Nous ne méritons pas ce pays. À se demander des fois pour quelles raisons nous avons été autant privilégiés par rapport aux autres peuples de la
région.
Et, jour après jour, nous confirmons notre ingratitude en laissant détruire cette « oasis » que Dieu nous a réservée.
«... Ici, l'âme de l'homme est à l'image du paysage. Entre une mer sans marée, sans ressacs, sans démence, et la chaîne de nos Alpes jamais homicides, l'âme de l'homme, pourvu qu'on la laisse en paix, pourvu qu'on lui laisse la paix, se trouve à chaque instant exhaussé par l'altitude, nourrie de rêves et d'horizons, baptisée d'azur vierge et nimbée de claires étoiles. Elle est ici cette âme humaine, exactement à l'image du site qui la suscite et l'amplifie, qui la sollicite et la magnifie ; elle est une synthèse simple et complexe d'un
univers privilégié !...»
Quoi de plus magnifique que les vers de Charles Corm pour dessiner cette géographie bénie des dieux ? Elle a attiré des hommes lointains non seulement par ses montagnes inexpugnables, mais surtout par la séduction qu'elle exerça sur des âmes en quête de paix et de magnificence.
Qu'avons-nous fait de cette paix et de cette magnificence?
Nous voilà en train de nous étriper pour la présidence de la République alors que l'ennemi est non seulement à nos portes mais également dans nos villes et villages. Franchement, nous avons perdu la tête !
Comment pouvons-nous continuer à nous chamailler en des querelles byzantines alors que Daëch est déjà dans nos murs? Qu'est-ce qu'on s'en fout de vos révisions constitutionnelles ou de vos lois électorales ! Est-ce vraiment le moment de nous distraire par des manœuvres de « fromagistes». Réveillez-vous, Bon Dieu! Nous sommes à deux doigts du naufrage. La menace est terrifiante. C'est une bataille d'existence qui se profile à l'horizon.
« To be or not to be, voilà la question. » Et non pas qui va élire le président de la République...
Nous pouvons encore agir. Il n'est pas trop tard. Pas
encore.
Général Aoun, vous êtes au seuil d'une vieillesse bien méritée. Vous avez lutté toute votre vie pour défendre le Liban. Allez-vous laisser l'ambition et la haine vous détourner du sauvetage de votre pays? Et vous sayyed Hassan, vous avez dédié votre vie à vos gens et à votre foi. Allez-vous laisser les portes du Liban grandes ouvertes à Daëch après les avoir cadenassées face aux Israéliens ?
Vous êtes les seuls capables de «fermer les portes» du pays.
Faites élire un président pour le Liban. Acceptez les règles du jeu de la démocratie. Initier l'union sacrée autour de l'armée pour récupérer nos otages et boucler nos frontières. Ramenez nos jeunes qui se battent en territoire syrien. Nous en avons grandement besoin à l'intérieur.
Certains diront que ce ne sont que des vœux pieux et que la politique ne se fait pas avec des sentiments.
Seulement cette fois-ci il ne s'agit pas de politique.
Il s'agit de rester ou non sur cette généreuse terre du Liban. Et de prouver, à nous-mêmes d'abord et à tous les envieux ensuite, que nous méritons réellement ce pays béni des dieux.
Nos Lecteurs ont la Parole - Raymond NAMMOUR
Être ou ne pas être
OLJ / le 28 août 2014 à 00h45