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Liban - Reportage

Les Kurdes du Liban, un exemple d’intégration ?

Les Kurdes de Syrie et d'Irak s'enorgueillissent d'être aux premières lignes de défense contre l'État islamique. Leurs compatriotes du Liban en tirent aussi une énorme fierté. Gros plan sur un peuple qui a réussi son intégration.

Les Kurdes du Liban ont manifesté en octobre en signe de soutien à leurs compatriotes à Kobané.

« C'est tout de même drôle. Nous, les Kurdes, la lie des peuples, nous sommes devenus le premier rempart de la civilisation face aux forces des ténèbres », affirme, péremptoire, Abou Issam. « Nous avons prouvé que nous sommes une nation qui mérite de vivre », ajoute-t-il. Flanqué du drapeau du Pari démocratique du Kurdistan (PDK, dirigé par Massoud Barazani) et de photos avec des chefs d'État arabes, dont feu Hafez el-Assad, Abdalfath Ahmad Issa, Abou Issam pour les intimes, penche sa carcasse d'un mètre quatre-vingts au-dessus de son bureau directorial au siège du parti kurdo-libanais Razkari.
Pour arriver chez Abou Issam, nous avons dû contourner la mosquée de Basta el-Tahta et suivre un dédale de ruelles qui mènent à une impasse bloquée par une bâtisse en pierre de taille.
C'est la propriété d'Abou Issam. Le premier étage sert aux besoins familiaux alors qu'au RDC, se trouvent les bureaux et la grande salle d'attente.
Les frères kurdes de passage, nombreux en cette période trouble, savent qu'ils peuvent y trouver un refuge momentané. Certains, en arrivant à Beyrouth, n'ont pas d'autre adresse. Ils peuvent se reposer, se restaurer, même dormir sur les canapés en attendant de trouver mieux.
Parmi cette cohue, chahutent une ribambelle d'enfants joyeux mais pas très propres et souvent le cul à l'air libre, surtout les garçons.

 

« Sami Solh, un grand homme »
C'est peu dire qu'Abou Issam a adopté la cause kurde, mais il affirme vouer une reconnaissance au peuple libanais qui a accueilli les Kurdes. Il voue une affection particulière à l'ancien Premier ministre Sami Solh pour avoir le premier donné la nationalité aux Kurdes, et ses sentiments sont partagés par beaucoup de compatriotes de sa génération. « Sami Solh était un grand homme. Le peuple libanais ne s'est pas trompé en lui donnant le surnom de "Père des pauvres"», ajoute-t-il.
Avec la descendance et les ajouts successifs, la population kurde du Liban est estimée aujourd'hui à 80 000, concentrés principalement dans les villes à majorité sunnite de Beyrouth, Tripoli et Saïda. À immense majorité sunnite, les Kurdes firent au cour de la guerre civile le coup de feu avec les milices palestino-progressistes. Mais ils ne montèrent pas une organisation militaire propre à eux, à l'exception du Parti des travailleurs kurdes (PKK, d'obédience marxiste), dirigé par Abdallah Öçalan, dit Apo.
Prônant la lutte armée contre l'État turc, le PKK jouissait du soutien de la Syrie, qui, alors toute-puissante au Liban, avait mis à sa disposition un camp d'entraînement militaire au lieudit de Heloué (la beauté), dans la plaine de la Bekaa, à proximité tout de même de la frontière syrienne.
Mais quelque temps après son arrivée au pouvoir, Bachar el-Assad effectuera une politique d'ouverture envers la Turquie, à laquelle il sacrifia Abdallah Öçalan. Drogué, Apo fut transporté par avion en Éthiopie où il fut livré au SR turcs.
Exit Apo, les Kurdes du Liban n'ont jamais causé de problèmes et ne revendiquent pas des droits particuliers, peut-être parce qu'ils sont bien intégrés, à l'opposé des Kurdes d'Irak, de Turquie, de Syrie et d'Iran.

 

(Lire aussi : Les Kurdes, un peuple écartelé entre quatre pays)

 

« Un peuple de trop »
Historiquement, les Kurdes ont souffert de la chute de l'Empire ottoman où ils étaient bien intégrés, occupant parfois de hautes fonctions, notamment dans l'armée. Certains jouèrent un rôle important dans l'après-guerre, comme l'inamovible Premier ministre irakien Nouri Saïd, un farouche anglophile, ou Husni Zaïm, le premier officier à réussir un coup d'État militaire en Syrie en 1949.
Les majorité des Kurdes du Liban étaient pauvres et sans beaucoup d'éducation. C'est pourquoi ils étaient relégués aux travaux subalternes. Ayant une réputation d'endurance physique, ils étaient réduits aux travaux pénibles, comme celui de portefaix au port ou dans la ville, notamment dans les souks où il n'était pas rare de voir une dame de la haute société suivie de sa servante et d'un portefaix kurde, le pantalon replié à mi-mollets pour patauger dans l'eau de pluie, portant sur son dos un sac en osier contenant les emplettes de la dame.
Abou Issam est catégorique. « Les prochaines années, le monde rendra justice aux Kurdes. Après la Première Guerre mondiale, nous avons été considérés comme un peuple de trop, et malgré le traité de Sèvres qui nous donnait un État, cette clause n'a pas été exécutée à cause d'intérêts stratégiques, notamment pétroliers. Et voilà que ces mêmes Kurdes, naguère la lie du Proche-Orient, sont maintenant à l'avant-garde du combat contre les fanatiques. Drôle de renversement de situation. »


Abou Ghazi, un partisan du PKK, surenchérit : c'est les Kurdes qui tiennent aujourd'hui les deux fronts contre les daechistes (État islamique), celui d'Irak et celui de Kobané en Syrie, où ce sont les peshmerags du PKK qui se battent, y compris les femmes. Il affirme que la résistance dans cette ville a pris un aspect populaire. Tout le monde s'y met, artisans, commerçants, clercs, fonctionnaires, et tout le monde est armé, affirme-t-il.
Il estime que sans la mauvaise foi des Turcs, qui refusaient de laisser passer les renforts kurdes pour Kobané, les pershmergas auraient déjà repoussé les daechistes au-delà des faubourgs de la localité. « Les Turcs craignent notre victoire car ils estiment que cela entraînerait un regain du nationalisme kurde. Mais ils ont dû céder aux pressions américaines car les Américains ont compris que nous sommes seuls à pouvoir nous opposer aux daechistes, nous qu'ils qualifient toujours d'organisation terroriste. Mais je vous promets que nous allons gagner. »


Abou Ghazi affirme qu'un Kurde tient toujours ses promesses. C'est pourquoi à chaque fête musulmane, il va fleurir au cimetière de Bachoura à Beyrouth la tombe de la princesse Zeinab Badrakhan Solh, la mère de Naziha Solh qui lui avait demandé, avant de partir à Paris pour y mourir, de visiter la tombe de sa mère.

 

Pour mémoire
Cinq jours à Erbil avec SOS Chrétiens d'Orient-Liban

Les Kurdes du Liban manifestent en faveur de Kobané

« C'est tout de même drôle. Nous, les Kurdes, la lie des peuples, nous sommes devenus le premier rempart de la civilisation face aux forces des ténèbres », affirme, péremptoire, Abou Issam. « Nous avons prouvé que nous sommes une nation qui mérite de vivre », ajoute-t-il. Flanqué du drapeau du Pari démocratique du Kurdistan (PDK, dirigé par Massoud Barazani) et de photos avec...

commentaires (4)

A la chute de l’empire sassanide les kurdes, peuple médique Zoroastre se convertissent à l’islam sans jamais s’arabiser. Au XIIème siècle leur plus émient représentant Saladin régnera sur l’Orient en maintenant une coexistence pacifique entre les communautés religieuses ; C’est également l’époque la plus florissante pour la littérature en langue kurde. Aujourd’hui ce peuple opprimé par toutes les nations qui occupent son territoire souhaite acquérir son autonomie et son indépendance. Sur les 25 dernières années ses instances ont été gérées par des dignitaires progressistes éclairés et laïcs. C’est sans doute le seul peuple en Irak avec qui les occidentaux peuvent nouer des alliances durables et organiser des stratégies offensives communes. Il est hautement Urgent de lui fournir l’équipement qu’il réclame pour contrer l’offensive des barbares à la bannière noire. Comme pour la guerre contre les MNLA et Autres Sélékas la France est au premier plan pour ce qui est de la lutte contre le fanatisme islamiste sous tous ses aspects. François Hollande peux en être fier ; ses actions passées témoignent du caractère visionnaire de sa politique internationale. L’EI a souhaité conditionner des enfants de moins de 15 ans disposants de passeports occidentaux chinois russes …, pour répandre des armes chimiques dans leurs pays d’origine. Une coopération et des moyens mondiaux doivent être mis en commun pour anéantir Ceux pour qui la barbarie la plus inhumaine est la première alternative.

ANDRE HALLAK

22 h 32, le 04 décembre 2014

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Commentaires (4)

  • A la chute de l’empire sassanide les kurdes, peuple médique Zoroastre se convertissent à l’islam sans jamais s’arabiser. Au XIIème siècle leur plus émient représentant Saladin régnera sur l’Orient en maintenant une coexistence pacifique entre les communautés religieuses ; C’est également l’époque la plus florissante pour la littérature en langue kurde. Aujourd’hui ce peuple opprimé par toutes les nations qui occupent son territoire souhaite acquérir son autonomie et son indépendance. Sur les 25 dernières années ses instances ont été gérées par des dignitaires progressistes éclairés et laïcs. C’est sans doute le seul peuple en Irak avec qui les occidentaux peuvent nouer des alliances durables et organiser des stratégies offensives communes. Il est hautement Urgent de lui fournir l’équipement qu’il réclame pour contrer l’offensive des barbares à la bannière noire. Comme pour la guerre contre les MNLA et Autres Sélékas la France est au premier plan pour ce qui est de la lutte contre le fanatisme islamiste sous tous ses aspects. François Hollande peux en être fier ; ses actions passées témoignent du caractère visionnaire de sa politique internationale. L’EI a souhaité conditionner des enfants de moins de 15 ans disposants de passeports occidentaux chinois russes …, pour répandre des armes chimiques dans leurs pays d’origine. Une coopération et des moyens mondiaux doivent être mis en commun pour anéantir Ceux pour qui la barbarie la plus inhumaine est la première alternative.

    ANDRE HALLAK

    22 h 32, le 04 décembre 2014

  • LES KURDES UN EXEMPLE D'INTÉGRATION ! JE NE SUIS PAS SÛR. EST CE QU'ILS ONT FAIT LEUR MIA CULPA POUR LE LIBAN ? ILS ONT PARTICIPÉ À LA DESTRUCTION DE CE PAYS CÔTE À CÔTE AVEC LES PALESTINIENS. ET JE NE SUIS PAS PRÊT DE L'OUBLIER.

    Gebran Eid

    12 h 56, le 04 décembre 2014

  • NE ME DITES PAS ! CAR EN 1975 J'AI FAILLI ÊTRE ENVOYÉ AD PATRES EN PASSANT AVEC MA VOITURE SUR L'AUTOSTRADE PRÈS DE LA "QARANTINA"... LES BALLES PLEUVAIENT SUR MA VOITURE !!!

    LA LIBRE EXPRESSION

    10 h 11, le 04 décembre 2014

  • "Historiquement, les Kurdes ont souffert de la chute de l'Empire ottoman où ils étaient bien intégrés, occupant parfois de hautes fonctions, notamment dans l'armée." ! Oui, notamment en pourchassant via cette armée, les arméniens en 15 et en les déportant en vue de prendre leurs places et leurs villages ! Mais pour le moment, chuuut, ils sont devenus amis, mais surtout amis des äsraéliens et des américains ! Comment voulez-vous les intégrer alors qu'ils ne rêvent que de leur Kurdistan. Mais, nous y voilà ! Il y en a déjà un en Irak, qu'ils y aillent, et qu'ils "militent" donc de là pour l'agrandir en débordant sur l'Iran, la Syrie et la Turquie ? Tant mieux pour eux, ils n'ont qu'à quitter le Liban et y aller. De même que ces mêmes arméniens, ils ont déjà une Arménie indépendante, qu'ils y retournent enfin afin de la revivifier.

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    02 h 15, le 04 décembre 2014

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