Rechercher
Rechercher

Liban

Entretien Joumblatt-Gemayel : « modeste initiative » contre l’effondrement de l’État

Le chef des Kataëb, Amine Gemayel, s’entretenant avec le leader du Parti socialiste progressiste en présence du député Nehmé Tohmé (au centre) et de Taymour Joumblatt (à gauche). Photo Ani

Le chef du Rassemblement démocratique, le député Walid Joumblatt, accompagné du député Nehmé Tohmé et de Taymour Joumblatt, a été reçu hier à Bickfaya par le leader des Kataëb, l'ancien président de la République Amine Gemayel et le député Samy Gemayel.

S'exprimant à l'issue de l'entretien, Walid Joumblatt et Amine Gemayel ont d'abord échangé des propos de cordialité. Le premier a ainsi évoqué « la relation politique et personnelle qui nous lie au président Gemayel, et la relation particulière entre mon fils Taymour et Samy Gemayel ». Le chef des Kataëb a assuré pour sa part que « l'entretien a été utile et nous sommes sur la même longueur d'onde ».
Sur cette base, les deux parties ont affirmé œuvrer pour un objectif commun, celui de « trouver quelques solutions modestes aux problèmes en cours », selon le président Gemayel. Le leader du PSP a fait état lui aussi d'une « modeste initiative commune visant à immuniser les institutions, notamment l'armée ».
La teneur de cette « initiative » est rapportée à L'Orient-Le Jour par l'ancien ministre et membre du bureau politique des Kataëb, Salim Sayegh. « Le fond de la pensée des deux parties est d'assurer avant tout la continuité des services publics face aux urgences menaçant le pays, comme le danger fondamentaliste, la situation des déplacés syriens, l'enjeu du contrôle des frontières. » Il s'agirait, en d'autres termes, de trouver une formule garante « d'une gestion minimale des affaires de l'État, en dépit du blocage constitutionnel ». Le moyen d'honorer cet objectif résiderait dans « l'assainissement du travail du gouvernement d'une part et le renforcement du rôle du Premier ministre, d'autre part, ce dernier étant le moteur des institutions, indépendamment du cabinet ».
Sur le point relatif à la bonne marche du cabinet, Salim Sayegh précise, en réponse à une question, que « les échanges bilatéraux n'ont pas porté sur les détails des dossiers litigieux, comme celui des soldats pris en otage par les groupes fondamentalistes ». Néanmoins, la réunion aurait abouti à former « un comité de suivi censé mettre en œuvre, au cas par cas, l'assainissement attendu à l'intérieur de l'exécutif ». Il s'agit d'un comité formé de représentants du Parti socialiste progressiste et des Kataëb, mais « ouvert à toutes les composantes du gouvernement ». Cette initiative s'inscrit dans le prolongement des « concertations continues entre toutes les parties pour trouver des compromis qui assurent la marche de l'État ». La résolution du problème de la signature des décrets en Conseil des ministres hier (voir par ailleurs), en serait une démonstration. D'une manière générale, nul ne résiste à cette « dynamique de préservation de l'État ».
C'est dans cet esprit que les Kataëb et le PSP entendent « trouver des solutions touchant directement au citoyen, malgré la présence de grands problèmes dont la résolution est ajournée », pour reprendre les termes du président Gemayel.
S'agissant précisément de la présidentielle, « rien de nouveau » n'a été apporté sur la question, croit-on savoir. En outre, les Kataëb refusent catégoriquement l'option d'une présidence de deux ans du chef du bloc du Changement et de la Réforme, le général Michel Aoun. Défendre cette option n'est d'ailleurs pas le propos du chef du Front de lutte nationale, qui avait pourtant reçu chez lui à Clemenceau, à la veille de sa visite à Bickfaya, le leader du Courant patriotique libre.

Présidentielle
Néanmoins, l'entretien Gemayel-Joumblatt aurait pavé la voie à un scénario lié à la rallonge parlementaire, et porteur à la fois d'une ultime tentative de débloquer la présidentielle.
Refusant la législation d'urgence, « acceptée » par le 14 Mars pour parer à l'inertie parlementaire, les Kataëb se démarquent de leurs alliés mais préconisent une issue à l'impasse. « Pourquoi ne pas profiter de la séance parlementaire pour élire en même temps un président de la République ? La rallonge serait alors technique, c'est-à-dire à durée limitée, au cours de laquelle une nouvelle loi électorale serait approuvée », révèle Salim Sayegh. Le leader du Front de lutte nationale serait susceptible d'adhérer à cette proposition.
Il adopte en tout cas une position flexible sur le scénario de la rallonge parlementaire. Alors que le chef des Kataëb a réitéré son refus de la tenue des législatives avant la présidentielle, le leader du Parti socialiste progressiste a exprimé, quant à lui, une position ouverte à tous les scénarios. « Nous ne pouvons plonger dans le vide en nous abstenant de participer aux législatives, mais nous réitérons la nécessité d'élire un président de la République, et ne minimisons pas les dégâts qui résulteraient d'une éventuelle prorogation du mandat parlementaire », a affirmé Walid Joumblatt.
Et de lancer, avec une pointe d'humour, en réponse aux mises en garde des ambassadeurs des grandes puissances contre la situation sécuritaire, qui ne supporterait pas la tenue des législatives : « Je ne compte pas sur les ambassadeurs des cinq puissances... Mais nous tentons de trouver un compromis, inchallah nous y parviendrons. »

Le chef du Rassemblement démocratique, le député Walid Joumblatt, accompagné du député Nehmé Tohmé et de Taymour Joumblatt, a été reçu hier à Bickfaya par le leader des Kataëb, l'ancien président de la République Amine Gemayel et le député Samy Gemayel.
S'exprimant à l'issue de l'entretien, Walid Joumblatt et Amine Gemayel ont d'abord échangé des propos de...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut