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Culture - Livre

La grande bouffe littéraire

La lecture d'un ouvrage peut donner l'eau à la bouche ou susciter la curiosité quant aux plats consommés par les héros. Au point d'avoir envie de les tester.

La madeleine de Proust.

C'est ce qu'a fait une jeune designer américaine, Dinah Fried, qui a publié les résultats de cette expérience dans un très bel album intitulé Mets fictifs, un régal pour l'œil et une invite à revisiter des écrits célèbres.
Elle a ainsi réalisé un délectable assortiment d'interprétations, photos à l'appui, de passages culinaires glanés dans des œuvres littéraires classiques et contemporaines. Et chacune de ces images est accompagnée du texte original la décrivant. À son menu notamment, le buffet festif du Great Gatsby, le bœuf en daube du Phare de Virginia Wolf, les tripes et les rognons d'Ulysse de James Joyce, les loukoums du Lion, la sorcière blanche et l'armoire magique de C.S. Lewis, les « scones » de Rebecca de Daphné du Maurier. Elle a même composé des restes d'un repas posé sur les feuilles d'un journal, tel qu'évoqué dans La Métamorphose de Kafka.
Ce projet a pris forme lorsque Dinah Fried était étudiante à la Rhodes Island School of Art and Design et que lui étaient venues à l'esprit des scènes alimentaires de romans: l'incontournable séance de thé d'Alice au pays des merveilles, la bouillie de gruau d'Oliver Twist et la soupe épaisse de palourdes de Moby Dick, le cocktail préféré (gin et jus d'ananas) du héros de Lolita de Nabokov et, bien sûr, la madeleine de Du côté de chez Swann de Proust.

L'appétence de « Fahrenheit 451 »
Des réminiscences précises qui l'amèneront à réaliser dans sa cuisine ces mêmes plats et d'autres puisés dans d'autres titres. Elle en concocte une cinquantaine. Il s'agissait avant tout pour elle de capturer, à travers ces préparations, l'essence de l'ouvrage qui les relate. D'où la priorité qu'elle a donné à l'aspect visuel de ce transfert culinaire de la fiction à la réalité. Elle a aussi travaillé leur présentation pour que les photos restituent leur contexte tel que rédigé par les auteurs.
Les recettes qui l'ont fait suer derrière les fourneaux ? Celles privilégiées par l'Ulysse de James Joyce car, de nos jours, il n'est pas aisé de farcir des tripes, de faire une soupe d'abats ou de griller des rognons. Par contre, elle a soufflé lorsqu'elle avait à rater une gelée, pour coller au texte des Filles du docteur Marsh.
Pour elle, la nourriture comme la lecture est riche en impacts sensoriels. « Lire à propos d'un bon repas est une expérience totale, dit-elle. Il est de même lorsque consommé en réalité. Il s'agit, dans un cas comme dans l'autre, d'un état émotionnel et du pouvoir de vous transporter dans un ailleurs. »
Dans un sens, elle retrouve l'appétence du pompier du roman de science-fiction Fahrenheit 451, si avide de découvrir livres et lecture, et prêt à s'en régaler à toute heure. Elle le cite en exergue de son ouvrage : « Je les mangeais comme des salades et les livres étaient mes sandwichs du déjeuner et du dîner et mon grignotage de minuit. J'ai avalé toutes les pages : philosophie, histoire de l'art, poésie, sciences sociales, pièces de théâtre, etc. »
Ou la grande bouffe littéraire.

C'est ce qu'a fait une jeune designer américaine, Dinah Fried, qui a publié les résultats de cette expérience dans un très bel album intitulé Mets fictifs, un régal pour l'œil et une invite à revisiter des écrits célèbres.Elle a ainsi réalisé un délectable assortiment d'interprétations, photos à l'appui, de passages culinaires glanés dans des œuvres littéraires classiques et...
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