique d'abord.
Réserves contre la société civile
Pourtant, nous sommes à une époque où il est plus que jamais question d'opinion publique...
J'ai bien peur que cette opinion publique ne soit devenue virtuelle. Je mise certainement sur son action, mais, dans certains cas, une certaine société civile joue le rôle de faux témoin. À titre d'exemple, mon entendement ne saurait accepter que la société civile ne fasse rien, alors que la République est paralysée du fait du blocage de la présidentielle par défaut de quorum. Par contre, elle s'est mobilisée lorsque la Chambre a prorogé son mandat. Les deux cas de figure sont similaires ! Voire : le premier est pire que le second, pour une raison bien spécifique : si un président avait été élu, la Chambre n'aurait pas prorogé son mandat ! Si la société civile n'adopte plus ses positions par principe, cela veut dire que la société va dans le mauvais sens.
La société civile n'est-elle pas le reflet de la société ?
La société civile a aussi besoin d'une réforme. Avant de parler de la corruption chez les autres, elle ferait bien aussi de s'intéresser à celle qui sévit dans ses milieux. Existe-t-il aujourd'hui un contrôle sur les dépenses et les fonds reçus par les associations qui en font partie ? Par ailleurs, chacun traduit un projet privé au sein d'un groupe et lui accole l'étiquette de société civile. Encore une fois, je ne souhaite pas généraliser. L'inquiétude concernant la société civile est qu'elle se transforme de société qui surveille notre société politique et civile en un groupe de personnes ambitieuses d'évincer les politiques pour s'asseoir à leur place. Nous serions ainsi en train de perdre un contre-pouvoir qui joue un rôle d'assainissement au sein de la société, et les acteurs de la société civile perdraient alors leur objectivité.
Qui ou qu'est-ce qui assume la responsabilité de cette perversion du système politique libanais ?
Nous tous : les leaders politiques et spirituels, les intellectuels et les leaders d'opinion, qui occultent leur propre rôle ou se sont placés au service des pôles d'intérêts sous leurs différents aspects, ce qui a provoqué la disparition de la pensée libre au Liban et a fragilisé la société...
La dérive consensualiste
Concernant la présidence de la République, vous avez récemment affirmé que le président ne devrait pas être uniquement le résultat d'une entente entre toutes les parties...
L'entente n'est pas une condition pour l'élection du président. Sinon, il ne s'agit plus d'une élection. Cela devient une cooptation. L'élection, c'est la compétition entre plusieurs candidats, et celui qui a la majorité l'emporte. Cela ne revient pas à dire qu'il faut s'entendre, sans quoi il n'y a pas de président. C'est une culture qui est nouvelle, et elle ne vaut pas grand-chose ! D'ailleurs, les règles de notre système consensuel sont énoncées dans la Constitution, nous n'avons pas à tout faire au nom du consensus, comme par exemple le fait de s'entendre au préalable sur un seul candidat avant la présidentielle. Cela n'a jamais été le cas dans l'histoire du Liban !
Mais l'adoption du quorum des deux tiers n'a-t-il pas forcément conduit à cela ?
Ma position est claire et bien connue : ce quorum a été fixé à des fins politiques, relatives à la candidature, en 1982, de Bachir Gemayel à la présidence. Kamel el-Assaad, à l'époque président de la Chambre, était en faveur de cette candidature, mais il ne voulait pas qu'elle soit uniquement chrétienne, et qu'il soit le seul musulman à lui assurer une couverture, dans la mesure où l'opinion publique musulmane était contre lui. Il imposa, à l'époque, que la séance ne se déroule pas sans la présence des deux tiers des députés. Et depuis... c'est devenu une habitude. Rien dans les textes constitutionnels ne fixe le quorum aux deux tiers. La Constitution ne stipule pas qu'il existe un quorum particulier à l'élection du président, juste qu'au premier tour, ce dernier a besoin des deux tiers, et, au deuxième tour, de la majorité absolue. Il n'y a donc pas de quorum spécifique pour l'élection présidentielle. Si le législateur voulait fixer un quorum, il l'aurait explicitement fait, comme il l'a fait par exemple pour l'amendement de la Constitution, qui nécessite les deux tiers, ou dans le cas où l'amendement est rendu à la Chambre. Donc, le quorum est normal, en l'occurrence celui qui fait que les séances de la Chambre sont viables. Cependant, cette coutume des deux tiers a perduré. Son seul avantage, c'est qu'elle empêche toute équipée unilatérale dans la course présidentielle. Mais nous sommes désormais au second tour, qui nécessite la majorité absolue. Le président de la Chambre refuse cette théorie, sous prétexte que cela créerait une crise politique et confessionnelle. La crise en l'occurrence pourrait être une déflagration militaire et sécuritaire. Je comprends, mais cela ne veut pas dire qu'il faudrait offrir des cadeaux à celui qui fait du chantage au peuple libanais et torpille le quorum.
Ce consensualisme rigide n'est-il pas source de dangers ?
Cela mène à une fédération de partis politiques et de communautés. Nous sommes dans l'immobilisme, dans un système qui ne fonctionne pas, qui ne peut continuer à vivre, qui ne peut pas remédier à ses problèmes, et ne peut répondre ni aux besoins de la nation ni à ceux de la Constitution ou de l'État. Il est nécessaire d'en revenir aux règles fondamentales. Le député est élu pour remplir ses devoirs. L'un de ses droits et de ses devoirs essentiels est d'élire un président de la République. Il n'a pas le droit de bloquer cette élection. Il peut exprimer une opinion négative, mais c'est inadmissible qu'il en vienne à dire : ou vous m'élisez président, ou il n'y a pas d'élection. Éventuellement, l'on peut prendre position, une fois, en boycottant ou par une attitude négative ; mais pas quitte à ce que cela devienne une règle pour torpiller le système ! Aujourd'hui la Chambre ne se réunit plus que sous l'état d'urgence ou de nécessité. Le Conseil des ministres se réunit, et chaque ministre a plus de prérogatives que le président de la République. Aujourd'hui, j'ai plus de prérogatives en Conseil des ministres que Michel Sleiman ou Émile Lahoud à leur époque !
Cela ne pourrait-il pas encourager au maintien du statu quo actuel, sans président ?
C'est ce qui est grave. Cela dit, je salue la patience et la détermination du Premier ministre Tammam Salam à préserver le Conseil des ministres. Si le gouvernement chute, et en l'absence d'un président de la République, comment en former un nouveau ? Si Michel Aoun continue de dire que c'est lui ou personne, que le cabinet chute ou non, il ne permettra pas l'élection de quelqu'un d'autre. Il n'y aura plus ni de cabinet, ni de président, ni de Parlement. C'est alors tout le système qui risque de s'effondrer.
Le risque de refonte du système
Qu'en est-il de la question du tiers de blocage ?
Il n'y a rien qui s'appelle le tiers de blocage dans Taëf. Il y a des décisions essentielles sur des questions fondamentales, tel que le stipule la Constitution, qui nécessitent, en Conseil des ministres, la majorité qualifiée des deux tiers. Le gouvernement est formé par le président de la République et le Premier ministre. Le choix et le nombre des ministres ne peuvent leur être imposés par ce qui ce soit, en principe. Le président de la République et le Premier ministre devraient, eux, avoir la majorité absolue en Conseil des ministres. Le président Sleiman a dû faire une concession dans ce domaine, mais l'accord de Doha était exceptionnel, et c'est le canon qui l'avait imposé. Mais, après Doha, il ne fallait pas accepter une ingérence quelconque dans le choix des ministres. Je l'avais dit au président Sleiman : il ne devait pas accepter que quiconque lui impose ni le moindre nom d'un ministre ni le choix d'un portefeuille quelconque. La situation était exceptionnelle, mais elle ne devait pas devenir une règle.
N'y a-t-il pas quelqu'un qui œuvre en permanence pour que cela devienne une règle ?
Je suis convaincu qu'il y a une partie des Libanais qui croit que l'accord de Taëf n'est plus à la mesure de ses dimensions actuelles. Il s'agit évidemment du Hezbollah. Ce dernier a atteint un tel degré de puissance, en raison des armes qu'il possède et du soutien dont il dispose de la Syrie ou de l'Iran, qu'il n'accepte plus qu'une décision soit prise sans son assentiment. C'est pourquoi il a œuvré et imposé ses conditions pour empêcher la formation de tout gouvernement au sein duquel il pourrait, avec ses alliés, bloquer, en s'assurant plus que le tiers des ministres. C'est là que ce principe a émergé, pas à Taëf. Celui qui a les armes n'a en principe pas besoin du tiers de blocage, et nous en avons fait l'expérience le 7 mai. Cela revient à dire que le tiers de blocage cherche à installer durablement, dans les textes constitutionnels – à institutionnaliser et à faire entrer dans le système constitutionnel et coutumier – un état de fait fondé sur la force. Si un tel système reste en place, le pays, à mon avis, n'est pas viable. Cela nécessiterait, alors, une révision du système, qui ne peut plus perdurer tel quel.
Existe-t-il une volonté véritable chez certains d'aboutir à une refonte du système ?
Certainement. J'en suis convaincu. Ce système, le Hezbollah considère qu'il n'est plus taillé à sa mesure.
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Pour un président aux options et au parcours politique clairs
Est-il candidat à la présidence de la République ?
« Je n'ai pas annoncé officiellement ma candidature, répond Boutros Harb. Mais je le suis de facto, dans la mesure où mon nom est évoqué dans le cadre de la course présidentielle. »
S'il fallait commencer à redresser la République quelque part, par quoi débuterait-il ?
« L'application de la Constitution, répond-il. Il faut renouer avec les principes. Et par la relance du dialogue avec tout le monde. Un président de la République ne peut pas être celui d'une partie des Libanais contre les autres. Le président doit être celui du 14 et du 8 Mars, quel que soit le camp dont il est issu. Il doit être capable de dialogue, et avoir une vision de sa mission. Cela ne veut pas dire qu'il fera des miracles du jour au lendemain. »
Mais, dans le contexte actuel, un président consensuel peut-il faire autre chose que gérer la crise ?
« Que veut dire un président consensuel ? C'est un président agréé par tous. Comment cela peut-il exister... à moins d'avoir menti à tout le monde ? Soyons réalistes ! » affirme le ministre des Télécoms.
« Les Libanais ne peuvent plus supporter ce genre d'aventures, ajoute-t-il. Mieux vaut avoir un président dont le parcours politique et les positions soient clairs et l'esprit démocratique bien connu, qui puisse dialoguer avec toutes les composantes. C'est sur cette base qu'il devrait diriger le pays, en songeant qu'il a la responsabilité politique de ne pas conduire le pays à l'explosion, qu'il doit œuvrer pour sa recomposition, la reconstitution de son pouvoir démocratique et tenter de rapprocher les gens les uns des autres, pas à pas, pour essayer de sortir de la crise, pas pour la gérer. Or un président consensuel, c'est un président qui n'a jamais fait de peine à personne, qui a obtenu l'aval de tous, qui est incapable d'avoir une influence quelconque sur qui que ce soit, et qui est donc redevable à tout le monde. En d'autres termes, il ne sert à rien, qu'il soit élu ou non ! Ce dont nous avons besoin, c'est d'un président qui puisse coopérer avec tous, mais qui n'écoute que sa propre conscience, dans le respect des règles et des valeurs de l'État et de la démocratie. »
Mais y a-t-il une possibilité, dans les circonstances actuelles, qu'un président soit élu sans l'accord du Hezbollah ?
« Oui, sans être un président contre le Hezbollah, souligne Boutros Harb. Si le Hezbollah souhaite sortir du contexte démocratique, il peut, certes, empêcher l'élection de tout candidat qui ne lui plaise pas. Mais ce que je souhaite, c'est que ce parti considère qu'il fait partie de la société libanaise. Le président n'a pas les prérogatives suffisantes de faire la guerre ou de comploter contre le Hezbollah, et le parti le sait. Le chef de l'État dispose uniquement d'un pouvoir moral. Le meilleur président pour le Hezbollah serait un homme raisonnable et capable de dialoguer avec tout le monde. Il peut penser qu'un président faible lui serait préférable, mais il a tort, car ce dernier pourrait le conduire, et le pays avec, vers l'inconnu. Un tel président disposant des capacités de gouverner peut constituer une garantie pour le Hezbollah, même s'il ne partage pas ces opinions et sa politique, dans la mesure où il sait quelles sont les limites et les règles du jeu politique. Un tel président, qui a son expérience et ses convictions, n'essaiera pas d'obtenir quoi que ce soit par la force du Hezbollah. »
Dans la pratique, cependant, le Hezbollah peut-il avoir confiance en un président qui ne soit pas totalement acquis au maintien du mini-État ?
« Est-il dans l'intérêt du Liban qu'un président vienne garantir le maintien de la république du Hezbollah au sein de la République libanaise ? L'État dans l'État n'est pas viable. Le Hezbollah doit se convaincre, s'il veut vraiment l'intérêt du Liban, qu'il doit entrer dans l'État. Il ne peut plus rester hors de ce dernier. »
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Le blocage de la présidence à des fins personnelles, « un crime »
Le blocage présidentiel entraîne-t-il une responsabilité légale quelconque ?
« Oui, répond Boutros Harb. Il y a un coup d'État contre la Constitution et il est passible de poursuites ; mais la responsabilité n'est pas forcément légale. Elle peut être morale et historique, si ce n'est plus, car c'est tout un pays qu'on est en train de torpiller. »
« Le blocage d'un pays dû à un seul homme et ses ambitions est rien moins qu'un crime. Mais nous espérons que le dialogue interchrétien puisse convaincre le général Aoun de proposer des alternatives possibles et raisonnables, loin de l'option moi ou le chaos », ajoute-t-il.
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« Le dialogue ? J'ai des craintes... »
N'y a-t-il pas un danger que les deux dialogues en cours conduisent à plus encore de perte de confiance des Libanais et de plus de déconsidération du politique ?
Pour Boutros Harb, le dialogue est certes « fondamental pour que le pays continue d'exister ».
« Mais j'ai des craintes, ajoute-t-il. Nous dialoguons sur quoi, comment consacrer le statu quo actuel, comment chacun va conforter sa part et son influence au pouvoir ? Si tels sont les résultats du dialogue, je suis contre. Par contre, si ce dialogue est sérieux et vise à effectuer un retour à l'État et aux principes fondamentaux qui sont à la base de l'édifice étatique, je suis pour. C'est le cri que j'ai lancé l'autre jour à l'ordre des avocats, en mettant en garde contre un accord aux dépens de l'intérêt du Liban et dans l'intérêt des différentes parties libanaises. Et, par parties, j'entends tous les bords. Le dialogue interchrétien répond à un besoin, surtout avec le début du dialogue intermusulman. Les chrétiens, et ceux qui assument aujourd'hui la responsabilité principale dans leur représentation, ont senti qu'ils devaient être présents et jouer leur rôle. Nous souhaitons que ce besoin conduise à des résultats. »
Mais la hantise de l'unité interchrétienne ne contribue-t-elle pas, cependant, à paralyser la démocratie et l'échéance présidentielle ?
« Moi, chrétien maronite, je dis : Je souhaite que toutes les communautés deviennent démocratiques, répond le ministre des Télécoms. L'alignement de toutes les communautés en un seul rang monolithique transforme le Liban en un ensemble de mini-États sectaires et les partis politiques en formations communautaires. Conséquence : la vie politique s'étiole. Je souhaite, partant, que les sunnites, les chiites et les druzes deviennent comme les chrétiens à ce niveau, et pas le contraire. Pour le pluralisme des leaders, donc, mais à condition qu'il y ait, naturellement, un accord minimal sur les constantes nationales. »
« Il est bon de vouloir décrisper la tension, mais à condition que cela ne serve pas de tremplin pour atteindre d'autres objectifs et d'autres accords, aux dépens de la souveraineté, du concept de l'État, de la loi, de la Constitution. Au contraire, l'objectif devrait être de retourner à toutes ces constantes », ajoute-t-il.
Mais n'a-t-il pas peur que les parties au dialogue perdent de leur identité, quelque part, chemin faisant ?
« Si. C'est pourquoi je suis en train de mettre en garde. Je suis inquiet. Ce pays ne nous appartient pas. Il est à nos enfants. Si nous l'édifions sur de mauvaises fondations, c'est une bombe à retardement que nous léguons à nos enfants. Tentons plutôt de rectifier la situation, pour qu'ils héritent d'un pays viable. »
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09 h 29, le 25 janvier 2015