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Moyen Orient et Monde - Diplomatie

Kerry : Je voulais être ici avec tout Paris, toute la France

Laurent Fabius s'est félicité de la venue du secrétaire d'État américain ; Anne Hidalgo accueille « l'ami américain ».

Rick Wilking/Pool/AFP.

Une longue étreinte avec le président français, des mots simples de compassion et un périple sur les lieux des attentats à Paris : l'Américain John Kerry a multiplié hier hommages et gestes de solidarité avec la France endeuillée par de sanglantes attaques la semaine dernière.
Avec cette visite, assez peu protocolaire et empreinte d'émotion, le secrétaire d'État américain a tout fait pour faire oublier la sous-représentation de son pays à la marche historique dimanche à Paris contre le terrorisme. « Nous partageons la douleur du peuple français », a résumé M. Kerry, francophile et francophone, en rencontrant tôt le président François Hollande. « Je voulais être ici avec tout Paris, toute la France », a-t-il dit plus tard, lors d'une cérémonie à la mairie de Paris. L'image de John Kerry et de François Hollande partageant un « big hug » au pied du perron de l'Élysée répond, cinq jours plus tard, à celle, non moins stupéfiante, de dizaines de dirigeants internationaux manifestant à Paris contre le terrorisme. Pour rappel, l'absence d'un haut responsable américain à cette marche historique – Washington n'était représenté que par son ambassadrice Jane Hartley – a provoqué une polémique outre-Atlantique, la Maison-Blanche devant même faire son mea culpa en reconnaissant une erreur d'appréciation. La France, elle, n'en a pas pris ombrage. Mais « c'était bien que John Kerry soit là aujourd'hui. C'était très bien », s'est félicité hier son homologue français Laurent Fabius, en affirmant que M. Kerry s'était excusé de ne pas avoir été présent à la marche de dimanche, ce que l'intéressé a démenti. M. Kerry, qui était le week-end dernier en Inde, a salué à l'Élysée « le peuple français qui s'est réuni avec un sens aigu de l'unité » après les attentats qui ont fait 17 morts et une vingtaine de blessés la semaine dernière.
« Vous avez vous-mêmes été victimes d'un attentat terroriste exceptionnel, le 11-Septembre », avait auparavant souligné François Hollande. « Nous devons donc trouver ensemble les réponses nécessaires » contre la menace terroriste, a-t-il ajouté.

Gerbes de fleurs et souvenirs personnels
M. Kerry s'est ensuite rendu avec M. Fabius sur les lieux de l'attentat contre le supermarché casher, où 4 juifs ont été tués le 9 janvier, et devant le siège de Charlie Hebdo, où 12 personnes, dont 7 journalistes, avaient été abattues deux jours auparavant. Les deux responsables ont déposé une gerbe de fleurs devant le magasin situé dans l'est parisien. Détendu tout en restant grave, M. Kerry a pris son temps, discutant plusieurs minutes avec le président du consistoire israélite de France Joël Mergui devant le supermarché, où des drapeaux israélien et français étaient accrochés à des barrières métalliques. Puis, devant le siège de Charlie Hebdo, dans le centre de Paris, il a lu, en compagnie de M. Fabius, quelques-uns des centaines de messages d'hommage affichés sur la façade. M. Kerry a ensuite amicalement embrassé M. Fabius sur les joues avant d'aller déposer des fleurs et de se recueillir, quelques mètres plus loin, à l'endroit où un policier blessé a été achevé d'une balle dans la tête par un des tueurs de Charlie Hebdo, quelques minutes après la sanglante attaque contre l'hebdomadaire satirique. Mais le point d'orgue de cette visite de solidarité s'est déroulé à la mairie de Paris, où la maire Anne Hidalgo a accueilli l'« ami » américain. « Je voulais vous dire en personne l'horreur des Américains » face au « cauchemar », « l'infâmie » qu'a vécus la France, a répété le secrétaire d'État, avant de faire un discours très personnel, évoquant des souvenirs de jeunesse dans l'Hexagone, où a grandi sa mère. Saluant les « héros » tout à coup sortis de l'anonymat dans les attentats, il a notamment rendu hommage à Lassana Bathily, présent dans la salle, « un musulman malien qui a risqué sa vie pour sauver des clients juifs » lors de l'attaque du supermarché casher. « Je représente une nation qui rend grâce chaque jour d'avoir la France comme son plus ancien allié », a déclaré le secrétaire d'État américain, dans un discours très personnel, évoquant des souvenirs de jeunesse. M. Kerry, dont la mère a grandi en France, est francophile et francophone. Son cousin germain est Brice Lalonde, un écologiste français, ex-ministre. « Que personne ne s'y trompe : ce que les terroristes ne comprennent pas, ne peuvent pas comprendre, c'est que la bravoure et la décence ne céderont jamais à l'intimidation et la terreur », a lancé M. Kerry. « Nous ne nous laisserons pas entraîner dans le désespoir », a martelé M. Kerry, avant de céder la place au chanteur américain James Taylor, qui a gratté une « Marseillaise » sur sa guitare avant de chanter son célèbre « You've got a friend » (« Tu as un ami »). Et face à la défaillance d'un micro sur pied, Mme Hidalgo est intervenue pour en tenir un autre devant l'artiste afin qu'il puisse aller au bout de sa chanson.

Cécile FEUILLATRE, Stéphanie LEROUGE/AFP

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