Alors que tous les regards étaient tournés vers l'insurrection irakienne, qui avait détrônée de son piédestal sa sœur syrienne, le conflit israélo-arabe a rappelé au monde entier qu'il demeurait bien l'épicentre des foyers de crises dans la région. Comment expliquer l'escalade soudaine et démesurée du conflit entre Israël et le Hamas ? Met-il en scène de nouveaux enjeux entre les deux protagonistes ? L'Iran est-il en train de jouer un rôle dans cet embrasement ? Jean-Paul Chagnollaud, professeur de sciences politiques à l'Université de Cergy-Pontoise, spécialiste de la question palestinienne et directeur de l'iReMMo a répondu aux questions de L'Orient-Le Jour.
Selon lui, le conflit est le résultat d'une surenchère des deux côtés, alimentée par les franges les plus extrêmes et par l'opinion populaire, qui dénote avec une absence d'intention réciproque au départ. « C'est parce qu'ils ont abusé de la politique de la surenchère que la désescalade apparaît désormais tellement compliquée », explique M. Chagnollaud. D'après lui, le seul gain que peut obtenir Israël, c'est de rendre caduc le rapprochement entre le Hamas et l'OLP, qu'il n'avait d'ailleurs jamais véritablement digéré. Toutefois, les objectifs annoncés par l'État hébreu apparaissent irréalisables selon lui. « L'idée même d'en finir avec le Hamas est une stupidité stratégique », explique-t-il, ajoutant qu'« à chaque fois qu'il ya a eu cette volonté, on aboutit à l'inverse, c'est-à-dire qu'on renforce l'adversaire », citant les exemples du Hezbollah en 2006 et de l'OLP en 1982.
À vrai dire, ce dernier considère que cet affrontement ne contient, sur le fond, aucune différence majeure avec ses prédécesseurs. Il est simplement une « nouvelle fuite en avant, un spectacle de violence aboutissant à des centaines de morts palestiniens, mais qui ne fait avancer en rien le véritable problème », explique-t-il. « Tant qu'Israël continuera d'être une puissance occupante, en vertu du droit international, il existera de manière épisodique des démonstrations de haine semblables à celles d'aujourd'hui. » Enfin, concernant un possible rapprochement entre l'Iran et le Hamas, M. Chagnollaud reste très sceptique. En effet, d'après lui, « l'Iran a un calendrier particulier » puisqu'il est rentré dans la phase décisive d'un dossier nucléaire extrêmement complexe. De ce fait, il écarte la théorie d'une stratégie de manipulation ou de provocation de sa part.
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commentaires (3)
JE RÉPÈTE CE QUE J'AVAIS DIT HIER : LE BIBICO SE CROIT JAMES BOND !
LA LIBRE EXPRESSION
22 h 09, le 16 juillet 2014