Philippe le Juste

Un grand parmi les grands nous a quittés. Tous les juristes qui l'ont connu, magistrats et avocats, rendent hommage aujourd'hui à sa compétence, son autorité, mais surtout à son sens d'une justice impartiale et allergique à toute pression matérielle ou autre. Le témoignage que lui a rendu son successeur, le premier président Jean Fahd et ses confrères du Conseil supérieur de la magistrature est très significatif à plus d'un point.
Ayant eu le privilège d'une grande amitié fidèle et sincère depuis plus de cinquante ans, je voudrais témoigner de ses qualités d'homme puisées dans sa foi chrétienne. Son détachement des biens de ce monde, marqué par la simplicité de son style de vie, loin de toute vie mondaine dont il s'est volontairement écarté, alors qu'il occupait les plus hautes fonctions dans la magistrature, en fait un modèle non seulement pour les juges mais pour l'ensemble des personnes occupant une fonction publique.
Cette simplicité s'accompagnait d'une humanité qui se manifestait dans ses rapports avec les autres, et plus particulièrement avec les plus modestes.
La rectitude et son sens inné de la justice dont il a toujours fait preuve font de lui aussi un modèle pour ses anciens confrères soumis à toutes sortes de pressions tant matérielles que morales.
Ces qualités humaines ne l'ont jamais empêché d'avoir une très grande autorité dans l'exercice de ses fonctions, n'hésitant pas à prendre des décisions très courageuses et surtout très bien étayées juridiquement.
Enfin, il fut un époux merveilleux pour Marcelle, si admirable d'abnégation et de simplicité et un père affectueux et toujours présent pour Arlette qui demeura toujours à ses côtés et l'a entouré de tout son amour.

Nady TYAN