Lundi dernier, le président Barack Obama annonçait le départ de Chuck Hagel, la Maison Blanche insistant sur la nécessité d'un renouveau au moment où la stratégie contre le groupe Etat islamique (EI) en Irak et en Syrie suscite des interrogations.
Pour ses proches, l'ex-secrétaire à la Défense serait lui-même l'auteur de sa chute car, dès le départ, il n'aurait pas dû accepter ce poste sachant qu'il n'était pas réellement qualifié pour... Ce qui a été confirmé au cours de son audition devant le Sénat, épreuve qu'il a laborieusement passée. Son argumentation avait été jugée « pathétique » parce que, toujours hésitant, il n'avait pas pu défendre avec fermeté ses propres positions, jetant ainsi le doute sur sa « capacité à jauger les grands changements dans le monde, et leur implication politique et militaire ».
En outre, le républicain qu'il est n'a pas pu pénétrer le cercle rapproché du président Obama. Il lui est notamment reproché, durant son mandat ministériel, de n'avoir jamais ouvert la bouche pour participer au débat lors des réunions du cabinet, préférant, à l'issue des séances, faire en aparté des messes basses avec le locataire de la Maison-Blanche himself, ce qui a irrité ses collègues au sein du gouvernement.
Cerise sur le gâteau : les résultats des élections législatives de mi-mandat du 4 novembre, qui ont donné une grande victoire au Parti républicain, n'ont pas arrangé les choses. Dans ce nouveau contexte, il devenait difficile pour Barack Obama de confronter le Congrès, dominé par les républicains, en ayant à ses côtés l'un des membres du clan opposé. Pour enfoncer davantage le clou, Chuck Hagel, interviewé à la télévision par le célèbre Charlie Rose, avait déclaré : « Nous avons le pouvoir militaire sans savoir l'utiliser contre Daech et la Syrie », remettant ainsi en question le pouvoir légitime et constitutionnel du président Obama en tant que chef suprême des armées.
Consultant seulement...
Il faut dire que Hagel n'a jamais été en symbiose avec le président Obama concernant Daech et la Syrie. Porté vers la démesure, Daech représentait selon lui « un danger imminent pour tous les intérêts des États-Unis », et il réclamait la présence de davantage de troupes US en Irak et en Syrie, ce que refusaient Obama et le haut commandement de la défense. Sans compter que du Pentagone où il œuvrait, Hagel maintenait de très rares contacts avec la Maison-Blanche, uniquement par le biais de quelques coups de fil.
Très peu brillante également, sa performance en matière de budget, ce qui a irrité les militaires. Les choses n'étaient pas mieux avec le National Security Council (où il siège), conçu pour coordonner la politique de la Maison-Blanche, avec toutes les agences du gouvernement. Là aussi, il n'a pas su s'y faire avec Susan Rice, à la tête de ce Conseil. Dernièrement, il lui a envoyé un memo affirmant que « notre politique avec la Syrie ne marche pas ». Ce memo est arrivé aux oreilles des républicains qui en ont profité pour attaquer publiquement Obama, provoquant sa fureur. C'était pour le président la goutte d'eau qui a fait déborder le vase. Il convoque alors le secrétaire à la Défense dans son bureau.
Et ce n'est pas tout, ce ministre démissionnaire n'avait pas pu jeter un pont entre son président et le Parti républicain à cause de ses manœuvres ambiguës et sa popularité mitigée auprès des siens, les républicains. Toujours est-il qu'il n'y aura pas de remplaçant avant le 2 janvier prochain lorsque le Congrès, en vacances jusqu'à cette date, reprendra ses fonctions. Ce 2 janvier marquera aussi l'entrée de plain-pied des républicains au pouvoir : ils ne laisseront absolument rien passer à Barack Obama. Lequel devra choisir un secrétaire à la Défense qui soit le moins conflictuel avec eux.
Enfin, on a dit et répété que Chuckl Hagel a oublié que, selon la Constitution, chaque secrétaire n'est que le consultant du président et non un « policy maker ». Élémentaire, mon cher Watson, car cette clause est l'une des questions à laquelle doit savoir répondre tout candidat à la citoyenneté US.
Lire aussi
Stratégie anti-jihadiste : les positions de Washington et d'Ankara toujours éloignées
La mobilisation contre l'EI doit être globale, assure un porte-parole US
Dans la guerre contre l’EI, les USA sur une « pente glissante »...
Pour ses proches, l'ex-secrétaire à la Défense serait lui-même l'auteur de sa chute car, dès le départ, il n'aurait pas dû...
commentaires (6)
Il est sûrement un fervent adepte de la Ttakkïyâh-Bâttinïyâh, ce HUSSEÏN.... Obamâh ! Yâïï !
ANTOINE-SERGE KARAMAOUN
09 h 29, le 01 décembre 2014