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Moyen Orient et Monde - Syrie

À l’hôpital de Suruc, une vision de l’horreur à Aïn al-Arab

En un peu moins de trois semaines, quelque 180 000 personnes ont fui les combats, aggravant la situation humanitaire le long de la frontière. Umit Bektas/Reuters

Les médecins de l'hôpital de la ville turque de Suruc ont le plus grand mal à faire face à l'afflux de combattants kurdes blessés qui arrivent du secteur de Aïn el-Arab (Kobané en kurde) en Syrie voisine où les combats font rage contre les jihadistes de l'État islamique (EI, ex-Daech).


Depuis un regain de violence il y a un peu plus de deux semaines, on compte plusieurs centaines de morts dans chacun des deux camps, estiment les observateurs. La jeune femme d'une vingtaine d'années amenée ce dimanche inconsciente à l'hôpital, situé juste à la frontière avec la Syrie, ne va pas pouvoir être soignée sur place. Ses blessures à la tête, dissimulées par des bandages ensanglantés, sont trop graves pour les moyens limités de ce petit hôpital. De l'autre côté de la frontière, à dix kilomètres plus au sud, les combats se poursuivent pour le contrôle de Aïn al-Arab entre les jihadistes de l'EI et la milice kurde des Unités de défense populaire (YPG). « C'est une combattante de l'YPG. Cinq ou six sont déjà arrivés aujourd'hui. Hier, une trentaine sont venus », explique à la volée un aide-soignant, alors que la jeune femme est amenée en trombe à l'intérieur. Après les premiers soins, elle est transportée à l'extérieur de l'hôpital et des chauffeurs reçoivent l'ordre de la conduire à 190 km de là, à Diyarbakir, la plus grande ville du sud-est turc à dominante kurde. « Le cerveau est touché. Son crâne est fracturé. Cela ne se présente pas bien », commente un médecin, alors que l'ambulance démarre en trombe toutes sirènes hurlantes.

 

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Les combattants blessés ne représentent qu'une partie des cas traités par les médecins turcs près de Aïn el-Arab. En un peu moins de trois semaines, quelque 180 000 personnes ont fui les combats, aggravant la situation humanitaire le long de la frontière. La Turquie accueille déjà 1,2 million de réfugiés qui ont fui la Syrie depuis le début de la guerre en mars 2011. Les réfugiés campent où ils peuvent : dans les mosquées, les magasins abandonnés, etc.


Les couloirs de l'hôpital de Suruc sont noirs de monde : personnes âgées en chaises roulantes, bébés accrochés à leurs mères. « Nous sommes arrivés en Turquie avec nos bébés et nos familles il y a cinq jours. Nous avons eu peur quand les combats se sont rapprochés », raconte une mère, la tête couverte d'un foulard. Elle tient dans ses bras Moustafa, âgé de cinq mois. Le chemin vers la Turquie est périlleux. La semaine dernière, quatre enfants ont été blessés, dont deux gravement, après s'être égarés dans un champ de mines à la frontière alors qu'ils attendaient pour passer la frontière. Ceux qui ont fui les combats racontent que la résistance kurde est restée forte à Aïn al-Arab, malgré le pilonnage de la ville à l'artillerie lourde par les combattants de l'EI qui se rapprochent des faubourgs. « Tout le monde se bat à (Kobané). Il y a des femmes de mon âge à qui l'on donne des grenades à lancer », raconte Alife Ali, 63 ans, qui attend à l'hôpital, un petit enfant dans les bras. « Les nôtres ont creusé un fossé de cinq mètres de large et de profondeur autour de la ville pour la protéger. Nous combattrons jusqu'au dernier », dit-elle.

 

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Hassan, lui, attend anxieusement une parente, une jeune fille de 20 ans, blessée dans les combats. « Une balle est entrée ici et est sortie de l'autre côté », explique Hassan montrant une ligne allant d'une hanche à une autre. « Elle a pris les armes avec l'YPG. Ils lui ont donné une arme bien que n'ayant aucune expérience », ajoute-t-il. Sa mère, assise à côté de lui, prend à la parole quand elle entend qu'on parle de l'État islamique. « Que Dieu les maudisse. Ils sont pire que des monstres. Regardez ce qu'ils ont fait à notre peuple », dit-elle en pleurant.

 

Les médecins de l'hôpital de la ville turque de Suruc ont le plus grand mal à faire face à l'afflux de combattants kurdes blessés qui arrivent du secteur de Aïn el-Arab (Kobané en kurde) en Syrie voisine où les combats font rage contre les jihadistes de l'État islamique (EI, ex-Daech).
Depuis un regain de violence il y a un peu plus de deux semaines, on compte plusieurs...

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