Tarek Fenianos, infatigable skieur en quête d’une troisième Coupe du monde

L'été à peine clôturé, tous les amateurs de glisse profitent du dernier mois de la saison nautique et commencent à se pencher sur les projets réalisables cet hiver. Tarek Fenianos, âgé de 24 ans, champion du Liban de ski alpin et talent local de ski nautique, a quasiment mis un terme à sa saison estivale, afin de s'envoler vers Grenoble. Là-bas, il s'est offert une dernière tournée nautique pour 2014, en terminant brillamment 4e de l'Open de Grenoble de ski nautique, enregistrant au passage sa meilleure performance personnelle (2 bouées à 12m).

En quittant le Liban, il a laissé derrière lui la gestion de Ski Passion Waterski Club, une école de ski nautique et de Wakeboard qu'il a lancée avec son frère Nino. Mais cet homme, avide d'adrénaline et de sensations fortes, ne s'est pas déplacé de Beyrouth à la capitale des Alpes par hasard. Certes, il devra poursuivre son programme universitaire, mais c'est surtout le Colorado, et précisément la Coupe du monde de ski alpin, qui aura lieu à Vail Beaver Creek (du 2 au 15 février prochain), qu'il a en ligne de mire.

Ayant obtenu le meilleur nombre de points parmi les Libanais au classement de la Fédération internationale de ski (FIS), Fenianos a décroché sa place pour représenter le Liban au slalom et au slalom géant du plus prestigieux rendez-vous de la saison. Il sera le chef de file de l'équipe masculine qui comprend également son frère Nino, le jeune Alex Mohbat et Jamil Mehanna. Ils feront face à de grands noms de la discipline tels Ted Ligety, Aksel Lund Svindal ou Alexis Pinturault, entre autres... Grenoble sera donc son terrain de prédilection, où il reprendra confiance en ses trajectoires et tentera de retrouver sa pointe de vitesse maximale sur les pentes enneigées. En somme, il reprendra plaisir dans un sport qu'il a toujours eu ancré dans son ADN.

Une affaire de famille
Né dans une famille de sportifs, Tarek Fenianos a baigné depuis tout jeune dans le ski. Son père, Carlos, seul Libanais diplômé du brevet de ski de l'État français, l'a initié aux deux disciplines auxquelles il s'adonne. C'est lui aussi qui a assuré les premiers pas de nos meilleurs skieurs locaux actuels : Chirine Njeim, Nino Fenianos, Jackie Chamoun, Alex Mohbat ou Dany Chamoun, entre autres. Sa mère, Nadine, a ensuite contribué au développement de ses talents en compétition. Il a débuté en international en 2002, à 12 ans, en se lançant déjà dans le championnat du monde pour enfants organisé en Italie.

D'emblée, il avait démontré un grand potentiel. Le jeune fougueux a ensuite eu la chance de partager sa passion avec son frère Nino et ses cousins germains Jackie et Dany Chamoun. Ensemble, ils ont repoussé leurs limites et ont gravi les échelons pour atteindre le meilleur niveau national. Cette complicité familiale leur a permis de développer le sens de la compétition et d'atteindre rapidement le niveau de maturité d'un athlète. Aujourd'hui, ces deux disciplines de ski (alpin et nautique) font partie de leur mode de vie quotidien.

Une préparation compliquée
En février prochain, au sommet de sa carrière de skieur, Tarek Fenianos ira donc au Colorado avec déjà une expérience de deux Coupes du monde dans les jambes : en 2011, il devient le premier Libanais à participer à une Coupe du monde et se classe 66e du slalom à Garmish, en Allemagne. En 2013, à Shladming, en Autriche, il frappe un grand coup en intégrant le top 50 mondial du slalom, terminant à la 46e place.

Mais cet hiver, la tâche s'annonce délicate pour notre champion local. Ne pouvant pas vivre des recettes de ses compétitions, Fenianos est contraint à jongler entre le sport et sa carrière professionnelle. Cette dernière prend le dessus petit à petit, en lui laissant moins de temps d'entraînement et de compétition. Assurément, il n'aura pas de souci météorologique à Grenoble, mais dans ce sport onéreux, le budget nécessaire le laisse également perplexe quant à son programme de préparation.

À part Rossignol, son équipementier, Fenianos ne bénéficie pas du soutien financier de partenaires. Le marché libanais peine toujours à investir dans le sport et encore moins dans des athlètes individuels. Les faibles allocations sportives des entreprises se placent souvent en basket-ball ou en sport automobile, mais jamais en ski. La Fédération libanaise n'arrive pas à intervenir par manque de moyens et appelle en vain, comme beaucoup d'institutions sportives, à recevoir l'aide du ministère des Sports. Depuis tout jeune, Fenianos a profité du financement de ses parents, et au fil de ses compétitions internationales a constaté le gouffre le séparant des skieurs européens et américains, dû principalement au manque d'entraînement.

Cette saison, il aura pour objectif d'assurer le meilleur classement possible à Vail Beaver Creek, mais sans se faire d'illusions face à la concurrence internationale. Localement, il va essayer de remettre son titre en jeu, en espérant que les circonstances lui permettent de revenir au Liban. Enfin, il tentera d'acquérir encore plus d'expérience à travers des courses en France et en Europe. Ayant depuis tout petit la compétition dans le sang, Tarek Fenianos veut maintenir son haut niveau jusqu'à atteindre au moins l'âge de 30 ans. Certainement un exploit pour un athlète semi-professionnel de son envergure.