Au Proche-Orient, la spirale dangereuse des représailles

Un adolescent palestinien a été enlevé et tué hier, apparemment en représailles au meurtre de trois jeunes Israéliens. Le Palestinien, Mohammad Abou Khdeir, âgé de 16 ans, a été enlevé dans le quartier de Chouafat, à Jérusalem-Est. Quelques heures plus tard, son corps « portant des marques de violences » a été découvert près d'une forêt dans la partie ouest de la ville. Il pourrait s'agir d'un acte de vengeance après le meurtre des trois jeunes Israéliens, enlevés le 12 juin alors qu'ils faisaient du stop en Cisjordanie et retrouvés morts lundi, estiment plusieurs médias, mettant en garde contre un cycle d'actes de vengeance en Israël et dans les territoires palestiniens.

(Pour mémoire : Netanyahu promet de "faire payer le Hamas" après la mort des trois jeunes Israéliens)

Le président palestinien Mahmoud Abbas a mis en demeure le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu « de punir les assassins s'il veut la paix entre les peuples palestinien et israélien », l'exhortant également à « prendre des mesures concrètes pour arrêter les attaques de colons et le chaos qui résulte de ces agressions ».

Peu après, M. Netanyahu a condamné « ce crime abominable » et a réclamé que les enquêteurs fassent diligence pour retrouver ses auteurs, tout en appelant à « ne pas se faire justice soi-même ». Il a de nouveau convoqué son cabinet de sécurité hier soir pour discuter de mesures de rétorsion antipalestiniennes, mais, selon les commentateurs, le meurtre du jeune Palestinien devrait réduire fortement sa marge de manœuvre.

Le Hamas, mis en cause par Israël dans la mort des trois jeunes, a pour sa part promis que les dirigeants israéliens paieraient pour les crimes « des hordes de colons », les accusant d'en « porter la responsabilité directe ».

« Le sang n'a qu'une couleur »
À Washington, la conseillère à la Sécurité nationale du président Barack Obama, Susan Rice, a qualifié d' « odieux » le meurtre de Mohammad Abou Khdeir, et a appelé Israéliens et Palestiniens à ne pas entrer dans un cycle dangereux de représailles. Le coordinateur spécial de l'ONU pour le processus de paix au
Proche-Orient, Robert Serry, a estimé que « les auteurs de tels actes de haine » devaient être traduits en justice, appelant à « tout faire pour ne pas exacerber une atmosphère déjà tendue ».

(Pour mémoire : Abbas accuse les ravisseurs des colons de vouloir « détruire » les Palestiniens)

La famille d'un des trois jeunes Israéliens, inhumés mardi lors d'une cérémonie nationale en présence de dizaines de milliers de personnes, s'est elle aussi élevée contre le meurtre. « Le sang n'a qu'une couleur. Un meurtre est un meurtre, quels que soit la nationalité ou l'âge, et ne peut en aucun cas être justifié », a-t-elle affirmé dans un communiqué.

La police, qui s'est pour sa part refusée à établir un lien entre les deux affaires, a annoncé avoir relevé son niveau d'alerte « en raison du contexte sécuritaire ». L'adolescent palestinien a « été vu emmené de force dans une voiture », selon elle. « C'est une voiture noire qui avait déjà été signalée parce son conducteur avait tenté d'enlever un enfant palestinien de 7 ans lundi soir », a affirmé un cousin de la victime.

Sur les réseaux sociaux
Dans ce contexte, de violents affrontements ont éclaté à Chouafat entre jeunes Palestiniens lançant des pierres et des cocktails Molotov, et policiers israéliens tirant des balles caoutchoutées. Selon le Croissant-Rouge, 65 Palestiniens ont été blessés, dont trois à balles réelles, et 18 ont été hospitalisés.

Par ailleurs, dans la soirée, quatre obus de mortier et une roquette – interceptée par la défense antimissile – ont été tirés de la bande de Gaza, portant à 12 le nombre de projectiles tirés mardi du territoire contrôlé par le Hamas vers le sud d'Israël, selon l'armée. L'aviation a répliqué en visant une rampe de lancement.

L'armée a, quant à elle, menacé de sévir « fermement » contre les soldats qui apparaissent sur les réseaux sociaux avec des slogans racistes appelant à venger le meurtre des trois jeunes Israéliens, a annoncé hier un porte-parole militaire.

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