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À La Une - Israel

Marche contre le terrorisme à Paris : Netanyahu en a-t-il fait trop ?

Les Israéliens jasent sur le comportement de leur Premier ministre pendant le manifestation.

L'image que Benjamin Netanyahu renvoyait aux Israéliens de leur comportement en groupe a semblé retenir leur attention. REUTERS/Yves Herman

Benjamin Netanyahu en a-t-il fait trop pour se retrouver au premier rang de la marche contre le terrorisme ? Les Israéliens, amusés ou embarrassés, se sont posé la question en voyant leur Premier ministre jouer des coudes à Paris, tout en y reconnaissant un trait distinctif d'eux-mêmes.

Les attentats en France et l'assassinat de quatre Juifs ont bouleversé Israël. Les victimes ont été inhumées mardi à Jérusalem, dans un pays endolori et déjà inquiet du prochain acte antisémite. Sous le choc, les Israéliens ont quand même trouvé la ressource pour sourire ou s'indigner, en tout cas beaucoup jaser sur le langage corporel de leur Premier ministre à Paris. Parmi les images fortes des événements français s'est détachée, en Israël aussi, celle de dirigeants du monde entier en tête d'une foule incalculable, avec en première ligne et à quelques mètres l'un de l'autre M. Netanyahu et le président palestinien Mahmoud Abbas, de part et d'autre du président français François Hollande.

D'autres scènes, moins solennelles, n'ont pas échappé aux Israéliens, pourtant tout à leur deuil. Au tout début de la marche, M. Netanyahu, alors au deuxième rang, attire l'attention du président malien Ibrahim Boubacar Keïta devant lui pour lui serrer la main, et, en un tournemain, se retrouver au premier rang. Des observateurs ont fait remarquer perfidement qu'Israël et le Mali n'avaient pas de relations diplomatiques. Les critiques ont commencé dimanche soir quand les médias israéliens se sont mis à rapporter que M. Netanyahu s'était invité lui-même à Paris alors que la présidence française lui avait demandé de ne pas venir pour que le conflit israélo-palestinien ou la question des relations entre juifs et musulmans ne parasite pas le message de la manifestation.

 

(Lire aussi : Les juifs de France ont peur, Netanyahu veut en profiter)

 

Les médias expliquaient le forcing israélien par la campagne en cours pour les législatives de mars. Plus que la part du calcul politicien, c'est l'image que M. Netanyahu renvoyait aux Israéliens de leur comportement en groupe qui a semblé retenir leur attention. L'un des stéréotypes dont les Israéliens plaisantent sur eux-mêmes est leur propension à ne guère se soucier du tour des autres à l'épicerie ou sur la route.

 

"Je suis Bibi !"
"Remonter la file, pousser et bousculer pour monter dans le bus, jouer des coudes pour être devant est tellement israélien, tellement nous, tellement comité central du Likoud (parti de M. Netanyahu) que j'ai envie de crier : je suis Bibi !", le surnom du Premier ministre, a éditorialisé l'analyste vedette du Haaretz Yossi Verter. L'attitude de M. Netanyahu a inspiré aux jeunes de la liste Travaillistes-Hatnuah, ses adversaires aux législatives, un jeu en ligne appelé "Push the Bibi" ("Pousse le Bibi").

Il s'agit, avec son clavier, d'aider M. Netanyahu à remonter un cortège jusqu'à la première ligne, où marchent MM. Hollande, Keïta, Abbas, ainsi que la chancelière allemande Angela Merkel et Nicolas Sarkozy. L'ex-président français a lui-même eu droit à un hashtag faisant le buzz et raillant ses efforts pour faire la marche en tête dimanche. A la fin du jeu israélien s'affiche le message: "Quand Bibi gagne, tout le monde perd. Nous avons besoin d'un nouveau leadership, qui poussera Israël en première ligne, même sans jouer des coudes".

 

(Lire aussi : #JeSuisNico, le hashtag qui raille Sarkozy jouant des coudes pour être en tête de la manif)

 

La marche a impressionné l'opinion en Israël. Elle y a aussi suscité quelques curiosités. Le quotidien ultra-orthodoxe israélien HaMevasser, respectant l'interdiction de publier des images de femmes, a retouché la photo en faisant disparaître Mme Merkel, la chef de la diplomatie européenne Federica Mogherini et la maire de Paris Anne Hidalgo.

M. Netanyahu a, lui, pris soin de cadrer la photo sans M. Abbas sur sa page Facebook. Interrogé par l'AFP, le bureau du Premier ministre a refusé tout commentaire. Ses proches ont assuré dans la presse que le protocole transmis par l’Élysée prévoyait que M. Netanyahu se trouve au premier rang.

Le tort éventuel causé à M. Netanyahu pour les législatives reste à voir. Les Israéliens l'ont aussi vu communier dans le recueillement avec les proches des victimes à Paris. Et les fameuses photos de la marche le suggèrent aux avant-postes du combat contre le terrorisme. Il n'a pas manqué de les utiliser. "Je veillerai toujours à ce qu'Israël ouvre la marche (...) quand sa sécurité et son avenir sont en jeu", a-t-il dit.

 

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