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À La Une - Epidémie

L'UE veut passer à la vitesse supérieure contre Ebola

Le Liberia appelle à un sursaut international

Un partisan de la Ligue Nord, portant un masque sur lequel est inscrit le mot "Ebola", manifeste contre l'immigration à Milan. MARCO BERTORELLO/AFP

Les ministres européens des Affaires étrangères doivent se réunir lundi au Luxembourg pour "galvaniser" la réponse européenne à l'épidémie d'Ebola, contre laquelle la présidente du Liberia, le pays le plus touché, a exhorté dimanche "chaque nation" à se mobiliser.

Le dossier s'est hissé en haut de l'agenda européen, alors que le bilan de cette fièvre hémorragique dépasse les 4.500 morts, selon les derniers chiffres de l'Organisation mondiale de la santé (OMS).
"Le monde entier doit participer" à la lutte contre cette maladie "qui ne connaît pas de frontières" a exhorté Ellen Johnson Sirleaf, dans une lettre ouverte publiée dimanche. Avec la Sierra Leone et la Guinée, le Liberia a jusque là payé le plus lourd tribut, avec plus de 2.000 morts, a-t-elle rappelé.
Après une réaction "incohérente", le monde "s'est enfin réveillé", a-t-elle jugé. Elle a plaidé pour "l'engagement de chaque Nation qui est en mesure d'aider, soit avec des fonds d'urgence, des fournitures sanitaires ou de l'expertise médicale".

(Lire aussi : « Ebola est extrêmement agressif, explosif, et te détruit en quelques jours, comme un tsunami »)


Selon des sources européennes, les 28 plancheront lundi sur un "état des lieux global" recensant les moyens de mieux répondre à l'appel à l'aide africain. "L'enjeu est de galvaniser l'action européenne", a souligné un diplomate européen. "Il y a un réel sentiment que nous sommes à un moment crucial et qu'il faut agir maintenant", a-t-il ajouté.

Critiquée par les Américains pour une assistance trop modique, un reproche qu'elle a rejeté, la Chine a aussi annoncé un pas supplémentaire dimanche, à l'issue d'une rencontre à Pékin des chefs de la diplomatie français, Laurent Fabius, et chinois, Wang Yi. "Très préoccupées par la gravité" de cette crise, Pékin et Paris vont "encourager des travaux de recherche conjoints pour vaincre le virus", entre les laboratoires P4 de haute sécurité biologique de Lyon et celui prochainement oppérationnel à Wuhan (centre).

"Eviter l'ultime catastrophe"

L'UE est surtout sous pression pour envoyer plus de personnel formé sur place. Selon une source européenne, l'idée est d'articuler l'aide internationale autour de trois "pays leaders", les Etats-Unis pour le Libéria, la Grande-Bretagne pour le Sierra Leone, et la France pour la Guinée.
"Pour éviter l'ultime catastrophe humanitaire de notre génération", l'ONG Oxfam avait mis en avant samedi l'exemple de la Grande-Bretagne dont un navire médicalisé est parti vendredi pour le Sierra Leone. Londres prévoit d'envoyer 750 militaires dans cette ancienne colonie pour aider notamment à la construction de centres de traitement.

(Lire aussi : Couvrir Ebola inquiète les journalistes parfois plus que la guerre)


La France et l'Allemagne insistent de leur côté sur la nécessité d'un dispositif coordonné d'évacuations sanitaires, pour assurer le flux de renforts européens.

Les chefs d'Etat et de gouvernement de l'UE se saisiront du dossier jeudi et vendredi à Bruxelles. Dans une lettre à ses partenaires, le Premier ministre britannique David Cameron les a pressés de porter l'aide européenne à un milliard d'euros. Le montant actuel s'établit "autour de 500 millions d'euros" dont 180 millions d'euros pour la seule Commission européenne, selon un diplomate.
Le dirigeant britannique veut aussi "accentuer la coordination pour le contrôle des points d'entrée" en Europe, après la contamination d'une aide-soignante espagnole, qui a levé un vent de panique en Europe. Les Etats-unis aussi ont connu un début de psychose.

"Ne pas céder à l'hystérie"

Après la France, samedi, la Belgique va mettre en place "dès demain un screening" des voyageurs en provenance des pays touchés, annoncé le Premier ministre belge Charles Michel sur la chaine télé RTL.
Les deux pays sont les seuls en Europe à assurer des vols directs avec l'épicentre de l'épidémie: Air France assure un vol quotidien Conakry-Roissy et Brussels Airlines dessert en outre Monrovia et Freetown.
Suivant l'exemple américain, la Grande-Bretagne a été la première à instaurer cette surveillance à l'entrée.

Pour l'OMS, la priorité doit rester aux contrôles au départ des pays affectés, mais les autorités veulent rassurer, alors que les alertes se multiplient. Un cas suspect a été ainsi placé à l'isolement samedi soir dans un hôpital militaire de la région parisienne.

(Pour mémoire : Les autorités sanitaires américaines sur la sellette pour leur réponse à Ebola)

A Pékin, le chef de la diplomatie française Laurent Fabius s'est déclaré opposé dimanche à la suspension des liaisons aériennes avec les pays d'Afrique touchés par Ebola, estimant que ce serait "une sottise énorme" qui favoriserait des "transports sauvages" dangereux. M. Fabius réagissait sur l'exigence posée vendredi par des syndicats d'hôtesses et de stewards d'Air France sur la "fermeture de la desserte de Conakry" en Guinée, évoquant leur inquiétude d'un "risque grave de propagation de l'épidémie".

Le président Barack Obama a demandé samedi aux Américains de ne pas "céder à l'hystérie ou à la peur", et à la tentation de restreindre les liaisons avec l'Afrique de l'ouest.
Deux membres du personnel soignant ont été infectés aux Etats-unis, où un patient libérien, Thomas Eric Duncan , de retour de son pays, est mort du virus dans un hôpital du Texas. L'hôpital de Dallas, au Texas, où est décédé ce Libérien le 8 octobre a publié une lettre dimanche dans laquelle il présente ses excuses pour ne pas avoir correctement diagnostiqué les symptômes du patient.

Dans ce contexte, l'unique information positive est l'annonce par l'OMS que le Sénégal, qui avait déclaré un cas, désormais guéri, ne doit plus être considéré comme un pays touché.
Il devrait en être de même lundi pour le Nigeria où l'épidémie a été stoppée trois mois après l'arrivée du premier malade dans le pays le plus peuplé d'Afrique. Grâce à une réaction rapide, le bilan y est de 20 cas, dont huit mortels.


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