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Liban - Trois questions à...

« Pas de danger existentiel pour le Liban en cas de frappes internationales contre Daech... »

Élias Hanna, général à la retraite et analyste en stratégie, concernant d'éventuels dangers qui pèseraient sur le Liban suite à la bataille annoncée de la coalition internationale menée par les États-Unis contre l'État islamique (EI-ex-Daech) en Irak.

Le général Élias Hanna : « Nos dirigeants doivent réfléchir autrement et sortir des sentiers battus. »

En cas de frappe de la coalition internationale contre l'EI en Irak, craignez-vous, comme l'ont suggéré certains articles récents dans la presse internationale, un repli des combattants vers le Qalamoun puis vers le Liban ?
Tout d'abord, il faut rappeler qu'il y a beaucoup de détails sur cette future bataille que nous ne connaissons pas encore : quels pays vont y participer, quelles forces seront présentes sur le terrain, qui va s'occuper du renseignement tactique... L'objectif de la stratégie sera de contenir l'EI, de causer la dégradation de sa puissance et d'enclencher le processus politique adéquat en Irak, car la solution n'est pas que militaire. Un autre objectif serait de séparer la Syrie de l'Irak, pour priver les jihadistes de cette profondeur de territoire. À la question de savoir s'ils peuvent se replier sur le Qalamoun et, de là, atteindre le Liban, il faut se souvenir de la situation extrêmement complexe en Syrie, où l'EI est en conflit avec d'autres groupes comme le Front al-Nosra, par exemple, ainsi qu'avec l'Armée syrienne libre, le Hezbollah et les troupes du régime. Leur repli vers le Liban serait donc une voie semée d'embûches, surtout qu'actuellement, l'armée libanaise et le Hezbollah sont à un niveau de préparation contre les jihadistes qui est totalement différent que par le passé.

Quel danger au Liban en cas d'une frappe de cette ampleur dans la région ?
Je ne vois pas de danger existentiel pour le Liban, même si les menaces sont loin d'être inexistantes. Quand je dis « pas de danger existentiel », je veux dire que le Liban ne peut constituer un environnement propice à ces combattants takfiristes qui se sont positionnés contre tout le monde. Même l'environnement sunnite, dans sa grande majorité, les rejette. Ils n'ont donc pas la possibilité de déstabiliser le Liban comme ils l'ont fait dans des parties de l'Irak et de la Syrie, malgré leur capacité de nuire qui est bien réelle.

Comment faire pour se prémunir, dans l'intérieur libanais, contre un éventuel impact négatif sur le pays ?
Les mesures à prendre sont, selon moi, plus d'ordre politique que militaire. Il faudrait d'abord élire un président de la République, puis former un gouvernement d'union nationale, et enfin adopter une stratégie sécuritaire qui soit approuvée par toutes les parties, et qui accorde un rôle au Hezbollah en l'intégrant à cette stratégie d'une façon ou d'une autre. En effet, force est de constater que la géographie militaire du Liban a changé puisque, pour la première fois, ce pays est intervenu militairement dans la Syrie voisine et pas l'inverse, même si c'est par le biais de l'une de ses factions (le Hezbollah). Cela doit pousser nos dirigeants à réfléchir autrement et à sortir des sentiers battus. Aujourd'hui, le jeu est différent, les acteurs ont changé et la bataille contre ce nouvel ennemi ne peut être conventionnelle. Je sais que tout cela est difficile à mettre en application, mais il faut tenir compte des bouleversements survenus dans toute approche d'un nouveau problème.

En cas de frappe de la coalition internationale contre l'EI en Irak, craignez-vous, comme l'ont suggéré certains articles récents dans la presse internationale, un repli des combattants vers le Qalamoun puis vers le Liban ?Tout d'abord, il faut rappeler qu'il y a beaucoup de détails sur cette future bataille que nous ne connaissons pas encore : quels pays vont y participer, quelles forces...

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