Démonstration de force sur fond d’échec de pourparlers entre pouvoir et rébellion

Les négociations engagées par les autorités avec la rébellion chiite pour désamorcer la crise au Yémen ont échoué, ravivant les craintes d'une escalade à Sanaa.
Une délégation de haut niveau, dépêchée jeudi auprès du chef de la rébellion d'Ansaruallah, Abdel Malek al-Houthi, dans son fief de Saada, en vue de l'entrée de ce groupe dans un gouvernement de technocrates, a annoncé hier l'échec de sa mission après trois jours de tractations infructueuses. Les rebelles d'Ansaruallah ont « rejeté toutes les propositions que nous leur avons présentées (...), il semble qu'ils aient des intentions guerrières », a déclaré Abdel Malek al-Mikhlafi, porte-parole des émissaires du président yéménite Abd Rabbo Mansour Hadi.
Le porte-parole d'Ansaruallah, Mohammad Abdessalam, interrogé par l'AFP, a imputé l'échec à la délégation de négociateurs qui « n'a pas de prérogatives » pour répondre aux revendications de son groupe. « Nous avons notre propre approche d'un règlement que la délégation n'a pas voulu attendre pour en discuter », a-t-il ajouté, réclamant, outre l'annulation de la hausse des prix et l'éviction du gouvernement, « un partenariat dans toutes les structures de l'État ». « Nous avons transmis nos propositions au chef de l'État et attendons une réponse », a encore dit le porte-parole.

« Sanaa sera ton tombeau »
Ce blocage politique s'est accompagné d'une mobilisation des deux parties qui ont battu le rappel de leurs troupes par haut-parleur pour des démonstrations de force dans la capitale. Des milliers de personnes ont rallié les partisans des rebelles, rassemblés dans le nord de Sanaa, non loin de certains ministères, dont celui de l'Intérieur, alors que leurs adversaires se sont rassemblés par dizaines de milliers dans le centre de la capitale en soutien au régime. Aux insurgés qui hurlaient « Le peuple veut la chute du gouvernement », les partisans du régime, qui paradaient cinq kilomètres plus loin, scandaient des slogans promettant la fin de la rébellion. « Ô Houthi, Sanaa sera ton tombeau » et « Houthi est l'ennemi de Dieu », répétait la foule.