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Campus - Psychologie

À la recherche de soi via la téléréalité

De retour pour une dixième saison, l'émission télévisée « Star Academy » ne cesse de susciter l'attention de la jeunesse libanaise. Comment expliquer cet engouement ?

«La téléréalité a su conquérir un large public de tout âge», affirme le Dr Joëlle Haroun, professeure à l'Université libanaise, spécialisée en ethnopsychologie. Cependant les jeunes téléspectateurs sont les plus sensibles à ce genre d'émissions. «En assistant à des situations universelles– disputes, amours, passion, trahisons, amitiés, joies et désillusions –, ils s'identifient aux participants. Souvent, ils adoptent les mêmes comportements et réactions sans y prêter attention», poursuit-elle. À la recherche d'eux-mêmes, les jeunes suivent avec intérêt le quotidien des participants. Pour Michel Bou Rjeily, étudiant en master de relations internationales à l'Université Saint-Joseph et chanteur d'opéra, «c'est la curiosité humaine, très ancrée chez les Libanais, qui pousse le public à s'intéresser à un tel programme». «Devant des participants de différentes cultures et réunis dans un même espace, le public se demande: vont-ils s'entendre ou se disputer?» estime-t-il.

Le public veut rêver

«Les participants sont en général des personnes à la recherche d'une reconnaissance sociale et/ou familiale et d'un nouveau statut social», affirme le Dr Joëlle Haroun. Expliquant l'intérêt de ce genre d'émission télévisée pour les jeunes candidats elle ajoute : «Sans oublier les portes professionnelles qui leur seront ouvertes suite à leur participation.» L'ethnopsychologue estime qu'à travers les différentes activités menées par les participants – chant, théâtre, cuisine, etc. –, Star Academy tend à manipuler le public en lui laissant croire que l'intervention de la télévision permet de transfigurer les destins.

«Star Academy a permis aux téléspectateurs d'observer de leurs yeux comment pourrait se dérouler la vie interculturelle dans les pays arabes», estime Anissa Meddeb, étudiante tunisienne en stylisme et modélisme à Parsons The New School for Design à New York. Danielle el-Chemaly, jeune spectatrice libanaise qui travaille dans le domaine du marketing au Koweït, confie : «Je me souviens comment mon entourage, mes amis et moi, attendions les résultats de chaque nomination et de chaque "prime", afin de voir ce qui pourrait advenir du sort de ces candidats qui font autant d'efforts pour réussir.» Le Dr Haroun explique: «Dans toutes les sociétés, on pense toujours qu'on mérite plus que ce que l'on a. Les gens rêvent d'un idéal, de la méritocratie. Star Academy leur permet de satisfaire ce besoin d'illusion en leur donnant à voir le succès de certains participants.»

Outre les talents qu'elle permet de découvrir, cette émission montre aussi les efforts et l'application des candidats, clefs de leur réussite. Les participants sont filmés durant l'entraînement, la pause déjeuner, les débats. On observe leur évolution. C'est ce que les jeunes ont envie de voir : une personne qui mérite le succès et qui y parvient grâce à son travail personnel. Par ailleurs, ce qui distingue cette émission, d'après Michel Bou Rjeily, c'est qu'elle permet de former des personnes pluridisciplinaires où «une lacune dans un domaine donné pourrait être comblée dans un autre».

Star Academy, diffusée sur de multiples chaînes de par le monde, crée une atmosphère interactive entre les candidats en limitant l'accès au monde extérieur. La lecture et l'Internet y sont interdits. « Cela vise à renforcer la cohésion sociale. En coupant un groupe constitué artificiellement de l'extérieur, les membres entreprennent de nouvelles relations à l'interne. Ça peut être gênant au début, mais vu que tout le monde connaît la règle, c'est la motivation et le choix d'adhérer au groupe qui primeront sur cette frustration », indique le Dr Haroun.

Ce qu'en pensent les participants

Selon plusieurs candidats, cette émission les a aidés à avoir davantage confiance en eux-mêmes. Le gagnant égyptien de la neuvième saison, Mahmoud Mohy, confie que ce programme lui a donné l'occasion de s'initier à l'étude de la musique et de savoir quel chemin prendre pour déterminer son avenir. Rahma Riad, ancienne candidate , raconte: «Star Academy m'a appris à me contrôler en public, une compétence que j'ai conservée jusqu'à aujourd'hui.» Et de conclure en insistant sur le rôle du Liban dans ce genre de manifestations : « Dans les pays arabes, les programmes télévisés artistiques ne peuvent avoir lieu qu'au Liban, pays où les professionnels dans les domaines artistiques sont suffisamment expérimentés; pays touristique ayant une culture chaleureuse et assurant une coexistence pacifique entre tous ses habitants. »

«La téléréalité a su conquérir un large public de tout âge», affirme le Dr Joëlle Haroun, professeure à l'Université libanaise, spécialisée en ethnopsychologie. Cependant les jeunes téléspectateurs sont les plus sensibles à ce genre d'émissions. «En assistant à des situations universelles– disputes, amours, passion, trahisons, amitiés, joies et désillusions –, ils...

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