Le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a fait un large tour d'horizon de l'actualité politique et sécuritaire libanaise, ainsi que de la situation régionale, dans un discours prononcé lors d'un large rassemblement populaire, dans la banlieue sud de Beyrouth, à la veille de l'Achoura, commémoration sacrée chez les chiites.
Fait rare, le leader chiite est apparu en personne lors de ce rassemblement. La télévision du Hezbollah, al-Manar, a montré des scènes d'hystérie parmi les partisans au moment où est apparu Hassan Nasrallah sur une tribune dans un complexe de la banlieue sud de Beyrouth. Il s'agit de la sixième apparition en public du chef du Hezbollah qui vit caché depuis la guerre dévastatrice qui a opposé son parti à Israël en 2006. Achoura se déroule, cette année, dans un contexte sécuritaire particulièrement tendu au Liban et dans la région. Mardi, la banlieue sud de Beyrouth sera, selon la police libanaise, totalement bouclée pour cette commémoration chiite de la mort de Hussein, petit-fils de Mahomet.
Lors de ce discours, Hassan Nasrallah est revenu sur la situation régionale, rejetant toute analyse en terme de conflit sunnito-chiite.
"Il y a un grand danger dans la région, de grands conflits. Le plus facile est de justifier ces conflits en évoquant un conflit sunnito-chiite, c'est une grande erreur, a-t-il souligné. Où est le conflit sunnito-chiite en Libye', a-t-il demandé pour illustrer son approche. "Est-que la lutte entre Daech (acronyme arabe du groupe État islamique, ndlr) et le Front al-Nosra (branche syrienne d'el-Qaëda),ndlr) est un conflit sunnito-chiite? Est ce que la guerre à Ain el-Arab/Kobané est un conflit sunnito-chiite? Est-ce que la persécution des chrétiens en Irak est un conflit sunnito-chiite? ", a-t-il poursuivi. "Ce qui se passe dans la région est un conflit politique par excellence", a-t-il ajouté.
Prorogation du mandat de la Chambre
Abordant la question de la prorogation du mandat de la Chambre, qui sera soumise au vote mercredi, le chef du Hezbollah s'est demandé qu'elle était la solution. "Il y a trois options : les élections, la prorogation, le vide", a-t-il déclaré. "S'il n' y a pas d'élection et s'il n y a pas de prorogation, une institution est abolie", a-t-il poursuivi. "En ce qui concerne les élections, certaines forces politiques sunnites n'en veulent pas", a-t-il ajouté.La prorogation, parce qu'elle est rejetée par certaines forces chrétiennes, entrainerait une violation du pacte national, a-t-il encore dit.
Évoquant la position du Hezbollah, M. Nasrallah a déclaré : "Nous avons prévenu tous ceux qui nous ont contactés : Vous voulez des élections, nous sommes prêts à faire des élections. Si vous voulez la prorogation, nous ne la contesterons pas. Ce que nous refusons totalement c'est le vide".
Le vide au niveau du Parlement, a-t-il ajouté, serait un coup grave ajouté à la vacance au niveau de la présidence.
Présidentielle
Sur le dossier de la vacance présidentielle, le leader chiite a déclaré que la conviction du parti est que "personne ne veut la vacance présidentielle, personne ne complote pour cette vacance, nous n'accusons personne, que ce soit dans notre camp ou dans l'autre". "Nous voulons l'élection d'un président au plus tôt", a-t-il poursuivi, alors que le Liban est sans président depuis la fin du mandat de Michel Sleiman, le 25 mai dernier. Le président de la Chambre Nabih Berry avait convoqué les députés à une première séance plénière le mercredi 23 avril. Celle-ci n'a pas débouché sur l'élection d'un nouveau président, aucun des candidats n'ayant obtenu le nombre de voix nécessaires. Tous les tours suivants ont tourné court, faute de quorum.
Le leader chiite a répété que le candidat du Hezbollah est Michel Aoun.
S'adressant aux responsables libanais, il a lancé : "Si vous attendez des changements régionaux et internationaux vous allez attendre longtemps".
Prêt au dialogue avec le Courant du futur
Revenant sur les derniers affrontements qui ont opposé l'armée à des groupes jihadistes à Tripoli, il y a dix jours, Hassan Nasrallah a salué la position des habitants de Tripoli et du Liban-nord, ainsi que celle des responsables religieux et politiques "sans qui les événements auraient pris un tour différent".
Hassan Nasrallah a notamment salué le Courant du futur et ses prises de positions lors des affrontements de Tripoli. "Nous devons saluer le rôle majeur joué, lors des événements du nord, par le Courant du futur et la présidence du Courant du futur, a-t-il souligné. Nous sommes prêts a discuter avec le Courant du futur, nous n'avons pas peur, le faible a peur du dialogue et fuit le dialogue. Nous sommes prêts au dialogue", a-t-il également lancé.
Le leader chiite a également souligné que l'armée libanaise "a assumé ses responsabilités nationales". "Personne d'autre que l'armée ne peut maintenir la sécurité et la stabilité au Liban. Nous, en tant que résistance, ne nous sommes jamais présentés comme responsables de la sécurité et de la stabilité du pays", a-t-il poursuivi.
Évoquant la proposition d'aide iranienne à l'armée libanaise, le leader chiite a indiqué que le Hezbollah soutient tout ce qui est offert à l'armée libanaise.
Militaires otages
Le chef du Hezbollah a également abordé la question des militaires libanais otages de groupes jihadistes. "Il s'agit d'une question compliquée surtout si les autres parties (les jihadistes) ne respectent pas les règles de bases de la négociation : le secret", a-t-il dit accusant les groupes jihadistes de tout publier dans les médias et les réseaux sociaux. Une trentaine de militaires sont otages, depuis les combats à Ersal (Békaa), début août, du Front al-Nosra et du groupe Etat islamique. Trois ont été assassinés, dont deux pas décapitation.
Hassan Nasrallah a appelé les familles des otages à plus de patience et à soutenir le gouvernement libanais dans ses démarches pour obtenir la libération des otages.
Sécurité draconienne dans la banlieue-sud de Beyrouth
Le Hezbollah doit organiser un autre rassemblement monstre mardi matin dans la banlieue-sud de Beyrouth qui sera totalement bouclée.
Selon des habitants de la banlieue-sud, c'est la première fois que des mesures aussi draconiennes sont prises dans cette région en raison d'une série d'attentats qui ont frappé depuis 2013 les fiefs du Hezbollah, qui combat les rebelles en Syrie aux côtés du régime. Pour sa part, une source militaire a dit à l'AFP que l'armée, qui joue au Liban un rôle de défense mais aussi de maintien de l'ordre, avait "pris des mesures très strictes aux barrages postés à toutes les entrées de la banlieue et sur les routes y conduisant", sans donner plus de détails.
Dans un climat de tensions lié aux répercussions du conflit syrien au Liban, les ressortissants syriens ont été par ailleurs interdits de circulation pendant 24 heures à Baalbeck et au Hermel, deux villes à majorité chiite et bastions du Hezbollah dans l'est du pays, indique-t-on de sources municipales. Les municipalités de Baalbeck et Hermel ont publié des communiqués demandant aux "frères syriens de rester chez eux et de ne pas circuler à partir de ce soir (lundi) et jusqu'à mardi soir".
Alors que plusieurs régions du pays ont été le théâtre de violents affrontements liés au conflit syrien, l'armée a procédé ces derniers mois à de nombreuses descentes dans les camps de réfugiés syriens et à une série d'arrestations.
Achoura commémore le martyre de Hussein, petit-fils de Mahomet assassiné au VIIe siècle. Selon la tradition, l'imam Hussein, tué avec nombre de ses compagnons lors de la bataille de Kerbala, a été décapité et son corps mutilé, ce que de nombreux fidèles chiites dans certains pays commémorent par des actes d'auto-flagellation allant parfois jusqu'au sang.
Fait rare, le leader chiite est apparu en personne...
commentaires (8)
J'oubliais aussi très cher H.N , le boko haram vent il des jeunes filles chiites aux riches arabes sunnites ??? let them say !!!
FRIK-A-FRAK
11 h 35, le 04 novembre 2014