La volonté de « dialogue » entre le courant du Futur et le Hezbollah continue d'être au centre de déclarations de principe creuses qui, à la limite, sont la négation même du dialogue. Au demeurant, le dialogue est trop ronflant et cache en fait une tentative d'accord entre les deux formations sur la personne d'un nouveau président de la République.
Objectivité, raison, logique, tous les termes « politiquement corrects » étaient présents, hier, dans une déclaration du chef du bloc parlementaire du Hezbollah, Mohammad Raad. Malheureusement, dans la rhétorique utilisée, M. Raad niait dans son élan cela même qu'il affirmait. « Nous voulons traiter objectivement avec nos compatriotes et avec la population de la région (les Syriens), une région dont nous voulons qu'elle soit une région d'opposition aux grands dangers existentiels. »
Pour le Hezbollah, ces dangers existentiels sont Israël et le terrorisme jihadiste sunnite, a précisé M. Raad, dans l'oraison funèbre qu'il a prononcée hier à Majdelzoun (Liban-Sud) pour commémorer le septième d'un des combattants du parti chiite tombés en Syrie. « Nous ouvrons grandes les portes du dialogue, mais à partir de nos positions et sur la base de ce que nous sommes convaincus être l'intérêt de notre pays », a-t-il dit. Et d'affirmer que le Hezbollah n'est pas « fanatique » et que le courant du Futur doit faire preuve d'une « saine logique ».
Toutefois, M. Raad et le Hezbollah ont soigneusement omis de se remettre en question en tant que milice armée, ce que le courant du Futur leur demande de commencer par faire. On mesure ainsi l'immense fossé qui continue de séparer les deux formations sunnite et chiite, moins sur le plan religieux que sur le plan politique.
L'expansionnisme iranien
Dans une déclaration faite depuis Londres, en marge du congrès général des partis libéraux, Ahmad Hariri, secrétaire général du courant du Futur, a été particulièrement clair : « Le Liban, le Yémen, la Syrie et l'Irak paient le prix des ambitions expansionnistes de la République islamique d'Iran et de son appui illimité à ses alliés », a-t-il dit. « Le courant du Futur, a ajouté M. Hariri, est aujourd'hui à la pointe du combat pour la modération, face à toutes les formes de terrorisme, de quelque côté qu'elles viennent. »
« Ce qui nous importe, a-t-il enchaîné, c'est de renforcer la modération au sein de toutes les communautés. » « Le courant du Futur s'apprête à engager un dialogue politique avec le Hezbollah afin de faire baisser la tension sectaire au sein de l'islam, protéger l'unité nationale, contribuer au bon fonctionnement des institutions et à la facilitation de la vie des Libanais, et tenter de pousser les autres camps politiques en présence à s'entendre sur l'élection d'un nouveau président de la République. »
Pas sans les chrétiens
Pour sa part, le ministre d'État pour la Réforme administrative, Nabil de Freige, a affirmé que si tous les dialogues entre le Futur et le Hezbollah au sujet de la présidentielle n'ont rien donné, c'est parce que les alliés chrétiens des deux formations n'ont pas été consultés et que l'on a fait fi de cette nécessité.
« Le courant du Futur refuse de dialoguer pour la forme et pour meubler le temps mort », a énergiquement affirmé le député, ajoutant que « la seule solution aujourd'hui passe par la conviction que seule une figure de compromis pourra être élue à la présidence de la République ».
« C'est le fait que Michel Aoun se cramponne à sa candidature qui empêche un véritable dialogue de s'engager », a assuré de son côté le député Antoine Zahra.
commentaires (3)
UN DIALOGUE... Où LES MUETS PARLENT... ET Où LES SOURDS ENTENDENT ! PAUVRE PAYS ! PAUVRE PEUPLE LIBANAIS ! À QUAND LE BON DÉBARRAS GÉNÉRAL ? QUI EST L'HERCULE QUI VA NETTOYER LES ÉTABLES ?
LA LIBRE EXPRESSION
12 h 39, le 15 décembre 2014