Les commissions parlementaires conjointes se sont réunies hier pour examiner la grille des salaires, qui leur avait été renvoyée lors de la réunion parlementaire du 1er octobre. Si le sentiment d'un éternel recommencement était perceptible, les commissions ont pu néanmoins aboutir à un point d'entente.
Réunies sous la présidence du vice-président de la Chambre, le député Farid Makary, elles ont décidé hier de prévoir un traitement égal aux enseignants des deux secteurs public et privé, en vertu du principe de l'unité de la législation. La non-inclusion des enseignants du privé dans la dernière formule de la grille salariale avait fait l'objet d'un vif mécontentement au sein du corps syndical, qui avait menacé d'escalade à la veille de la réunion parlementaire. Ce point semble avoir été réglé, au niveau du principe. Cet aboutissement a d'ailleurs été salué hier par le président du syndicat des enseignants du privé, Nehmé Mahfoud. Néanmoins, rien n'est moins sûr sur les rentrées susceptibles d'en financer la mise en œuvre, qui risquent de ramener l'étude de la grille à la case départ. Un autre point attend également d'être examiné longuement, celui de l'avancement accordé aux soldats et officiers de l'armée libanaise.
Polémique...
À l'issue de la réunion, qui a pris fin vers 13 heures, le ministre de l'Éducation, Élias Bou Saab, s'est précipité dans la salle de presse pour faire la déclaration suivante : « Malheureusement, nous n'avons pu nous entendre ni débattre d'aucun point. Personnellement, je viens de sortir de la réunion sans la moindre idée des points ayant été convenus. On fait du surplace, c'est cela que j'aimerais annoncer à tous les enseignants. » « Rien de sérieux ne s'est fait sentir au niveau de la grille, mais j'espère que les prochains jours prouveront le contraire », a ajouté le ministre, avant d'être interrompu par le vice-président de la Chambre, Farid Makary.
« J'aimerais émettre une remarque liée au protocole et aux règles de procédure, et je souhaite que le ministre de l'Éducation m'écoute sur ce point », a commencé par affirmer Farid Makary. « J'aimerais préciser que le compte-rendu de la réunion des commissions est lu par le président de ces commissions ou leur rapporteur, préalablement à toute déclaration qu'un député présent à la réunion souhaiterait faire à la presse », a-t-il expliqué.
C'est le président de la commission des Finances, le député Ibrahim Kanaan, qui a ensuite donné lecture des décisions auxquelles a abouti la réunion. « En résumé, nous avons décidé, à la demande du ministre de l'Éducation, de traiter de façon égale les enseignants des secteurs privé et public. Il nous reste encore à attendre que l'institution militaire nous présente sa proposition relative à l'augmentation salariale, afin que nous puissions évaluer les rentrées nécessaires pour financer la nouvelle grille. »
« Digérer l'échelle »...
Deux points attendent en outre leur examen en commissions lors de leur prochaine réunion prévue lundi : les six échelons accordés aux fonctionnaires et l'échelonnement du paiement des salaires. Sur ce dernier point, « l'étude détaillée présentée par le ministre de l'Éducation est toujours en cours d'examen », a précisé Ibrahim Kanaan. Il a insisté enfin sur le fait qu'un « progrès a été effectué lors de la réunion, contrairement à ce que le ministre Bou Saab a affirmé, même si nous respectons son avis ».
Pour le député d'Achrafieh, Serge Torsarkissian, « les députés du bloc du Changement et de la Réforme ne se sont pas solidarisés avec leur ministre (Élias Bou Saab, NDLR) ».
La polémique trahie par la déclaration hâtive du ministre Bou Saab a été jugée « hors de propos » par le député du bloc de la Libération et du Développement, Kassem Hachem. « Le débat a été sérieux et a permis de décider de l'inclusion des enseignants du privé dans la mise au point de la nouvelle échelle », a-t-il ajouté.
Mais le ministre des Finances, Ali Hassan Khalil, a laissé entendre à sa sortie de l'hémicycle que rien n'a été tranché sur la situation des enseignants du secteur privé. « Le débat est toujours ouvert sur la question, et le ministère est prêt à accepter la nouvelle grille, à condition d'en équilibrer les rentrées et les dépenses », a-t-il déclaré.
Une position médiane a été exprimée par le député du Futur, Ammar Houry. « Il semble que nous ayons atteint un point irréversible où les secteurs privé et public sont devenus indissociables. Nous sommes prêts à admettre cela, même si nous continuons de croire que le secteur privé a sa spécificité et sa liberté. Mais admettre le traitement égalitaire doit nous inciter à un examen plus méticuleux de ses répercussions positives et négatives », a-t-il déclaré.
Rappelons que la formule renvoyée en commissions avait été parrainée par les FL, le Futur et Amal. Elle avait prévu une augmentation de 1 % de la TVA ; l'échelonnement du paiement des salaires sur deux ans, à partir de la date de l'approbation de la nouvelle grille, et sans effet rétroactif; et l'octroi de six échelons aux fonctionnaires.