Un gaz « de couleur miel » qui se répand doucement, blessant et tuant sur son passage des villageois en fuite : les survivants ont raconté les attaques au gaz, lancées depuis des hélicoptères dans des bombes artisanales, à des enquêteurs de l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC).
« Dans les jardins, les oiseaux et animaux de compagnie ont péri et sur les plantes, les feuilles qui se trouvaient du côté du point d'impact de la bombe ont flétri comme des feuilles d'automne », affirme le rapport de l'OIAC daté de mercredi qui confirme l'usage « systématique » du chlore comme arme chimique en Syrie. Les enquêteurs ont interrogé 37 victimes, témoins et personnel médical des attaques perpétrées en avril dans le nord de la Syrie. Ces bombardements étaient différents de ceux auxquels les villageois sont habitués.
« Quand une bombe est lâchée, un son perçant et sifflant se fait entendre avant que la bombe n'atteigne le sol. Certains ont comparé ce bruit à celui d'un avion de chasse en plongée, un bruit qui ressemble plus à un crash à haute vitesse qu'à de lourdes explosions », écrivent les enquêteurs. Un nuage de gaz « jaune, de couleur miel », s'élève alors du point d'impact des bombes, racontent les survivants : « Le nuage de gaz s'élève ensuite à une altitude d'environ 60 à 70 mètres avant de redescendre à proximité du sol et se laisser doucement pousser par la brise. »
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Masques en papier contre le gaz
« Un enfant, qui se trouvait proche de l'endroit où la bombe a explosé, est mort à cause de l'exposition au produit chimique, sans aucune blessure ressemblant à celles résultant d'une bombe conventionnelle », affirment les enquêteurs. « Une femme, une adolescente et un petit garçon de sept ans sont décédés suite à une exposition à des doses létales », affirme le rapport.
Après l'attaque du 21 avril, « les villageois sans méfiance ont essayé de fuir vers leur abri habituel. Le nuage de gaz a pris la même direction et il y a eu beaucoup de victimes ». Une famille s'est abritée dans une douche tandis que d'autres « ont essayé sans succès de se protéger avec des masques en papier qui ne sont efficaces que contre la poussière ». Un nourrisson qui dormait a été sauvé « car sa tête était couverte par une couverture destinée à le protéger des insectes ». Dans le village voisin d'al-Tamana'a, les attaques eurent lieu la nuit. « Quelque 150 personnes ont été victimes de ces attaques et huit d'entre elles ont été gravement touchées. Ce sont surtout les femmes et les enfants qui sont décédés », écrivent les enquêteurs.
Pour rappel, en mai, l'équipe de l'OIAC avait été la cible d'une attaque, l'empêchant d'accéder au site où se serait déroulée l'une de ces attaques, dans le village de Kafr Zeta. Elle a donc rencontré les témoins dans un endroit sécurisé et secret.
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commentaires (3)
DU MIEL CHIMIQUE ! ON VERRAIT PEUT-ÊTRE DEMAIN DES BOMBES À GUÊPES CHIMIQUES !!!
LA LIBRE EXPRESSION
22 h 21, le 13 septembre 2014