« Pour l'armée, Atef Saadeddine est un simple déserteur. » C'est par ces termes qu'une source sécuritaire a qualifié hier l'annonce de défection de l'armée libanaise par le jeune caporal qui a sitôt proclamé son affectation à al-Nosra. Dans une vidéo qui a fait le tour des médias sociaux – une technique de propagande de plus en plus usitée au sein des groupuscules islamistes –, le jeune soldat accuse l'institution militaire d'avoir un parti pris en faveur du Hezbollah « dont elle reçoit des ordres ».
« Une des raisons qui expliquent ma décision de déserter est l'arrestation et la détention des fils de la communauté sunnite qui subissent des vexations régulières, y compris les dignitaires d'entre eux, ce qui n'est pas le cas dans les régions qui relèvent du parti chiite », a-t-il dit sur la vidéo, où il s'exprimait sous un drapeau d'al-Nosra.
Le déserteur faisait partie de la 8e brigade. Il était affecté au barrage de Aïn el-Chaab entre Ersal et Laboué.
La source sécuritaire a par ailleurs démenti les rumeurs qui se sont répandues après l'annonce de la défection de Saadeddine, selon lesquelles il y aurait un mouvement plus global dans ce sens, estimant qu'il s'agit d'une « guerre psychologique que certains tentent de livrer contre l'armée nationale ».
Interrogée par L'Orient-Le Jour, une source proche de l'institution militaire a minimisé l'affaire, soulignant qu'« après tout, c'est un seul cas sur des effectifs de 60 000 soldats ». « Aux pires moments qu'a connus le pays, l'armée n'a pas été ébranlée. Les appels à la désertion lancés il y a quelques années, au lendemain de la mort du cheikh sunnite Abdel Wahad au Akkar, n'ont jamais été entendus. Ce n'est pas aujourd'hui, avec la désertion d'un soldat à problème, qu'ils le seront », précise la source.
(Pour mémoire : Le Hezbollah subit des pertes importantes dans le Qalamoun, selon un officier de l'ASL)
Celle-ci affirme que Atef Saadeddine souffrait de sérieux problèmes comportementaux qui ont poussé ses supérieurs à déférer son dossier devant le tribunal militaire. Il faisait d'ailleurs l'objet de sanctions disciplinaires depuis un certain temps. Atef Saadeddine avait notamment exprimé en public sa joie au lendemain de l'explosion qui avait visé un lieu chiite dans la banlieue sud, faisant des dizaines de victimes.
« Il faisait preuve d'un fanatisme outrageant et inadmissible pour l'institution militaire qui prohibe toute forme de discrimination à l'égard des Libanais », conclut la source.
commentaires (3)
J’espère pour l’armée et surtout pour le Liban que ce n'est qu'un cas isolé sinon, nous allons la ou personne n'aurait voir les choses arrivées. Même un cas c'est grave et il faut y faire attention. L’armée du Liban Arabe a aussi débuté par la défection d'une infime partie de ses effectifs mais elle a été suffisamment nocive pour permettre au pays de couler a la vitesse vv'. Il semble que ce que le Hezbollah cherchait va se réaliser: Trouver une raison pour foutre en l'air l’état et se permettre toutes les folies.
Pierre Hadjigeorgiou
09 h 38, le 24 juillet 2014