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Liban - L’éclairage

La redynamisation des institutions, un antidote aux défis sécuritaires

La léthargie des institutions vient d'être couronnée par la récente paralysie du Conseil des ministres, suscitée par la controverse entre le ministre de l'Éducation et celui du Travail. Le conflit a été déclenché sur fond du refus exprimé par Élias Bou Saab des nominations aux ministères du Travail et de l'Agriculture notamment, en réaction aux objections émises sur la désignation des doyens de l'université et le dossier de titularisation de 1 200 professeurs contractuels.


Le bras de fer qui semble se poursuivre entre Élias Bou Saab et Sejaan Azzi a achevé de bloquer l'activité du gouvernement, le Premier ministre, Tammam Salam, ayant refusé de convoquer l'exécutif à une réunion tant qu'une entente préalable entre les ministres n'a pas été conclue. M. Salam n'a même pas cherché d'ailleurs à cacher son dégoût face à la situation au point qu'il envisagerait de prendre une mesure radicale si le blocage gouvernemental devait persister, rapportent des milieux proches du chef du gouvernement.
Devenu célèbre pour ses qualités de médiateur, le président de la Chambre déploie pour sa part des efforts louables pour débloquer le gouvernement, une institution d'autant plus vitale aujourd'hui pour le pays et la vie publique que la présidence de la République est vacante.


Selon un ancien ministre de la Justice, « l'accord-hérésie » convenu au sein de l'exécutif pour pallier l'absence d'un chef de l'État, dont les prérogatives ont été, en quelque sorte, momentanément léguées au gouvernement, est anticonstitutionnel, puisqu'il consiste à exiger le contreseing de l'ensemble des ministres sur les décrets. De surcroît, cet accord ne fait que compliquer encore plus les choses, dans la mesure où il accorde à chaque ministre un droit de veto qui paralyse le travail du Conseil des ministres. Preuve en est, ce qui s'est produit à la dernière réunion du gouvernement.
Selon l'ancien responsable, le Premier ministre et les membres du gouvernement auraient dû se conformer plutôt à la Constitution et se contenter du contreseing du chef du gouvernement et des ministres concernés et non imposer le consentement de l'ensemble des membres de l'exécutif.


Une source diplomatique a évoqué une initiative qui se concocterait à Paris visant à sauver l'échéance présidentielle, alors que les menaces se multiplient, s'annonçant de plus en plus dangereuses pour le pays. Car, estime la source, la vacance au poste de la première magistrature s'est répercutée non seulement sur les institutions – Conseil des ministres et Parlement – mais aussi sur les services de sécurité et l'institution militaire. Les services de l'ordre ont besoin d'une couverture légale et officielle, rappelle un responsable sécuritaire qui souligne qu'une telle couverture était auparavant assurée par le chef de l'État lorsqu'il était en fonctions. Michel Sleiman avait pris le pli de multiplier les réunions placées sous la houlette du Conseil supérieur de la défense pour régler les dossiers sécuritaires et suivre de près l'action des services de l'ordre sur le terrain. Le vide institutionnel à la présidence a suscité une frustration auprès des services de sécurité, qui se sentent aujourd'hui abandonnés à leur sort et font face, seuls, aux défis que posent les menaces du terrorisme. Un sentiment d'autant plus grandissant que les informations relatives à ce dossier ne sont guère rassurantes.


À Tripoli d'abord, où la rue gronde au rythme des menaces d'escalade proférées par les familles des détenus, principalement des combattants et des chefs de front arrêtés dans le cadre du plan sécuritaire. Ailleurs dans le pays ensuite où l'on continue de craindre l'infiltration au Liban d'éléments subversifs et de voitures piégées à la demande. Autant de risques qui s'inscrivent dans le cadre d'un complot visant des personnalités politiques ou autres dans une prochaine étape. À cela vient s'ajouter l'inquiétude que suscite le rapprochement des combats qui ont lieu entre Daech et le Hezbollah à proximité de la frontière, des affrontements que justifieraient les tentatives d'infiltration d'éléments relevant de l'État islamique d'Irak et du Levant au Liban pour des opérations jihadistes.


Ce sont de tels défis qui motivent plusieurs parties externes à se prononcer en faveur de la consolidation de la scène locale pour préserver la stabilité sur les plans sécuritaire, politique et économique par le biais de la redynamisation des institutions entre autres. Une nécessité incontournable surtout que la chance de voir les élections législatives se dérouler prochainement s'amenuise à la lumière de la poursuite du conflit politique, de la précarité de la situation sécuritaire et de la vacance au niveau présidentiel.
Par conséquent, le renouvellement du mandat du Parlement, probablement pour quatre autres années consécutives, est devenu inéluctable.

La léthargie des institutions vient d'être couronnée par la récente paralysie du Conseil des ministres, suscitée par la controverse entre le ministre de l'Éducation et celui du Travail. Le conflit a été déclenché sur fond du refus exprimé par Élias Bou Saab des nominations aux ministères du Travail et de l'Agriculture notamment, en réaction aux objections émises sur la désignation...

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