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Moyen Orient et Monde - Interview

« La résistance à l’intérieur de l’Église n’a pas dit son dernier mot »

L'amendement du célibat des prêtres en question au Vatican : le père Fadi Daou répond aux questions de « L'Orient-Le Jour ».

« Le célibat des prêtres n’est pas un dogme », a rappelé le pape François fin juin devant des journalistes. Tony Gentile/Reuters

Sur la question du célibat des prêtres, le Vatican reste inflexible. Le pape François, lui, semble davantage disposé à discuter de cette question qui soulève la polémique, semant ainsi le trouble dans les rangs catholiques. Par deux fois en moins de trois mois, le pape argentin a ouvert le débat en suggérant que le célibat des prêtres pourrait être amendé. Mais serait-ce seulement possible ?


« Avant toute chose, il faut préciser que cette question du célibat des prêtres est disciplinaire et non dogmatique. Il est donc plus facile de lui apporter des changements, et le pape peut, là, avoir une plus grande marge de manœuvre », a déclaré père Fadi Daou, responsable des dialogues œcuméniques et interreligieux à Bkerké. « Ensuite, il serait bon de remettre cette problématique dans son contexte culturel. En Orient, les églises ordonnent des hommes mariés. Mais c'est en Occident que la question fait débat. D'une part, il y a des arguments en faveur d'un tel changement comme le manque de vocation et une recherche de la stabilité. D'autre part, la fragilité de la famille en Occident avec ses divorces et ses familles recomposées laisse à désirer quand il s'agit de passer le cap de l'ordination des prêtres mariés. »


« Plus de 100 000 prêtres catholiques, partout dans le monde et quelles que soient les cultures – soit un quart des effectifs – se sont mariés et ont été forcés de quitter leur ministère », affirme de son côté la Fédération européenne des prêtres catholiques mariés, qui milite pour l'abandon du célibat obligatoire.
Mais d'après le père Daou, les changements ne vont cependant pas intervenir facilement. « La résistance à l'intérieur de l'appareil de l'Église n'a pas dit son dernier mot. Le prochain synode des évêques prévu en octobre à Rome sera d'ailleurs consacré aux défis pastoraux de la famille dans le contexte de l'évangélisation. » De manière générale, ce synode portera sur les évolutions du modèle familial, mais surtout sur le regard de l'Église sur des questions diverses telles que le mariage, la contraception, l'homosexualité, la sexualité hors mariage, ou encore le droit à la communion pour les divorcés remariés. « S'il doit y avoir un changement, c'est à ce niveau qu'il apparaîtra », ajoute le prêtre, confiant.

 

(Pour mémoire: Rose Hudson-Wilkin, la prêtre qui pourrait ne pas devenir évêque)


Face à l'appel désespéré des femmes ayant épousé des prêtres, demandant à être reçues par le pape pour témoigner de la « souffrance » de leurs vies cachées, François a promis de trouver des solutions à la question du célibat obligatoire des prêtres. Il s'érige ainsi encore une fois en défenseur d'une église plus ouverte et plus flexible. En un peu plus d'une année quel rôle cet homme révolutionnaire a-t-il joué dans les évolutions au sein du Vatican ? D'après le père Daou, « le pape François est porteur de ce qu'on appelle une soft revolution. C'est une vraie révolution, mais qui se fait tout en douceur. Il ne veut pas briser les bases de l'Église, il veut les réformer. D'ailleurs il y a des changements en cours. Le pape a mis en place un conseil de huit cardinaux pour qu'ils l'aident dans le gouvernement de l'Église. En brisant la hiérarchie ecclésiastique pyramidale, il a lancé cette soft revolution. De plus, la réforme radicale de la Banque du Vatican ainsi que la tolérance zéro vis-à-vis de la pédophilie au sein de l'Église montrent son attachement à la transparence totale. Il répond ainsi à un désir profond chez la majorité des chrétiens d'appartenir à une église plus ouverte, plus simple et plus transparente ».

 

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