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Campus

Ces jeunes qui cumulent travail et études

Concilier travail et études s'avère compliqué pour certains étudiants, aisé pour d'autres. Campus est parti à la rencontre de jeunes Libanais qui mènent en parallèle ces deux activités. Témoignages.

Estelle Aoueiss, étudiante en 3e année de droit à l’UL.

« Bosser, pour moi, est aussi important qu'étudier. Ces deux tâches sont complémentaires. Bien sûr, décrocher un diplôme est vital aujourd'hui. Mais travailler est également primordial pour accéder le plus tôt possible au monde professionnel et développer son sens de la responsabilité », assure Rita Rahmé, étudiante en gestion. Pour Élie Matta, étudiant en architecture à l'Usek, travailler n'est plus un choix. Il précise : « Aujourd'hui, avec des frais de scolarité très élevés, l'indice des prix à la consommation qui est en constante augmentation, une situation économique stagnante, on se trouve contraint de travailler à temps partiel pendant la fac. »

Une activité aux dépens de l'autre
Quels que soient les motifs qui les poussent à combiner travail et études, les jeunes interviewés affirment assumer leurs choix et relever le défi. Nancy el-Khal s'est engagée dans ce challenge depuis plusieurs années. L'étudiante en relations publiques à l'UL qui détient une licence en gestion de la Arab Open University (AOU) témoigne : « Pendant mes études à l'AOU, je gérais facilement mon boulot et mes leçons puisque cette université proposait aux étudiants plusieurs horaires de cours. » Aujourd'hui, Nancy a du mal à concilier son travail avec ses études « car à l'UL les horaires des cours ne sont pas flexibles ». La jeune femme confie qu'avec 8 heures de travail par jour son rendement académique n'est pas parfait. « L'année dernière j'ai raté trois examens finaux, mon patron ne m'ayant pas autorisé à m'absenter du travail. » Et de poursuivre : « J'essaie autant que possible de me débrouiller. Mais mener ces deux tâches en parallèle n'est pas évident, une des deux est parfois négligée. »
Pour éviter de vivre la même situation que Nancy, Joëlle Mardiny, elle, a dû abandonner son boulot. Pendant les vacances d'été, l'étudiante en journalisme à l'UL travaillait comme vendeuse dans une boutique d'articles de décoration pour la maison. À la rentrée, elle a poursuivi son travail croyant pouvoir le concilier avec ses études. Mais « je n'ai pas réussi à le faire », avoue-t-elle avant de poursuivre : « Je retournais le soir à la maison épuisée. Du coup, je souffrais d'un manque de concentration et n'arrivais pas à achever les projets requis pour la fac. » Elle quitte alors son boulot pour se consacrer uniquement aux études puisque pour la future journaliste réussir ses cours est prioritaire. Et d'ajouter : « Un grand nombre de mes collègues qui bossent ne réussissent pas leurs cours. Quelles que soient les raisons pour lesquelles ils travaillent, ils ne doivent pas le faire aux dépens de leur rendement à la fac. Le boulot ne devrait pas constituer un motif d'abandon universitaire. »

Difficile mais faisable
D'autres étudiants interviewés ont confirmé, par contre, pouvoir concilier le boulot avec la fac en effectuant quelques sacrifices. Élie Matta travaille comme serveur à temps partiel dans un restaurant. Bien qu'il travaille entre 8 et 12 heures par jour, Élie poursuit parallèlement ses études en architecture à l'Usek. Comment réussit-il cette épreuve ? « Je répartis mon temps selon l'horaire de mes cours. Si j'ai des cours le matin, je travaille l'après-midi et vice versa. J'étudie et j'effectue mes projets tard la nuit, et lors des périodes d'examens j'essaie de diminuer mes heures de travail. » Bien qu'il admette être obligé parfois de s'absenter des cours, Élie assure que les profs sont indulgents avec lui à cause de son engagement professionnel. Le jeune homme de 22 ans avoue faire des sacrifices : « Je dors peu et j'arrive à peine à rencontrer ma famille. Je rentre le soir alors que mes parents et mon frère dorment et je me lève le matin quand ils ont déjà quitté la maison pour aller travailler. » Malgré cela le futur architecte est satisfait : « Je suis passionné par l'architecture et je partage les frais de ma scolarité avec mes parents. Pour cela, je suis prêt à accomplir des sacrifices. »
D'autres jeunes parviennent à travailler alors qu'ils sont aux études en optant pour des boulots peu contraignants. Marie-Reine Chidiac a choisi de dispenser des leçons particulières en matières scientifiques à des écoliers. L'étudiante en 5e année de génie électromécanique à l'Esib explique : « Dans cette filière, nos horaires s'étendent parfois de 8h jusqu'à 18h, le seul travail dans lequel je peux m'engager avec un minimum de retombées sur mon rendement académique est l'enseignement de cours privés pour une durée d'environ 3 heures par jour. » La jeune fille ne nie pas qu'elle stresse lorsque ses examens coïncident avec ceux de ses étudiants mais elle y arrive en faisant des compromis. « J'ai pu accommoder ces deux activités puisque je gère mon temps d'une façon intelligente. Au lieu de passer mon temps sur les réseaux sociaux notamment le WhatsApp, j'investis chaque minute en une activité utile. » Estelle Aoueiss, elle aussi, dispense des leçons particulières en langue française à des élèves du cycle complémentaire. L'étudiante en 3e année de droit à l'UL révèle : « Pour que je puisse me rattraper et étudier les leçons cumulées à cause de mon boulot, je rate parfois des sorties avec mes amis. » Mais la jeune fille de 19 ans est satisfaite : « Je travaille pour augmenter mon estime de moi, j'arrive à faire un peu de tout puisque j'organise bien mon temps. » Et de conclure : « Les ingrédients nécessaires pour trouver un équilibre entre le travail et les études sont : la volonté, l'organisation et la capacité d'établir ses priorités et de trouver du temps quand on en a besoin. »

Arzé NAKHLÉ

« Bosser, pour moi, est aussi important qu'étudier. Ces deux tâches sont complémentaires. Bien sûr, décrocher un diplôme est vital aujourd'hui. Mais travailler est également primordial pour accéder le plus tôt possible au monde professionnel et développer son sens de la responsabilité », assure Rita Rahmé, étudiante en gestion. Pour Élie Matta, étudiant en architecture à...
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