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Moyen Orient et Monde - Afghanistan

À Kunduz, au milieu des combats, les blessés tentent d’affluer au centre de trauma

Pour Médecins sans frontières, le problème le plus sérieux est l'accès des populations aux soins.

Le personnel du centre de traumatologie de Médecins sans frontières, expatriés ou nationaux, ne fait pas la différence entre civils, forces de sécurité ou talibans. Farshad Usyan/AFP

Les rotors des hélicoptères d'attaque et les tirs d'artillerie retentissent dans la plaine de Kunduz. Aux portes de la ville, les forces afghanes tentent de repousser les assauts des talibans et le centre de trauma ne désemplit pas.
Littéralement piégés au cœur de cette guerre oubliée loin de Kaboul, les habitants de la province subissent de plein fouet les affrontements. Ces dernières semaines les talibans se sont rapprochés de la capitale provinciale Kunduz, bataillant contre l'armée, la police et les milices locales tribales ou « Arbaki ». Au moment où les troupes de l'Otan s'apprêtent à quitter le pays d'ici à la fin de l'année, l'intensification de la pression autour du verrou stratégique de Kunduz a pris une tournure dramatique.
Depuis le début de l'été, les hostilités ont fait des dizaines de morts. Et des centaines de blessés ont été admis au centre de traumatologie de Médecins sans frontières (MSF), seul capable dans la région de traiter les cas les plus graves.
Dans la salle des soins intensifs, Somit, un petit garçon de cinq ans à demi conscient, la tête enserrée d'un bandage, est suivi attentivement par les médecins. « Une grenade a atterri dans notre maison et quatre enfants ont été blessés », raconte Mirwais, son oncle installé à son chevet. Les trois aînés ont été légèrement atteints, mais Somit a reçu des fragments dans le crâne. La famille est venue à pied avec les enfants blessés depuis le district voisin de Chahar Dara, l'une des places fortes des talibans. Après avoir traversé une rivière sur une barge, ils ont dû crier au poste de police pour se signaler et dire qu'ils amenaient des blessés à l'hôpital.

Se faire soigner aux côtés de son ennemi...
Dans les environs immédiats de la ville, les combattants islamistes contrôlent presque entièrement des districts à majorité pachtoune, peuple installé dans le sud de l'Afghanistan mais aussi dans certaines provinces du Nord, plus hostiles aux insurgés. « Kunduz est une province stratégique et elle a toujours été au centre des opérations des talibans dans le Nord », explique à l'AFP Ghulam Sakhi Baghlani, le gouverneur de la province. La province, souvent comparée à un « petit Afghanistan », compte les principales minorités du pays : Pachtounes (34 %), Ouzbeks (27 %), Tadjiks (20 %), Turkmènes (9,4 %). Et cette mosaïque a souvent connu des tensions interethniques pour le contrôle du point de passage stratégique que constitue cette province traversée par la principale route commerciale vers le Tadjikistan au Nord.
Au milieu de ce conflit, l'accès des populations aux soins est un sérieux problème. « Parfois les gens ne peuvent pas venir... ou ont peur de venir, de se faire arrêter ou, pire, de se faire tuer », assure Élias Abi Aad, coordinateur du projet MSF. « On aimerait trouver un moyen pour faciliter l'accès car c'est notre mandat de limiter la mortalité dans la région », ajoute-t-il en évoquant un projet de « poste avancé » dans les zones de combat qui serait chargé de stabiliser les blessés avant de les envoyer à l'hôpital. Pour cela, MSF maintient le contact avec les différentes factions locales, y compris les talibans. « Nous parlons à tout le monde », assure M. Abi Aad. Et le personnel de l'hôpital, expatriés ou nationaux, ne fait pas la différence entre civils, forces de sécurité ou talibans, comme Hafizullah, membre d'un « groupe armé d'opposition » qui se fait soigner aux côtés de son « ennemi » Noorullah, de la police afghane.

Les rotors des hélicoptères d'attaque et les tirs d'artillerie retentissent dans la plaine de Kunduz. Aux portes de la ville, les forces afghanes tentent de repousser les assauts des talibans et le centre de trauma ne désemplit pas.Littéralement piégés au cœur de cette guerre oubliée loin de Kaboul, les habitants de la province subissent de plein fouet les affrontements. Ces...

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