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Culture - Exposition

Les mondes limitrophes de Piero Mascetti et Raffi Tokatlian

Le croisement de la palette et du chevalet de Piero Mascetti et du burin et des moules de Raffi Tokatlian pour la renaissance d'une humanité fracturée et souffrante, à la galerie Connaissance des Arts* (Saïfi).

Les toiles de Piero Mascetti dialoguent avec les sculptures de Raffi Tokatlian.

Deux mondes dont les limites se touchent pour parler en termes d'abstraction et de surréalisme du mal et de la volonté de vivre.
Quarante œuvres, à parts égales, entre huiles sur toiles et sculptures en bronze, toutes dimensions confondues. Voisinage harmonieux et qui s'imbrique presque. Deux univers d'artistes méditerranéens, à l'inspiration dénonçant en commun l'absurde de la violence et la passion de vivre, mais aux expressions différentes et résolument modernes.
Pour ce qui est de Piero Mascetti, qui a illuminé les murs de la villa Audi il n'y a pas encore longtemps (voir l'article de Zéna Zalzal de l'édition du 23/5/2014 en ces mêmes colonnes), voilà que ses toiles flamboient à nouveau à Saifi Village, au centre-ville. Pour ce mordu des pinceaux, autodidacte, loin de tout académisme rigide et qui ne jure que par son inspiration, nourrie par son quotidien et son exploration des jours qu'il traverse, la peinture, reflet de son existence, est le langage premier et l'expression majeure.
À cinquante et un ans, au sommet des cimaises aux quatre points cardinaux, de Rome au pays du Cèdre (dont il est actuellement éperdument épris!), Piero Mascetti a le chevalet comme instrument d'introspection et cuirasse vitaminée contre toute adversité. En images d'un chromatisme virtuose qui renvoient à la lumière, au labeur et aux passions des hommes. En images torturées et libératrices. Avec des couleurs aux mélanges détonants et vibrants.
Sa proximité avec les œuvres de Raffi Tokatlian n'est guère étonnante et imprévisible puisque c'est Archille Gorki, peintre absolu de l'arménité et de son génocide, qu'il nomme en tête de la liste des artistes qui l'ont marqué.
Et, dans cet espace donnant à la fois sur une rue passante et un jardin aux plantes soignées, se dressent devant ses toiles, entre la fulgurance de Willem De Kooning et celle d'Egon Schiele ou Mark Rothko, les statues de Raffi Tokatlian. Bronze verdi énigmatique, lisse ou rugueux, échappé aux visions des mythes immortels. Des viscères éclatés, des membres (bras et jambes) longilignes, amputés ou brisés, des visages défigurés, émaciés, non par l'outrage du temps, mais les guerres et les horreurs humaines. Et un soupçon de stridente modernité.
Un monde harmonieux dans sa dissonance grimaçante entre mythe et fantasmagorie, évoquant en des formes jaillies des rêves et des cauchemars, la violence et la force extrêmes de tout ce qui est révolution, haine implacable, mutation, déchirement, errance, dépassement et renaissance.
«Cette œuvre est belle car elle est terrible», confie Piero Mascetti en fixant cette galerie humaine, à la fois figée et mobile entre drame, chairs ravagées, cramées ou triomphantes et impérieuse pulsion.
À côté, tout à côté, comme des gardiens vigilants: ses toiles. Elles offrent la béance de couleurs incendiaires, voraces comme de vigoureuses plantes carnivores, charnues et sensuelles. Deux univers qui interpellent, s'interpénètrent et se prolongent. Pour un regard-bistouri, toujours lucide et aiguisé, sans aucun compromis.

*L'exposition « Touching Edges » (Frontières limitrophes) de Piero Mascetti et Raffi Tokatlian (sous l'égide de l'Institut culturel italien), à la galerie Connaissance des Arts (Saifi Village), se prolonge jusqu'au 15 janvier 2015.

Deux mondes dont les limites se touchent pour parler en termes d'abstraction et de surréalisme du mal et de la volonté de vivre.Quarante œuvres, à parts égales, entre huiles sur toiles et sculptures en bronze, toutes dimensions confondues. Voisinage harmonieux et qui s'imbrique presque. Deux univers d'artistes méditerranéens, à l'inspiration dénonçant en commun l'absurde de...

commentaires (1)

UN TOUT DE LA BEAUTÉ ! MAIS... IL FAUT AVOIR UN PALAIS DE SULTAN POUR CONTENIR CETTE PRÉSENTATION !

LA LIBRE EXPRESSION

07 h 38, le 16 décembre 2014

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Commentaires (1)

  • UN TOUT DE LA BEAUTÉ ! MAIS... IL FAUT AVOIR UN PALAIS DE SULTAN POUR CONTENIR CETTE PRÉSENTATION !

    LA LIBRE EXPRESSION

    07 h 38, le 16 décembre 2014

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