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Campus - Libre cours

Les femmes écartées de la direction des principales universités au Liban

À l’ouverture du colloque, (de gauche à droite) Christine Paré, membre du Comité scientifique du colloque, Leila Saadé, coordonnatrice du Réseau femmes universitaires, Bernard Cerquiglini, recteur de l’AUF, Soukaina Bouraoui, membre du Comité scientifique du colloque, et Nelly Fesseau, secrétaire générale de l’AUF.

Zéro. C'est le nombre de femmes à la tête des principales universités libanaises. En 2014. Un constat désastreux. Une situation désolante qui ne se limite pas au Liban, comme l'a montré le colloque international « Femmes universitaires, femmes de pouvoir ? » organisé par l'AUF à Dakar (Sénégal) les 13 et 14 novembre. Rencontre au cours de laquelle 25 intervenants, dont 24 femmes, issus de 15 pays, ont débattu devant près de 200 personnes des causes de la sous-représentation des femmes aux postes de pouvoir dans les universités.


« Nous aurions pu penser que le milieu de l'enseignement supérieur et de la recherche, haut lieu académique, de science et de culture, serait égalitaire. Malheureusement, les chiffres qui ont été égrenés par les intervenantes et intervenants, tout au long de ces deux jours, montrent clairement que, loin d'être un milieu qui prône l'égalité de genre, les universités sont, tous pays et disciplines confondus, un espace de discrimination pour les femmes. Les chiffres mettent en lumière un monde universitaire profondément discriminatoire, et c'est simplement l'ampleur du phénomène et ses spécificités qui changent d'un pays à un autre », déplore Leila Saadé, coordonnatrice du Réseau francophone des femmes responsables dans l'enseignement supérieur et la recherche.


Le réseau, mis en place par l'AUF en mars 2014 et dirigé par Mme Saadé, vise à améliorer l'accès des femmes universitaires aux postes de responsabilité. Il est ouvert aux académiciennes, enseignantes et chercheuses de l'Afrique, du Maghreb, du Moyen-Orient, de l'Europe et du continent américain. « Nous voulons, à travers le Réseau francophone des femmes responsables dans l'enseignement supérieur et la recherche, créer une solidarité entre les femmes universitaires, les mobiliser pour faire avancer la cause de l'égalité hommes-femmes et les encourager à braver l'hostilité en leur donnant les moyens d'abattre les obstacles sur le chemin de l'égalité », explique Leila Saadé qui a fondé en 1996 et dirigé pendant 15 ans la filière francophone de droit au Liban, et qui fut la doyenne de l'École doctorale de droit et des sciences politiques, administratives et économiques de l'UL pendant plus de six ans. Et de poursuivre : « Notre objectif est également d'assurer une formation aux femmes universitaires qui voudraient s'investir dans les établissements académiques et de recherche. Formation qui leur permettra de découvrir leur potentiel et les compétences dont elles sont porteuses et d'utiliser les outils dans l'exercice de leurs futures responsabilités. »

 

Les recommandations du colloque
Pour promouvoir l'égalité de genre dans l'enseignement supérieur et la recherche, la coordinatrice du Réseau francophone des femmes responsables dans l'enseignement supérieur et la recherche a proposé à l'AUF d'introduire dans les chartes d'adhésion à l'agence et dans les conventions qu'elle signe avec les universités membres un article sur l'égalité hommes-femmes. « Et même au-delà, l'AUF peut conditionner son soutien à ces institutions à l'évolution de la place de la femme dans leurs instances dirigeantes », recommande Leila Saadé, qui est aussi présidente de l'École doctorale de droit du Moyen-Orient.


Au terme du colloque, les participantes et les participants ont adressé les recommandations suivantes aux chefs d'État et de gouvernement de la Francophonie pour favoriser l'égal accès aux responsabilités dans le milieu universitaire : former les responsables politiques et les cadres de la fonction publique à l'égalité femmes-hommes ; doter les ministères de l'Enseignement supérieur et de la Recherche d'une Direction sur l'égalité femmes-hommes ; mettre en place un observatoire de l'égalité femmes-hommes au sein de chaque université; nommer un(e) référent(e) genre dans les universités; soutenir financièrement la sensibilisation à l'égalité femmes-hommes à tous les niveaux et dans toutes les disciplines par la mise en place de modules de formation ; légiférer pour assurer la parité au sein des instances dirigeantes des établissements universitaires et de recherche; financer les travaux de recherche pour produire des données scientifiques sur la situation des femmes dans l'enseignement supérieur et la recherche ; assortir tous les projets de recherche d'une dimension « égalité » ; créer un répertoire de bonnes pratiques sur la parité dans les universités ; rendre obligatoire la prévention et la lutte contre le sexisme et les violences sexuelles par la création d'un bureau de lutte contre le harcèlement sexuel au sein des universités.


Des recommandations ont été également émises à l'adresse de l'AUF : consolider et renforcer le Réseau francophone des femmes responsables dans l'enseignement supérieur et la recherche ; créer un prix pour les meilleurs travaux pour les femmes scientifiques ; introduire un article sur l'égalité femmes-hommes dans la charte d'adhésion à l'agence ; créer une revue scientifique de haut niveau et de référence dans l'espace francophone; créer un label « égalité » pour les universités.

 

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