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Liban - Voyage

De l’Allemagne au Mont-Liban, à bicyclette

Jalal al-Abani, un Libanais étudiant en Allemagne, a traversé l'Europe de l'Est et la Turquie à vélo pour rentrer dans son village du Chouf. Un voyage en tête à tête avec lui-même.

Jalal al-Abani à Antalya, d’où il a pris l’avion pour Beyrouth. Photos tirées de la page Facebook de Jalal al-Abani

Heureux qui, comme Jalal, a fait un beau voyage. De Ratisbonne, dans le sud de l'Allemagne, à Bmahraïn, dans le caza de Aley, où il est arrivé samedi, Jalal al-Abani, un étudiant libanais de 25 ans, a pédalé pour rentrer au pays. Trente-cinq jours, 3 000 km, sept frontières, avec le vent et souvent contre, sur un vélo à l'arrière duquel est accroché un drapeau du Liban. « La plupart des gens que j'ai croisés ne reconnaissaient pas le drapeau, s'amuse le jeune homme, rencontré à son arrivée à l'aéroport de Beyrouth. Ils me demandaient ce que je venais faire ici. »

Jalal al-Abani n'est pas un aventurier. Visage rond mangé par une barbe de voyageur, regard fin, il étudie au pays de Goethe la mécatronique, une « technique industrielle consistant à utiliser simultanément et en symbiose la mécanique, l'électronique, l'automatique et l'informatique pour la conception et la fabrication de nouveaux produits », selon le Larousse. Son périple, inspiré par des road movies comme Carnets de voyage et Into the Wild, est le fruit d'un projet mûri pendant deux ans.


D’après l’itinéraire initial, Jalal al-Abani devait prendre le bateau dans le sud de la Turquie pour arriver à Tripoli. Le jeune homme a finalement pris l’avion pour Beyrouth à cause de l’instabilité sécuritaire dans le nord.  
                       


« Je cherchais un moyen de vivre une expérience enrichissante qui briserait la routine, confie Jalal. J'ai donc pensé à voyager. » Une fois posé le principe, la destination s'impose vite comme une évidence : le Liban. « Je voulais montrer qu'il est important de rentrer dans son pays, explique Jalal. Et à quel point j'en avais besoin. » Cet amoureux de la nature choisit le vélo. « C'était un bon compromis entre vitesse et lenteur, résume-t-il. Je voulais aussi être proche des paysages et pouvoir m'arrêter quand je voulais pour parler aux gens. »

Il est 13h, le 9 août, à Ratisbonne, et le ciel est strié de nuages. Jalal enfourche son VTT noir acheté d'occasion et monte à l'assaut des premiers kilomètres. « J'étais excité, mais en même temps j'étais inquiet, se souvient-il. Allais-je souffrir de la solitude ? » Les premiers jours sont difficiles pour le cycliste, qui doit affronter des déferlantes de vent : « Le soir, allongé dans ma tente, je me répétais : mais que t'es-tu infligé à toi-même ? » raconte-t-il en riant.



« Tu es complètement fou »

Très vite, il trouve un rythme de croisière, une centaine de kilomètres par jour plus ou moins, en fonction du vent et de la pente. Il se fait des camarades d'aventure, discute avec des paysans roumains, s'arrête quelques jours à Vienne ou Istanbul pour visiter et goûter les spécialités culinaires locales. En Bulgarie, un chauffeur de poids lourd perplexe lui propose de le conduire en Turquie. Jalal, qui tient à mener son projet à terme, refuse. « Tu es complètement fou », conclut le routier.

Le jeune homme documente son voyage sur une page Facebook. D'une photo à l'autre, on peut voir son visage s'émacier et sa barbe s'épaissir. Un moyen, également, de prévenir la solitude. « Des amis m'ont écrit chaque jour pour m'encourager, dit-il. Cela m'a beaucoup aidé. »

En raison de la guerre en Syrie, le cycliste prévoyait initialement de prendre le bateau dans le sud de la Turquie pour débarquer à Tripoli. Mais à cause de la situation volatile à Tripoli, et pour rassurer ses parents, Jalal décide finalement de prendre l'avion jusqu'à Beyrouth. Parents, amis, admirateurs : en tout, une cinquantaine de personnes l'accueillent à l'aéroport à grand renfort de baklavas, de youyous et de drapeaux libanais. « Pour nous, passionnés de vélo, c'est comme si nous rencontrions Obama », lâche sans rire le président d'une association de cyclisme, Choueifat Biking Group, Bassam Abdulkhalek, venu avec une poignée de fidèles escorter le héros du jour jusqu'au village de Bmahraïn, terme de l'aventure, à 50 km de là.

Une bagatelle pour Jalal qui, avant même d'atteindre sa destination, ne cache pas sa satisfaction. « Je me suis découvert une volonté d'acier, sourit-il. J'ai eu de nombreuses occasions d'arrêter. Mais j'ai continué. »


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