Rechercher
Rechercher

Liban - Décryptage

L’attaque de Kuneitra et la riposte attendue...

L'attaque israélienne contre un convoi du Hezbollah à Kuneitra a dominé l'actualité libanaise et régionale au cours des dernières 24 heures. Six cadres du parti tués d'un coup, ainsi qu'un général iranien Mohammad Ali Allah Dadi, c'est un grand succès pour les Israéliens qui ont, selon les experts militaires, bénéficié d'une trahison soit dans les rangs de l'armée syrienne, soit au sein du Hezbollah. Ce serait cette trahison qui leur aurait permis de déterminer avec précision l'importance du convoi et ses déplacements. Cet élément est d'ailleurs pris au sérieux dans les milieux proches du Hezbollah qui précisent toutefois que, depuis 2006, ce parti a considérablement augmenté ses effectifs et ses moyens. Cette importance acquise en quelques années a son revers, puisqu'elle rend plus faciles de possibles infiltrations, celles-ci restant toutefois à des niveaux inférieurs. De toute façon, estiment les milieux proches du Hezbollah, ce parti se considère en situation de guerre avec les Israéliens, et, à partir de là, les coups reçus et portés sont une situation quasiment normale.

 

(Lire aussi : Le Hezbollah enterre dans la colère Jihad Imad Moghniyé)


Ce qui est sûr, c'est que l'attaque israélienne contre le convoi du Hezbollah à Kuneïtra intervient après la longue interview accordée par le secrétaire général du Hezbollah à la chaîne al-Mayadeen, dans laquelle Hassan Nasrallah menaçait clairement les Israéliens de riposte au cas où ses forces seraient attaquées en Syrie. La réponse israélienne ne s'est donc pas fait attendre puisque l'attaque israélienne a eu lieu trois jours après les propos du sayyed.


Au-delà de l'attaque en elle-même, qui est sans doute un coup réussi du point de vue israélien, les milieux politiques et diplomatiques guettent la réaction du Hezbollah et se demandent surtout si une nouvelle guerre israélo-libanaise se profile à l'horizon. Cette hypothèse est d'autant plus évoquée que les rapports diplomatiques en provenance de Jérusalem montrent que les dirigeants israéliens sont très mécontents des négociations américano-iraniennes sur le dossier nucléaire iranien et craignent au plus haut point la conclusion d'un accord entre l'Occident et la République islamique sur ce sujet. L'attaque contre le convoi militaire regroupant des cadres iraniens et du Hezbollah serait donc quelque part un message aux États-Unis, visant à montrer la détermination des Israéliens à se lancer dans une nouvelle guerre au cas où les négociations se dirigeraient vers un accord. En même temps, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, qui doit affronter des élections anticipées au mois de mars, compte sur cette opération pour augmenter sa popularité chez les électeurs israéliens en se présentant comme un leader fort et agressif face au Hezbollah et à l'Iran. Netanyahu compte donc axer sa campagne sur la force et la protection des intérêts sionistes, même face aux États-Unis, d'autant qu'il est clair qu'entre lui et le président américain, Barack Obama, le courant ne passe pas, et l'administration américaine ne cache pas son souhait de voir Netanyahu perdre les prochaines élections. Ce dernier aurait donc lancé l'attaque pour consolider ses positions internes, misant sur trois facteurs : d'abord, selon les Israéliens, le Hezbollah ne peut pas se lancer dans une guerre contre eux, alors qu'il est plongé jusqu'au cou dans les sables mouvants syriens ; ensuite, l'Iran traverse une grave crise économique, ce qui réduit les aides qu'il peut fournir au Hezbollah ; et enfin, les pays du Golfe, en général si prompts à financer la reconstruction après une guerre contre Israël, ne sont pas prêts cette fois à débourser un seul sou.


Selon la presse israélienne, ces considérations devraient donc limiter les possibilités de riposte du Hezbollah, sachant que ce parti fait en général preuve de retenue et calcule bien ses actes.

 

(Lire aussi : Golan : Pour le Yediot, le Hezbollah répondra, mais évitera d'ouvrir un nouveau front avec Israël)


Dans les milieux proches du 8 Mars, le son de cloche est différent : s'il est certain que le Hezbollah ne veut pas d'une guerre contre Israël en cette période complexe, il ne peut pas non plus laisser passer une telle agression sans réagir d'une manière ou d'une autre. Le secrétaire général du parti n'a cessé de dire que le Hezbollah est prêt à toutes les éventualités et que sa participation aux combats en Syrie ne réduit pas sa vigilance à la frontière avec Israël. L'opération effectuée par les combattants du Hezbollah contre une position israélienne dans les fermes de Chebaa au cours de l'été dernier se voulait un message clair en ce sens aux Israéliens.

Mais la dernière attaque de Kuneitra l'oblige aujourd'hui à lancer une nouvelle attaque qui devrait être ciblée, tout en faisant mal aux Israéliens. Les milieux proches du 8 Mars estiment à cet égard que le Hezbollah ne devrait pas mener sa riposte à partir du Liban, pour ne pas être accusé de déclencher une nouvelle guerre contre le pays, d'autant qu'une telle guerre, à l'heure actuelle, remettrait en cause le rôle de la Finul, au moment où l'Europe fait face à la menace des terroristes takfiristes. De même, des sources diplomatiques révèlent qu'à la lumière des développements dans la région et en Europe, de plus en plus de services occidentaux considèrent la participation du Hezbollah aux combats en Syrie comme un événement positif, puisqu'elle permet de limiter la nuisance des groupes terroristes. Ces services ne seraient donc pas favorables à l'éclatement d'une nouvelle guerre entre Israël et le Hezbollah à un moment aussi critique.

 

C'est pourquoi la question qui se pose aujourd'hui est la suivante : le parapluie international qui protège le Liban et pousse les services de renseignements occidentaux à aider autant que possible l'armée libanaise dans sa chasse aux terroristes takfiristes est-il aussi valable en ce qui concerne Israël ? Depuis l'annonce de l'attaque israélienne de Kuneitra, les canaux diplomatiques se sont aussitôt mobilisés pour tenter d'éviter une escalade et surtout pour connaître les intentions du Hezbollah...

 

Lire aussi

Le Hezbollah entretient le flou sur ses intentions de riposte, l'éclairage de Philippe Abi-Akl

La presse libanaise entre menaces et mises en garde

L'attaque israélienne contre un convoi du Hezbollah à Kuneitra a dominé l'actualité libanaise et régionale au cours des dernières 24 heures. Six cadres du parti tués d'un coup, ainsi qu'un général iranien Mohammad Ali Allah Dadi, c'est un grand succès pour les Israéliens qui ont, selon les experts militaires, bénéficié d'une trahison soit dans les rangs de l'armée syrienne, soit au...

commentaires (5)

Après ce raid le Mutisme du Hezb est assourdissant. On est partagé entre un sentiment de stupéfaction de par son attitude inédite, et une vision plus pragmatique de la situation. Le Hezb, le clan alaouite, et l’Iran sont empêtrés dans le bourbier syrien ou le nombre d’antagonismes préfigure une guerre civile de très longue durée. L ouverture d’un nouveau front avec Israël pourrait engager l’avenir de Bachar et ses séides, fragilisés par une lutte sans merci avec un ennemi multiforme. Toutefois ce raid succède de moins de 72 heures à un discours exalté de Nasrallah sur la supposée puissance de son armée et l’invasion de la Galilée. Afin d’éviter de perdre la face et se couvrir de ridicule, il est probable que la réaction du Hezb se limitera a une confrontation en dehors des théâtres d’opération Syrien et Libanais, ou il ne peut encore plus compromettre sa position … Celle-ci est déjà très précaire de par sa vulnérabilité sur le plan militaire en Syrie, un passif lourd au niveau politique Libanais, et la faiblesse de ses alliés.

ANDRE HALLAK

21 h 46, le 20 janvier 2015

Tous les commentaires

Commentaires (5)

  • Après ce raid le Mutisme du Hezb est assourdissant. On est partagé entre un sentiment de stupéfaction de par son attitude inédite, et une vision plus pragmatique de la situation. Le Hezb, le clan alaouite, et l’Iran sont empêtrés dans le bourbier syrien ou le nombre d’antagonismes préfigure une guerre civile de très longue durée. L ouverture d’un nouveau front avec Israël pourrait engager l’avenir de Bachar et ses séides, fragilisés par une lutte sans merci avec un ennemi multiforme. Toutefois ce raid succède de moins de 72 heures à un discours exalté de Nasrallah sur la supposée puissance de son armée et l’invasion de la Galilée. Afin d’éviter de perdre la face et se couvrir de ridicule, il est probable que la réaction du Hezb se limitera a une confrontation en dehors des théâtres d’opération Syrien et Libanais, ou il ne peut encore plus compromettre sa position … Celle-ci est déjà très précaire de par sa vulnérabilité sur le plan militaire en Syrie, un passif lourd au niveau politique Libanais, et la faiblesse de ses alliés.

    ANDRE HALLAK

    21 h 46, le 20 janvier 2015

  • Mais le Sayyed disait qu'il n avait personne a Kuneitra! Que faisait ce groupe de militaire? Du tourisme surement....

    IMB a SPO

    16 h 39, le 20 janvier 2015

  • Que Netanyahu aille saboter l'accord USA-Iran sur le nucléaire iranien chez son ami Lucifer au fond de l'enfer et non chez nous au Liban. Il ne faut absolument pas lui donner cette chance.

    Halim Abou Chacra

    11 h 40, le 20 janvier 2015

  • TRÈS RIGOLO ! ON ANALYSE... TRÈS CHÈRE MADAME SCARLETT HADDAD... ET ON "EXPLIQUE" À NOTRE FAçON ET CELLE DU HEZB... COMME SI LE LECTEUR N'AVAIT PAS UN CERVEAU POUR COMPRENDRE ET JUGER ! DÉCRYPTAGE... ÉCLAIRAGE... OU... LAVAGE DE CERVEAU ???

    LA LIBRE EXPRESSION

    07 h 19, le 20 janvier 2015

  • Que Dieu nous preserve d'une guerre folle...

    Soeur Yvette

    06 h 14, le 20 janvier 2015

Retour en haut