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À La Une - Ukraine

Kiev relance son offensive contre les rebelles, Poutine accuse l'Occident

Un poste-frontière repris aux insurgés prorusses.

Des hommes armés et cagoulés, en uniforme de la police d’élite ukrainienne, bloquent la route dans la ville de Donetsk, dans l’est de l’Ukraine. ALEXANDER KHUDOTEPLY/AFP

Kiev a repris mardi son opération militaire contre les rebelles dans l'Est, s'attirant une réaction acerbe du président Vladimir Poutine qui voit dans l'affaire ukrainienne une volonté occidentale d'avancer vers la Russie.

Le chef de l'Etat ukrainien Petro Porochenko a affirmé mardi que les forces gouvernementales avaient reconquis un poste-frontière, celui de Dovjanskiï, occupé par les insurgés prorusses dans la région de Lougansk (est).

Selon un communiqué de la présidence, il s'agit de la "première victoire" dans "l'opération antiterroriste" dont M. Porochenko a annoncé la reprise dans la nuit de lundi à mardi - les forces ukrainiennes vont "passer à l'attaque", a-t-il proclamé -, refusant de prolonger le cessez-le-feu, en dépit d'intenses pressions russes et européennes.

Le contrôle de la frontière est l'un des objectifs de Kiev qui veut empêcher l'entrée dans les zones rebelles d'hommes et de matériels en provenance de Russie.

Une "offensive massive d'artillerie et d'aviation" a été déclenchée dans l'est de l'Ukraine, une région habitée par quelque sept millions de russophones, avait auparavant annoncé le porte-parole du ministère ukrainien de la Défense Oleksiï Dmytrachkivskiï.

Pour M. Poutine, c'est à Petro Porochenko qu'incombe "complètement" la responsabilité de la situation actuelle, "pas seulement d'un point de vue militaire, mais également politique".

Le président russe a en outre dit dorénavant compter avoir des relations "sur un pied d'égalité" entre son pays et les Occidentaux, après avoir défendu les intérêts géopolitiques de Moscou dans la crise ukrainienne. Si la Russie ne l'avait pas fait "l'Otan serait installée aujourd'hui à Sébastopol", port de Crimée où est basée historiquement la flotte russe, a-t-il répété.

Dans le même esprit, le ministère russe des Affaires étrangères a déclaré que les Occidentaux devaient "cesser d'utiliser l'Ukraine comme monnaie d'échange dans les jeux géopolitiques".

 

Tirs de mortier
Selon des témoignages cités par des sites internet locaux de Donetsk et repris par le journal ukrainien en ligne Pravda.com.ua, des combats se déroulaient mardi à 30 km au sud-ouest de Donetsk, aux environs du village de Mariinka. Un de ces témoins a raconté que des chars de l'armée ukrainienne participaient aux affrontements.

Ailleurs sur le terrain toutefois, la situation apparaissait relativement inchangée par rapport aux derniers jours de cessez-le-feu, marqués par de nombreux accrochages dont les deux parties s'étaient rejeté la responsabilité.

L'un des plus graves incidents signalés depuis l'expiration du cessez-le-feu s'est produit mardi matin à Kramatorsk, dans la région de Donetsk, où des tirs d'origine inconnue ont fait quatre morts et cinq blessés à bord d'un petit autobus, selon l'administration régionale, fidèle à Kiev, citée par l'agence de presse Interfax-Ukraine.

Dans une rue arborée de Kramatorsk, à quelque 80 km au nord de Donetsk, des journalistes de l'AFP ont vu des habitants scruter des cratères creusés par des tirs de mortier qui, ont-ils dit, avaient fait cinq morts.

"Les gens allaient tout simplement au marché quand les tirs ont commencé", a expliqué Valentina Balabaï, pendant que son mari clouait des planches sur les fenêtres brisées de leur maison. "Il y avait deux cadavres ici, deux autres là et un cinquième de l'autre côté du chemin".

A Donetsk, une correspondante de l'AFP a constaté en fin de matinée des échanges de tirs fournis autour du siège régional de la police. Des habitants disent que la fusillade a été déclenchée par des groupes de rebelles bien armés qui cherchaient, peut-être, à libérer des camarades détenus par la police. Selon le ministère ukrainien de l'Intérieur, sept policiers ont été blessés.

 

(Lire aussi : L'Ukraine signe un accord historique avec l'UE)

 

Par ailleurs, en raison des opérations militaires, la circulation de bus et de cars a été interrompue dans une partie de la région que les rebelles ont rebaptisée "République populaire de Donetsk".

La non-reconduction du cessez-le-feu, annoncée solennellement par le président Porochenko dans un discours télévisé à la Nation, a signé l'échec des efforts de Moscou et des Européens représentés par Berlin et Paris, qui avaient cherché lundi, à l'occasion de pourparlers téléphoniques au sommet, à le faire prolonger.

M. Porochenko a ensuite appelé au téléphone la chancelière allemande Angela Merkel, le président français François Hollande et le secrétaire d'Etat américain John Kerry, pour les informer de sa décision.

Son ministre des Affaires étrangères Pavlo Klimkine, a passé une partie de la nuit à appeler les uns après les autres ses homologues européens pour leur expliquer la situation.

Dans son intervention télévisée, la nuit dernière, Petro Porochenko a rejeté la responsabilité de la situation sur les rebelles, auxquels il a reproché d'avoir refusé son plan de paix. Il n'a pas mentionné la Russie, considérée par Kiev et l'Occident comme étant en grande partie responsable de l'agitation séparatiste, ainsi que de celle qui lui avait permis de s'emparer de la péninsule ukrainienne de Crimée en mars.

L'Ukraine n'abandonne pas pour autant le plan de paix et pourrait revenir à un cessez-le-feu si les autres parties acceptaient d'en mettre en oeuvre les points essentiels, a précisé M. Porochenko.

 

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