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À La Une - Procès

En Egypte, "un jour noir pour la liberté de la presse"

Trois journalistes d'Al-Jazeera condamnés à sept à 10 ans de prison ; condamnations internationales.

Les journalistes d'Al-Jazeera, Peter Greste, Mohamed Fahmy et Baher Mohamed (de g. à d.), dans le box des accusés, écoutant le verdict du tribunal égyptien, le 23 juin 2014. REUTERS/Asmaa Waguih

Un tribunal égyptien a condamné lundi à sept à dix ans de prison trois journalistes d'Al-Jazeera accusés de soutien aux islamistes, dont l'Australien Peter Greste, un verdict qui a aussitôt suscité une levée de boucliers à l'étranger.


Depuis son ouverture en février, cette affaire est vue comme un test pour les autorités installées en Égypte depuis la destitution il y a près d'un an du président islamiste Mohamed Morsi par l'armée, et notamment pour le système judiciaire qui a condamné il y a quelques jours 183 islamistes présumés à la peine capitale.

 

Les soutiens des journalistes ont lancé une campagne de mobilisation à travers le monde sous le slogan "le journalisme n'est pas un crime". Et leurs proches espéraient un acquittement au lendemain de la visite au Caire du secrétaire d'État américain John Kerry dont le pays a annoncé lundi le dégel du tiers de sa précieuse aide militaire à l'Égypte.

M. Greste et l'Egypto-canadien Mohamed Fadel Fahmy, chef du bureau de la chaîne qatarie avant qu'elle ne soit interdite en Egypte, ont été condamnés à sept ans de prison, tandis que l'Egyptien Baher Mohamed a écopé de 10 ans. Parmi leurs co-accusés, trois journalistes étrangers jugés par contumace, deux Britanniques et une Néerlandaise, ont été condamnés à dix ans de prison. "C'est un verdict désastreux pour ces hommes et leurs familles et un jour noir pour la liberté de la presse en Egypte", a estimé Amnesty International.

 

(Pour mémoire : En Égypte, la "peine maximale" de prison requise contre des journalistes d'Al-Jazeera)

 

Al Jazeera dénonce, l'Australie consternée

Al-Jazeera a qualifié le verdict d'"injuste", tandis que l'Australie s'est dite "consternée". Les Pays-Bas ont convoqué l'ambassadeur d'Égypte, affirmant que la journaliste néerlandaise Rena Netjes n'avait pas eu droit "à un procès équitable" et annoncé qu'ils évoqueraient ce sujet avec l'Union européenne.

L'Égypte considère la chaîne satellitaire comme le porte-voix du Qatar, auquel elle reproche son soutien aux Frères musulmans alors que Doha dénonce ouvertement la répression contre les pro-Morsi. "Il n'y a aucune justification à la détention de nos trois collègues. Les avoir gardés en détention 177 jours est une honte. Les condamner défie la logique, le bon sens et toute apparence de justice", a réagi la chaîne du petit émirat gazier après l'annonce du verdict.

 

Au total, 20 personnes comparaissaient dans cette affaire: 16 Égyptiens étaient accusés d'appartenance à une "organisation terroriste" -les Frères musulmans- et d'avoir cherché à "nuire à l'image de l'Égypte" et quatre étrangers d'avoir diffusé "de fausses nouvelles" en vue de soutenir la confrérie. Sur les neuf qui étaient détenus, outre MM. Fadel Fahmy, Greste et Baher, deux ont été acquittés et quatre autres ont écopé de sept ans.

A l'annonce du verdict, M. Fadel Fahmy s'est écrié "Ils vont payer pour ça, ils vont payer pour ça! Je le jure!". "Nous sommes dévastés, c'est dur de trouver les mots pour décrire ce que nous ressentons. Ce n'est vraiment pas ce que nous attendions, nous espérions un acquittement", a dit à l'AFP Andrew Greste, dont le frère avait auparavant travaillé pour la BBC et reçu plusieurs prix prestigieux. "Nous continuerons à nous battre pour sa libération", a-t-il ajouté.

 

(Pour mémoire : L'Égypte engagée dans une guerre juridique sans précédent contre les islamistes)

 

Pas de grâce dans l'immédiat

Un responsable à la présidence égyptienne a indiqué à l'AFP qu'aucune grâce présidentielle ne pouvait intervenir avant qu'une cour d'appel n'ait statué sur l'affaire. Chaabane Saïd, avocat de la défense, a dénoncé un verdict "politique". "Il n'y a aucune preuve contre les accusés, tous les journalistes devraient désormais s'inquiéter: il n'y a pas de justice, c'est la politique qui fait loi", a-t-il lancé.

 

Ce verdict intervient sur fond de sanglante répression des pro-Morsi et deux semaines après l'élection à la présidence de l'ex-chef de l'armée Abdel Fattah al-Sissi avec 96,9% des suffrages. Ce maréchal à la retraite dirigeait déjà de facto le pays depuis qu'il a destitué et fait arrêter M. Morsi le 3 juillet 2013. Depuis, soldats et policiers ont tué plus de 1.400 manifestants pro-Morsi, arrêté plus de 15.000 personnes, dont des centaines ont été condamnées à mort ou à la prison à perpétuité dans des procès expéditifs.

Alors qu'ils couvraient ces événements, MM. Greste et Fahmy avaient été arrêtés le 29 décembre dans une chambre d'hôtel du Caire transformée en bureau après une descente de police dans les locaux d'Al-Jazeera. Les journalistes travaillaient sans l'accréditation obligatoire pour tous les médias.

En visite au Caire dimanche, le secrétaire d'État américain John Kerry avait appelé l'Égypte à préserver la liberté de la presse, estimant que la transition post-Morsi était à "un moment critique". Il y a près d'une semaine, un journaliste de l'antenne arabophone d'Al-Jazeera, Abdallah ElShamy, a en revanche été libéré pour raisons de santé, après près de cinq mois de grève de la faim pour dénoncer sa détention.

 

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commentaires (2)

L'effet daech , mercenaire au service des us sio , Al Sissi est allé parler au roi grabataire des binsaouds pour une intervention au niveau de ces obscurs malfaiteurs , le roi grabataire lui a dit , je ne suis pas logé à meilleure enseigne que toi , va parler à kerrydiot , parce que ce groupe est sous contrôle total des us sio , pour mettre au pas toute la région du Monde arabe , étant donné que des pays récalcitrants ces derniers temps ont eu l'outrecuidance de réfléchir un peu par eux mêmes . Ces pays sont , le Koweit , la Jordanie ,le qatar , la Turquie et la binsaoudie , eh oui!

FRIK-A-FRAK

17 h 19, le 23 juin 2014

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Commentaires (2)

  • L'effet daech , mercenaire au service des us sio , Al Sissi est allé parler au roi grabataire des binsaouds pour une intervention au niveau de ces obscurs malfaiteurs , le roi grabataire lui a dit , je ne suis pas logé à meilleure enseigne que toi , va parler à kerrydiot , parce que ce groupe est sous contrôle total des us sio , pour mettre au pas toute la région du Monde arabe , étant donné que des pays récalcitrants ces derniers temps ont eu l'outrecuidance de réfléchir un peu par eux mêmes . Ces pays sont , le Koweit , la Jordanie ,le qatar , la Turquie et la binsaoudie , eh oui!

    FRIK-A-FRAK

    17 h 19, le 23 juin 2014

  • Le journalisme n'est pas un crime pour les pays qui respectent les droits de l'Homme mais en Egypte ils sont trop loin de ces droits .

    Sabbagha Antoine

    17 h 05, le 23 juin 2014

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