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Moyen Orient et Monde - proche-orient

Israël face aux démons de l’extrémisme

Depuis le meurtre de Mohammad Abou Khdeir, plusieurs rassemblements ont été organisés par des organisations antiracistes à Jérusalem, Tel-Aviv et Haïfa. Ahmad Gharabli/AFP

Avec l'arrestation de six jeunes extrémistes juifs impliqués dans le meurtre d'un jeune Palestinien brûlé vif, Israël prend conscience du danger croissant d'une idéologie violemment antiarabe diffusée par des groupuscules plus ou moins structurés.

« Le meurtre diabolique de Mohammad Abou Khdeir est le cauchemar du Shin Beth (le service de sécurité intérieure), un scénario dans lequel le conflit israélo-palestinien se transforme en lutte interethnique entre deux communautés, guidée par la loi biblique du talion », expliquait hier l'éditorialiste du quotidien Maariv. Le Shin Beth, en charge de l'enquête sur la mort du jeune Palestinien, dont le corps a été retrouvé brûlé à Jérusalem quelques heures après son enlèvement, a arrêté six suspects « soupçonnés d'appartenir à un groupe extrémiste juif », dont trois sont passés aux aveux, selon une source proche du dossier.

Deux groupuscules sont pointés du doigt par les médias israéliens : « La Familia », un groupe de supporteurs d'extrême droite du club de football Betar Jérusalem, connus pour leurs dérapages racistes, et l'organisation « Lehava », qui bataille contre les mariages mixtes, en particulier avec des Arabes. Sur les réseaux sociaux, ces organisations et ces militants sont bien visibles (13 000 « like » sur la page de « La Familia » ). Ce n'est pas le cas en revanche des activistes des colonies ou des juifs ultraorthodoxes, appartenant, eux, à des mouvances beaucoup plus souterraines, notamment le mouvement des « Jeunes des collines », des jeunes colons radicaux qui font régulièrement parler d'eux depuis l'évacuation unilatérale d'Israël de la bande de Gaza en 2005. Certains se sont spécialisés dans les agressions antiarabes, généralement signées du slogan « Tag Mehir » (« Le prix à payer » en hébreu) tagué sur les lieux des attaques.

 

(Lire aussi : En Israël, les cyber-activistes de la haine en ligne de mire)


L'ensemble de cette mouvance radicale revendique une filiation idéologique avec le mouvement raciste antiarabe « Kach », fondé par le rabbin Meir Kahana en 1971 et mis hors la loi en 1994 après qu'un de ses partisans, Baruch Goldstein, eut abattu 29 fidèles musulmans au Tombeau des patriarches (Mosquée d'Ibrahim), un lieu saint musulman et juif à Hébron. Plusieurs ministres et ex-chefs du renseignement demandent en vain depuis des mois que les auteurs de ces actes soient considérés comme des « terroristes » et non comme de simples militants « d'organisations illégales ».

« Maladie sournoise »
Au lendemain de la découverte des corps de trois jeunes Israéliens enlevés en Cisjordanie occupée, le gouvernement de Benjamin Netanyahu a été parfois accusé d'avoir jeté de l'huile sur le feu à force de déclarations menaçantes, nourrissant le terreau de l'extrémisme. « Même Satan n'a pas encore conçu la vengeance pour ceux qui répandent le sang d'enfant », avait déclaré M. Netanyahu, citant le poète israélien Nahman Bialik. Quelques minutes après ces déclarations, 200 extrémistes juifs, s'étant donné le mot d'ordre sur Facebook, ont pris part à un défilé à Jérusalem qui a dégénéré en « chasse aux Arabes », selon des témoins. Le lendemain matin, le 2 juillet, le corps carbonisé du jeune Palestinien était retrouvé dans un bois de l'ouest de Jérusalem.

 

(Lire aussi: Gaza au bord de l'embrasement)

Le président Shimon Peres et Benjamin Netanyahu ont téléphoné hier au père de Mohammad Abou Khdeir, le premier pour exprimer sa « honte » et le second son « indignation » face à ce meurtre « abominable ». De nombreux internautes israéliens ont aussi exprimé leur stupeur et leur dégoût.

« Il est arrivé quelque chose à notre société, sans que nous nous en rendions compte, une maladie sournoise s'est propagée », se lamente la commentatrice Sima Kidmon dans le quotidien Yediot Aharonot.

Depuis le meurtre de Mohammad Abou Khdeir, plusieurs rassemblements ont été organisés par des organisations antiracistes à Jérusalem, Tel-Aviv et Haïfa, tandis qu'en Cisjordanie, un rabbin influent, Eliakim Levanon, a appelé à condamner à mort les auteurs juifs du crime.
Un appel qui a néanmoins laissé indifférents certains colons extrémistes qui avaient exprimé leur joie après le meurtre du jeune Palestinien, comme l'avaient fait certains Palestiniens au moment du kidnapping des trois étudiants israéliens...

 

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commentaires (2)

Je ne vois pas trop la différence entre le gouvernement israélien et les démons de l'extrémisme.

Robert Malek

12 h 42, le 08 juillet 2014

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Commentaires (2)

  • Je ne vois pas trop la différence entre le gouvernement israélien et les démons de l'extrémisme.

    Robert Malek

    12 h 42, le 08 juillet 2014

  • PLUTÔT LE FANATISME D'ETAT EXTRÉMISTE.. FACE À SES ULTRAS !

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 01, le 08 juillet 2014

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